La flambée des prix, ne semble épargner aucun produit alimentaire en ce mois de carême, le gâteau oriental partage la vedette aux fruits et aux légumes, en s'offrant de 300 à 2000 dinars le kilogramme. Cette hausse spectaculaire de son prix, repose sur sa convoitise gourmande, le long du mois par tant de jeûneurs qui tiennent à garnir pour le plaisir la table du f'tour avec ces friandises qu'ils ne dégustent presque point, même payées si chères… ! La plus prisée et consommée en ce mois de Ramadhan reste la « zlabia », encore à la portée de presque toutes les bourses, elle nous vient de la Tunisie voisine, et connaît une forte consommation au Ramadhan, elle se prépare toujours au sein de magasins qui se reconvertissent pour la circonstance à la vente de ces gâteaux orientaux, malgré la ferme instruction ministérielle qui n'autorise que les pâtisseries à produire ces friandises « temporaires ». Pour l'histoire, la pâte de cette friandise était destinée à faire des beignets, malheureusement, le préparateur s'est longuement endormi en oubliant sa tâche, il ne s'est réveillé que tard avec une pâte qui a débordé de la bassine à cause du levain. Effrayé, le préparateur s'est mis à la cuire en toute hâte en chantonnant « zela bia » (Une farce m'a eu!), et au lieu des beignets, il a fini par avoir cette jolie friandise qui vient de frôler les 300 dinars le kilogramme, et que les gens aux bas revenus ne peuvent plus se permettre. Quant au reste des gâteaux orientaux, il est devenu inaccessible à beaucoup de citoyens qui font trop de calculs juste pour s'offrir quelques livres de légumes encore à bas prix, tels les aubergines et les poivrons, le gâteau oriental tend à être un luxe hors de la portée de beaucoup de personnes, seuls les riches peuvent s'en acheter à présent, les prix affichés ne font que pousser les clients vers le « kalb el louz » (le cœur d'amandes ), qui n'a rien d'amandes et qui en réalité n'est composé que de grosse semoule et du sirop, qui se vend à 15 dinars la pièce, car le véritable « kalb el louz » se vend dans les pâtisseries bien huppées au centre ville ou à la rue de Mazagran à de forts prix allant de 30 à 50 dinars selon la composition et le goût (chocolat, pistache, amandes, et arachides). Ces magasins ne sont fréquentés que par une classe qui n'hésite pas à débourser 3000 à 5000 dinars pour l'achat de ces friandises bien « salées » pour une frange de la société qui ne peut plus se les offrir … ! Les citoyens aux bas revenus peuvent toujours se rabattre sur la « chamia » de basse qualité qui se cède encore à 10 dinars la pièce au détour de chaque rue et à l'air libre, elle est également fourrée avec de la poussière et tant d'autres saletés. Questionnés sur les prix qui ont presque doublé, certains vendeurs n'hésitent pas encore à évoquer la vieille litanie de l'augmentation des prix des matières de base, de sa composition, dont l'huile, la farine et le sucre que l'état subventionne toujours. Un de ces préparateurs de ces gâteaux orientaux, très connu en ville, explique la hausse des prix par l'achat des autres produits qui composent le gâteau oriental, surtout les amandes et les pistaches de bonne qualité, et dont le seul kilogramme dépasse les 1000 dinars. Malgré le prix jugé excessif, le gâteau oriental se vend et à une classe qui ne peut se priver de ses saveurs, tel cet entrepreneur, sortant de la pâtisserie « Sarah » me déclare que « kalb el louz » reste son gâteau préféré, il en achète quotidiennement pour sa famille et ses parents, deux boites, l'une pour 150 et l'autre pour 600 dinars, il en ajoute que le prix ne le décourage pas pour autant, son plaisir passe avant tout, le soir en sirotant son thé et en dégustant sa friandise chérie. Quelque soit les prix, les sucreries du Ramadhan ont bien des adeptes qui les consommeront, et ceux qui n'ont pas assez de sous, doivent bien se contenter de la « zlabia » et de « chamia » à bas prix et sans aucun goût… !