Le roi Fayçal d'Arabie Saoudite n'avait nullement tort lorsqu'il avait confié, peu avant sa mort, dans les années 1970, au journaliste et écrivain français Bénoïst Méchin, lors d'une entrevue, qu' « il fallait laisser le temps aux choses pour qu'elles murissent ». Il avait certainement pesé ses mots avant de les prononcer. Nous avons déjà cité cette phrase, qui nous est célèbre, dans un précédent Trait d'union, parce qu'elle veut bien dire ce qu'elle veut dire. Les Palestiniens de Ghaza attendent depuis quatre ans, jour pour jour, que les Egyptiens daignent leur porter secours en leur ouvrant le terminal de Rafah. Avec le président déchu, M. Hosni Moubarak, bras droit d'Israël, l'ouverture de passage n'était guère possible pour des raisons plutôt politiques qu'humaines. Il a donc fallu qu'il quitte le pouvoir pour que la situation s'améliore du côté de la bande de Ghaza. En effet, le terminal de Rafah a été rouvert samedi dernier par l'Egypte et de manière permanente cette fois-ci. Ainsi, les Ghazaouis vont pouvoir enfin circuler librement et moins sentir le blocus imposé par l'Etat hébreu. Durant son règne, l'ex –président égyptien n'avait pas su saisir la perche tendue par les Palestiniens et avait préférer leur tourner le dos, eux qui n'attendaient qu'un simple geste de sa part : l'ouverture du passage de Rafah. M. Moubarak doit se mordre les doigts pour n'avoir pas fait ce geste là ; un geste simple à priori mais courageux dont les protestataires de la place Tahrir en sont les édificateurs. Depuis la mise en place de la nouvelle direction politique égyptienne, l'Egypte est en train de reconquérir sa place « d'Oum El Arab ». Il a fallu du temps, certes. Mais rien n'est perdu étant donné qu'un peu de temps ladite direction a réalisé deux actions fort importantes : la première concerne le projet de réconciliation entre le Hamas et le Fatah. La seconde est liée à la réouverture du passage de Rafah ? Ce que n'a pas réussi la Ligue arabe depuis des années. A présent que les deux ex- frères ennemis se soient réconciliés, il conviendrait de tracer la ligne de conduite à suivre pour parvenir à la construction d'un Etat palestinien souverain. Ce qui n'est pas facile d'ailleurs parce que les Israéliens, soutenus par leurs alliés, seront contre, malgré les promesses de M. Barak Obama, un certain temps. Les dirigeants arabes seront-ils en mesure de défendre la cause palestinienne lors de la prochaine Assemblée générale de l'ONU en septembre prochain ? L'on sait par ailleurs que les Israéliens sont sensibles aux mouvements de protestations dans la région, plus particulièrement en Egypte et en Syrie, ces voisins proches qui risquent d'étendre leur révolte au-delà des frontières. Il semblerait que les choses ont muri, comme le voulait feu Fayçal, pour que la situation change.