L'historien Dominique Lormier a voulu rendre hommage aux Africains qui se sont battus pour libérer la France. 60 000 d'entre eux ont laissé leur vie en luttant contre les Nazis. Les autres, un moment Français, redeviendront, une fois la France libérée, des « bougnouls » et des « nègres ». Plaidoyer pertinent. A l'heure de la colonisation positive, du péril musulman, islamiste, Dominique Lormier a décidé de rendre hommage aux Nord-Africains et aux Noirs d'Afrique qui se sont battus pour la France durant la Deuxième Guerre mondiale. Une armée black-blanc-beur qui a redonné sa dignité à la France, après l'amère défaite de 1940. Les « bougnoules » était morts par dizaines de milliers pour la France à Bir Hakeim ou au mont Cassin, en Italie. « Le petit groupe armé qui faisait le coup de feu contre les Italiens en Erythrée au lendemain de l'Armistice honnie devint en 1942 une brigade aguerrie qui repoussa Rommel à Bir Hakeim, avant de se muer en une armée redoutable qui débarqua en Italie et en Provence en 1944. Le Sud de la France est libéré, le Rhin traversé et un quart du territoire du IIIe Reich occupé par cette troupe bigarrée composée de chrétiens, de juifs, de musulmans et d'agnostiques », note l'historien, membre de l'Institut Jean Moulin. Dominique Lormier réhabilite la résistance, les combattants africains et par-là même une certaine France. Son livre arrive à point pour réveiller les mémoires ensommeillées, battre en brèche l'amnésie collective et casser les discours haineux de ceux qui ont une mémoire sélective. Ceux qui avaient défendu le régime de Vichy se veulent aujourd'hui dépositaires de la Maison France. C'est nous les Africains est là pour leur rappeler que ceux qui se battaient contre les Nazis étaient bronzés. « Ces tirailleurs d'Afrique ont aimé la France, en espérant des jours meilleurs après la guerre : la reconnaissance de leurs droits en tant qu'êtres humains à part entière. La France ne sera pas toujours reconnaissante du sacrifice consenti, loin de là. Les soldats d'Afrique, un temps français par le sang versé, redeviennent des ‘'bougnouls'' et des ‘'nègres'', des individus de seconde zone, alors qu'au même moment des collaborateurs comme Bousquet et Papon, engagés dans la déportation des juifs, traversent sans encombre l'épuration et gravissent les échelons les plus insignes, devenant des notables respectés de la République... », s'indigne Dominique Lormier. Et c'est pour réparer cette injustice qu'il s'est attelé à rendre hommage aux 60 000 Africains morts pour la France.