Quand la belle musique universelle s'allie au chant patriotique national, le plaisir du public est évident et l'émotion du coeur est manifeste. A croire que quelques-unes de nos sévères institutions adoucissent le ton, et commencent à faire dans le raffiné. La preuve en est que cette semaine, l'Orchestre philharmonique d'Alger, sous la direction d'Amine Kouider, était l'invité de marque, d'abord de l'Ecole supérieure de police de Chateauneuf, puis de la Direction de la Sonatrach d'Hydra. Grâce à l'invitation de Ali Tounsi et de Chakib Khelil, deux fabuleuses soirées ramadanesques ont été organisées pour le grand plaisir d'une assistance venue nombreuse assister à un concert qui était, et l'avis est unanime, une totale réussite. Venu de Paris pour une petite semaine, mais qui a été très riche en événements, Amine Kouider et ses collègues ont multiplié les répétitions, orchestre et chorale Nagham se sont donné à fond pour offrir à leurs fans le meilleur d'eux-mêmes. Ainsi, une agréable soirée fut offerte aux familles des policiers et invités de l'Ecole de police de Chateauneuf qui se sont en quelque sorte «décrispés» au son d'une musique langoureuse et entraînante. Le lendemain, c'est le siège de la Sonatrach d'Hydra qui a abrité cet orchestre. Dans l'après-midi, ce sont les enfants qui ont eu droit à une séance éducative à travers laquelle Amine Kouider et quelques-uns de ses éléments ont voulu les initier aux instruments de musique et aux sons qui en découlent. Après une prise de connaissance avec le violon, le violoncelle, la flûte, la contrebasse, l'alto et les différentes mélodies qu'ils produisent, les enfants ont chanté en choeur, Alaïki mini salam, Daka al djarassou et d'autres morceaux qui ont fait le bonheur de ces petits chérubins qui ne demandent pas mieux que d'étudier, de s'amuser et de chanter au lieu d'être mêlés à nos conflits politiques, nos problèmes sociaux qui ne font que les priver de l'innocence de l'enfance. En soirée, c'était au tour des adultes d'apprécier une soirée tranquille et paisible, loin du chahut de la journée et du stress du travail. En présence de Chakib Khalil, de quelques responsables de la Sonatrach et de nombreux invités, la chorale Nagham et l'Orchestre philharmonique d'Alger ont excellé dans leur art en mettant en parfaite symbiose divers morceaux musicaux du patrimoine national et universel. C'est ainsi que les veinards de cette soirée ont eu droit à Noubet Zidane, Chems al achia, Aâssifi ya riyah de Moufdi Zakaria, Bi abi de Seddar Mezmoum, Ayama aâzizen, Alaïki mini assalam, Mawtini, Min djibalina , ces chants patriotiques si chers à nos coeurs, qui ont réveillé en nous cette fibre nationale que l'on avait perdue au milieu de luttes égoïste et toutes les tracasseries politiques contraignantes qui nous éloignent des vrais priorités, à savoir protéger notre mère patrie et sauvegarder cette terre pour laquelle beaucoup de sang a coulé, beaucoup de martyrs sont tombés, mais dont on se soucie peu. Amine Kouider, en parfait dirigeant, la chorale Nagham, a su faire de ce moment un hymne au courage et au sacrifice de nos martyrs et notamment avec les textes en arabe qui ont accompagné la 9e symphonie de Beethoven, et surtout celui, accompagnant la symphonie de Carmina Burana écrite par les éléments mêmes de cette chorale avec la collaboration de leur directeur. Un texte vibrant et des paroles poignantes qui résument avec une fière émotion le combat et la ténacité de nos martyrs : Kounna thouar, linamhi al âr, achâlna annar fi el istiâmar... Nous nous sommes levés en guerriers pour effacer la honte et allumer le feu chez notre ennemi... Eux, ont arraché l'Indépendance à leur pays, nous autres enfants et petits-enfants qu'avons-nous fait de bon pour notre patrie?...Rien, si ce n'est de continuer à ignorer ces trésors, que sont les véritables valeurs humaines.