Le chant patriotique qui nous faisait frémir quand nous l'entendions à la télé ne semble plus d'actualité. Le mawtini que nous aimions tant chanter à tue-tête, par amour de la patrie a fini par être rangé dans les tiroirs de l'oubli, au même titre que les autres chants patriotiques que les élèves aimaient tant chanter dans leurs classes. A qui la faute ? A ceux qui chantaient ou à leurs enseignants qui les ont effacés du programme ? La réponse n'existe pas parce que nous vivons dans une autre ère et sous d'autres cieux où les préoccupations sont devenues nombreuses, donc difficiles à satisfaire. « Quand le ventre se rassasie, il ordonne à la tête de chanter », selon un adage bien de chez nous. Donc Mawtini va avec « batni » (mon ventre). Il est tout aussi vrai que nous sommes devenus, à la longue, et par contagion psychologique et matérielle, des gens qui ne pensent qu'à bouffer. Il suffit de regarder autour de soi pour se rendre compte de l'évidence. Combien de commerces de toutes sortes se sont transformés en deux décennies en Fast-foods, pizzerias et simples gargotes pour les démunis. Serait-ce parce que les enfants ne mangent pas à leur faim qu'ils ne chantent plus dans les écoles ? Les enfants qui ont grandi dans la peur n'avaient plus le cœur à chanter, combien même ils le souhaitaient. De 1988 à 2000, nous étions tous pris au piège du terrorisme. Avec la peur au ventre nous rasions les murs parce que nous avions peur de notre propre ombre. Mais une fois le calme revenu, nous n'avons pas récupéré nos repères de jadis, bien que la peur ait disparu de nos esprits. Le Mawtini n'est pas toujours chanté dans nos écoles, peut-être que l'école a elle aussi été contaminée. A l'heure où le débat est ouvert, en vue d'aboutir à une entente nationale visant l'instauration d'une société civile fonctionnant avec des principes inaliénables garantissant les mêmes droits pour tous, les propositions faites par certains semblent aller à contresens de celles que le peuple attend et ce qu'il entend par changement de système. En ce début du XXI siècle, le changement s'impose de lui-même si nous voulons marcher au rythme imposé par la planète. Pour cela, il faudrait envisager des réformes à tous les niveaux, non seulement politiques mais sociales, morales et culturelles et ce, dans la transparence la plus totale afin d'éviter les malentendus et les fausses interprétations, car il y a de l'avenir de la nation et de tout un peuple. Ceux qui ont connu la décennie noire, alors qu'ils n'avaient que six ans à peine, devraient pouvoir rêver mieux aujourd'hui et bâtir leur avenir sans avoir à craindre des lendemains incertains. C'est avant tout leur droit le plus absolu parce que nous leur avons volé leur enfance et leur jeunesse. Et Mawtini réapparaîtra dans les programmes scolaires.