Près d'un demi-siècle après l'indépendance algérienne, plusieurs députés algériens ont vainement tenté de faire adopter par leur parlement une Loi qui criminaliserait le colonialisme. Le Président de leur assemblée, pour des considérations « diplomatiques internationales et juridiques » renvoie aux calendes grecques leurs propositions. Un universitaire algérien préconise « d'insérer dans le code pénal algérien un article qui viserait à juger les auteurs des crimes de guerre durant le colonialisme, dès que ces derniers mettraient les pieds sur le sol algérien » Pure ineptie !La proposition de cet universitaire aurait été pertinente si les criminels de guerre français ou les membres de l'O.A.S envisageaient de fouler le sol algérien, mais comment peut-on imaginer un seul instant que cela soit possible alors qu'on assiste à une diaspora unique dans l'histoire de notre pays : des dizaines d'algériens qui risquent tous les jours leur vie pour regagner la France, des centaines de scientifiques qui s'exilent à travers tous les continents … Si les Algériens (députés, politiques et intellectuels) décident un jour de se prendre réellement au sérieux lorsqu'ils réclament de la France une repentance pour ses horreurs coloniales ,je leur conseillerai d'abord, s'ils ont en ont les moyens, de s'inspirer de l'esprit juif, de nous épargner des spectacles qui frisent la bouffonnerie tels que quémander la nationalité française ou caresser le désir inespéré de s'installer définitivement en France et d'y acquérir des biens immobiliers grâce à l'argent volé au peuple algérien ou d'inscrire leur progéniture dans les plus grandes écoles françaises. Tout cela fait désordre et souille le peu de patriotisme ou nationalisme qu'il nous reste ou que nous n'avons jamais eu. Gardons espoir car il n'est jamais trop tard pour bien faire, souhaitons seulement qu'à l'occasion d'un certain colloque autour de « la Préservation de la mémoire » que l'alliance présidentielle projette d'organiser ce 19 Mars en invitant parait-il 500 personnalités finira par dégager une stratégie plus virile et à même de défier les résistances de l'hexagone. Je suis convaincu qu'en s'inspirant du statut du g, établi par la Cs (art.6, c)., et qu'en combinant l'ensemble des intelligences juridiques prodigués depuis les années 1960 par la Loi française et ses jurisprudences notamment pour repêcher les criminels de guerre impliqués dans la Shoah :(la loi du 26 décembre 1964 sur l'imprescriptibilité des crimes contre l'humanité / Arrêt de la Cour de cassation 1985/1994/1997/ Loi 1994 définissant précisément le crime contre l'humanité (articles 211-1, 212-1 et s. du Code pénal) en y ajoutant les dernières trouvailles du statut de Rome -article 7 , concept de « Crime contre l'Humanité » revu ,élargi et enrichi, nous pourrons peut-être caser dans les paradigmes juridiques tortueux et alambiqués quelques crimes massifs que la France coloniale a perpétré à l'égard des populations algériennes.Agir à l'intérieur des systèmes avec lesquels nous avons des divergences de point de vue et d'intérêt et avec qui le destin nous oblige à communiquer, à cohabiter ; cette tâche colossale, pour le monde arabe en général (tel que ses potentialités ont muri, immergé et se sont dévoilées depuis la période de la décolonisation et suite à la naissance des états-nations), s'avère une gageure ou une idée qui fera tordre de rire n'importe qui. Lors d'une conférence organisée en marge du salon du livre d'Alger, Le politologue français Pascal Boniface dépeint la situation comitragique dans laquelle se vautre complaisamment les arabes depuis des lustres sans essayer pour autant de manifester le moindre élan de virilité( El-Mourouâa) , celle qui faisait la gloire de leurs aïeux « Les Arabes et les Musulmans ne disposent pas d'un lobby en Occident, capable de corriger l'image erronée de l'Islam, alors que des célébrités médiatiques s'emploient à ternir leur image... Ceci résulte aussi de l'absence d'un lobby musulman ou arabe en Occident, capable de défendre cette image à l'instar du lobby juif. C'est pour cette raison que le musulman ne trouve aucune institution pour le défendre et aucune atteinte porté à l'encontre des musulmans et des arabes ne donnent des suites judiciaires.»Nous n'avons qu'à jeter un bref regard sur la diaspora scientifique et intellectuelle, nos rivalités fratricides qui frôlent les guerres civiles, la dilapidation effrénée des biens des peuples, ainsi que tous les maux sociaux que nous sommes imposés à nous même. Puisque nous autres Algériens, nous n'avons guère eu les moyens de le faire avec des contemporains (Bigeard, Ausaress...) localisables par une histoire récente et auxquels on aurait pu appliquer des standards de justice actuels. Nous rassurons ces Historiens et ces politiciens français qui tiennent pour inamovibles ces critères qui fondent juridiquement la notion de « Crime contre l'humanité » que notre peuple n'a nullement l'intention de traduire en justice des fossiles comme Cavaignac , Pélissier , Saint Arnaud et tout ce panel de meurtriers , notre peuple désire seulement et ardemment que cette France qui a été souillée et avilie plus qu'une charogne pour son Vichy indélébile puisse avoir la décence d'admettre qu'un vichy d'un autre genre pratiquait de manière massive des exactions aussi abjectes dès 1830 , qu'elles fussent sporadiques ou continues, ces aberrations perdurèrent sous la férule d'un régime qui mettait en place une certaine « politique d'hégémonie idéologique »(21), il nous importe peu de savoir si cette politique eusse été avalisée ou pas par une métropole qui était d'ailleurs gérée par des gouvernements dont les arrières pensées ne seront jamais reconnues comme telles. « Au lieu de s'en tenir aux seules intentions avouées des dirigeants, l'historien met au jour la structure cachée de la société (relations de pouvoir, contraintes institutionnelles) pour décrypter le discours officiel… Quand la responsabilité de ces situations est imputable à nos ennemis, l'indignation est générale et la présentation dépourvue de la moindre indulgence, en revanche si la responsabilité des gouvernements occidentaux ou de leurs alliés est engagée, les horreurs sont souvent minimisées… Mettre en cause la pureté de leurs motivations, chercher à expliquer leurs actions par les contraintes que des acteurs plus puissants feraient peser sur eux revient le plus souvent à s'exclure du discours«respectable »(22). (A suivre) Références (21) Pour juger Klaus Barbie, La Justice Française s'ingénie à peaufiner des définitions juridiques qu'elle n'a jamais cessé de triturer pour les besoins circonstanciels de la question juive , ainsi la Chambre criminelle de la Cour de cassation dans son arrêt du 20 décembre 1985 a donné la définition suivante :"Constituent des crimes imprescriptibles contre l'humanité les actes inhumains et les persécutions qui, au nom d'un Etat pratiquant une politique d'hégémonie idéologique… » (22) Pascal Bricmont , «La mauvaise réputation de Noam Chomsky » Le Monde diplomatique Avril 2001