Par un heureux hasard fait de cette soif inextinguible de vengeance professionnelle qu'on leur connait, de connivences journalistiques (8) et de subtilités politico-judiciaires. Le Lobby Juif chargé des expiations réussira à contourner des principes juridiques poreux ( autorité de la chose jugée, prescription de la peine, amnisties)(9) et ramènera entre les mains de la Justice grâce à cette trouvaille juridique imparable de « Crime contre l'Humanité » (10) le fameux quatuor( Papon-Touvier-Bousquet et Barbie ) qui seront tous rejugés et condamnés hormis Bousquet qui sera assassiné , et cela en dépit du statut social assez aisé de chacun et d'une sibylline mansuétude présidentielle dont ils avaient tous joui pendant des décennies sous les quatre présidents (De Gaule/Pompidou/V.G.E et Mitterrand). Des Présidents plus ou moins indifférents chacun à sa manière à l'égard de cette période et particulièrement distants, circonspects, prudents et moins enclins à une certaine lecture et empathie pathologique vis-à-vis d'un passé que tous voulaient exorciser et transcender par le biais d'une réconciliation qui paraissait davantage essentielle dans la poursuite des affaires de l'Etat. Des Présidents qui, enfin, ne se sentaient nullement astreints à une repentance pour des actes commis par un Etat illégitime : celui de Vichy. Communication, Transmission et Mass-médias Aucun fait historique , ne fut traité , géré , choyé , cerné , épuisé , renouvelé avec autant d'exhaustivité et dans une pérennité aussi affirmée ( Films, Documentaires , Livres , Lois , archives, commémorations régionales-nationales-internationales, programmes scolaires , séminaires , colloques , articles de presse , débats télévisés , interview, visites aux musées-Mémorial-Camps d'extermination…). La chaine Arte était devenue quasiment un relais dans cet arsenal de cette politique et stratégie de la Mémoire juive. Ce serait faire affront au génie Juif que de se hasarder à résumer en quelques lignes l'extraordinaire logistique qu'ils ont mis en place pour préserver leur mémoire et l'imposer à l'inconscient collectif européen et américain. L'Enseignement de la Shoah figure dans les programmes scolaires de plusieurs pays de l'Europe et des Etats-Unis lesquels sont essaimés par une foultitude de Musée et de Mémorial. Lentement et surement, à partir des années 80 surgit toujours en Europe et aux Etats-Unis un tourisme massif d'un autre genre : «Le Tourisme de Mémoire » Anne Grynberg précise que « Le musée semble ainsi dicter un impératif de connaissance , mais également une injonction à caractère morale ; le public n'est pas seulement convié à une visite , à un approfondissement de son savoir , mais à une leçon qui devra faire de lui un relais du discours normatif. » (11) Des mots très forts de sens « Impératif, injonction, relais » de véritables instruments quasi militaires. Même parmi les personnes qui tentent de tempérer leur discours, on ne peut pas nous empêcher d'y déceler inévitablement d'éventuelles velléités d'embrigadement. Pour Jean-Marcel Humbert – conservateur général du patrimoine à l'Inspection générale des Musées (Direction des Musées de France), le devoir de mémoire est : « Un contresens : la mémoire ne peut être un devoir, elle est ou elle n'est pas. En revanche, la présentation des faits et surtout leur explication et leur discussion sont de véritables devoirs.»(12) Drôle de discours empli aussi bien de bon sens que d'ambigüités. Ainsi, on estime que l'individu est libre de se souvenir ou pas, mais on s'estime avoir le droit de ranimer en permanence ses souvenirs ou lui en fabriquer de nouveaux au cas où il aurait raté le train de l'histoire. Véritable arme à double tranchant, cette philosophie serait nécessaire, légitime et recouvrira son sens le plus noble lorsqu'elle se mettra inconditionnellement et impartialement au service de l'humanité toute entière et non pas pour des intérêts particuliers. «Le Devoir de mémoire ne sera pas moralement justifié si le rappel du passé nourrit avant tout mon désir de vengeance ou de revanche, s'il me permet simplement d'acquérir de privilèges ou de justifier mon inaction dans le présent »(13) Une société qui vit au rythme d'une pellicule qui se déroule à l'infini Simultanément aux procès très médiatisés que l'on prépare pour rejuger d'anciens criminels : Barbie (1987 ), Bousquet (1993) , Touvier (1994) et Papon (1998) , toute une série de films commencent à réinvestir le champ de la mémoire et de l'histoire : Le chagrin et la pitié de Marcel Ophüls ( 1971) , Holocaust une télésuite américaine de quatre épisodes diffusée aux Etats-Unis en 1978 , puis en France en 1979 .(15) , Shoah (1985) de Claude Lanzmann. La Liste de Schindler de Steven Spielberg 1993. Comme un Juif en France, un documentaire en deux volets (2007), René Bousquet ou le Grand Arrangement, téléfilm réalisé par Laurent Heyneman en 2006 et coproduit par Arte. Il a été diffusé sur Arte le 16 Novembre 2007, puis a connu une rediffusion sur France 2 le 18 Septembre. Il aurait été trop fastidieux d'égrener l'interminable filmographie qui aborde la période de la deuxième guerre mondiale en général ainsi que de la Shoah en particulier, nous invitons donc les aimables lecteurs à consulter le site : http://fr.wikipedia.org/wiki/Films sur_la_Seconde_Guerre_mondiale. ( A suivre) Notes et références (1)Eichmann est kidnappé en Argentine par le Mossad le 11 Mai 1960, condamné et pendu en Israël en 1961. Des pressions énormes ont été faites sur l'Etat Bolivien pour entamer l'extradition de Klaus Barbie (2)Henry Rousso, Mémoires abusives, le Monde du 24 Décembre 2005 (3)Vichy, un passé qui ne passe pas, par Eric Conan et Henry Rousso. (4)Vichy, un passé qui ne passe pas, par Eric Conan et Henry Rousso. (5)L'Epuration : Un très long, douloureux, honteux et assez complexe processus qui consistait à identifier et juger toutes les personnes qui avaient collaboré de quelque manière que ce soit avec les autorités d'occupation nazies. (6)Robert Paxton : Historien américain spécialiste de la deuxième guerre mondiale et auteur du fameux livre La France de Vichy(1972), un livre à contre courant de celui de Robert Aron .Son ouvrage révolutionnaire balayait une pseudo vérité à laquelle les Français s'accrochaient désespérément. (7)Robert Aron : Ecrivain et académicien français auteur du Livre « La France de Vichy » (1954) à travers lequel il essaye de minimaliser la responsabilité française dans la collaboration avec les Nazis. (8)*Le journal L'Express publie en 1978 le compte rendu d'une interview accordé à Louis Darquier Pellepoix , un ancien antisémite notoire qui dénonça René Bousquet pour sa participation dans la rafle du Vel d'Hiv. *Le journaliste d'investigation Jacques Derogy après avoir mené une enquête acharnée sur Paul Touvier, publie un article dans le Journal l'Express qui va contribuer à l'arrestation de celui-ci.*Le Canard Enchainé dévoile en 1981 des documents compromettants qui vont magistralement amener Papon devant les tribunaux. (09) Papon, Bousquet, Touvier, avaient tous les trois déjà été traduits devant la justice, jugés ou amnistiés. (10) La loi du 26 janvier 1964, en plus d'ancrer la notion de crime contre l'humanité dans le droit français, pose dans l'ordre juridique l'imprescriptibilité de ces crimes. C'était une aubaine et un acquis inespéré pour les chasseurs de nazis et criminels de guerre. Grâce à d'autres efforts jurisprudentiels ultérieurs, les Juifs on réussi à parachever intégralement leur vengeance. (11)Du Mémorial au Musée, comment tenter de représenter la Shoah ?/Les belles lettres/Les cahiers de la Shoah 2003/-N°7 page 141/142. Anne Grynberg est spécialiste d'Histoire juive contemporaine et professeur des Universités à l'Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO …elle a participé à l'élaboration de l'United States Mémorial Muséum de Washington en 1993. (12)Jean-Marcel Humbert, « Introduction générale », extrait de la Lettre de la Fondation de la Résistance, Consacrée à la table ronde « Les musées de la Résistance et de la Déportation » organisée par la Fondation de la Résistance et l'Institut national du patrimoine les 15 et 16 mars 2005, n° 41, juin 2005, p. 4-7 et 12. (13)Tzvetan Todorov « Du bon et du mauvais usage de la mémoire » Le Monde Diplomatique, Avril 2001