On a parlé bien sûr de l'intérêt de l'Etat pour une telle opération. Mais peut être que ces réflexions sont trop simplistes. En tout cas, ces chaussures « Adidas » qui font toujours courir nos compatriotes et notre équipe nationale ne manqueront pas d'être d'un grand secours aux automobilistes de cette époque, qui eux, galopent tous les jours que Dieu fait, derrière d'introuvables éléments de rechange : pneus, loockeed, batterie, plaquettes de frein, etc. Et si ce jogging d'un genre particulier ne nous inspirait pas, qu'on sache que nous pouvons tout obtenir au marché noir, pour dix fois le prix normal. Les députés de cette époque, rien ne les a empêché de marcher en souliers vernis ! En fait de pénuries, s'il y en a d'explicables, lorsqu'elles portent sur des produits dont on pouvait bien s'en passer quelque temps malgré qu'on en ait besoin, ceux en particulier qui n'intéressent pas tout le monde ( cela peut aller de l'huile de tournesol à la revue femme d'aujourd'hui , en passant par les moteurs hors-bord (7000 da) et les congélateurs horizontaux), il fut un temps et une époque, où nous commencions notre journée comme un célèbre personnage de Joyce, par une longue et soigneuse application de savon de Marseille, qu'il faut faire abondamment mousser, avant de se hasarder à utiliser pour la énième fois, la dernière vieille lame qui nous reste. Il y en avait partout, à profusion. Il n'y en avait plus. On ne savait pas pourquoi. Aux amis qui se rendaient à l'étranger, nous ne demandons plus de cigarettes, mais des lames, beaucoup de lames ! Avec l'arrière-pensée que si elles réapparaissaient, nous savions ce qu'il nous restait à faire.Notre personnage à nous, à cette époque s'il fallait le romancer, dévalerait donc les escaliers plus au moins déglingués de son immeuble, les joues en feu malgré la dose forte de ‘Ploum Ploum'. Il jetterait un coup d'œil sur sa voiture, Fiat Russe ou Dacia Roumaine inutilisable faute de batterie, question de vérifier si les pneus y sont encore et filerait vers l'arrêt du bus, il s'arrêterait à tout hasard dans les kiosques, sait-on jamais, des lames. Rien. Un tour aux galeries, par précaution et parce qu'il a pris l'habitude, depuis des années, d'y guetter un arrivage frais de poivre noir. Encore rien. Il contournerait les zones de travaux, en se demandant encore une fois si tous ces tunnels sont vraiment nécessaires et arriverait couvert de poussière, pour constater une énorme chaîne de gens, tenant dans leurs mains des dossiers, (une demande manuscrite, une copie de la CNI et un reçu de Sonelgaz). On lui apprend l'enregistrement d'une éventuelle demande d'une cuisinière ou un réfrigérateur. Et c'est donc, plein d'entrain que notre personnage, arrivé au bureau, attaquerait sa journée de travail » Kaddour l'étudiant, n'arrive plus à croire ce récit : « Cheikh ! Comment avez-vous supporté ces conditions ! Wach bik, hadi ma hich hayat Insane ! » Le vieux postier retraité répliqua : « Même fi âm el boune, on n'a pas bu le café mélangé au pois chiche ya Kaddour » .Le professeur Si Ramdane, informa ses voisins que c'est presque l'heure du Adhane : « Aya à demain, Saha Ftourkom ».