Rien ne sert de s'attaquer à l'ombre, il faut plutôt viser la proie ! Tout problème s'affronte et ne se contourne pas. Tant que nous n'oserons pas appeler un chat le chat, nous n'aurons fait que passer à côté de la plaque. Alors, prions Dieu qu'on ne l'arrache pas ! La vie avec ! Ramdhane endosse les faits pervers de ses présumés jeûneurs, on lui fait porter sur le dos le gros des morts qui y laissent la vie. Oh ! La ‘'pauvre'' route ! Au lendemain des hécatombes, certains, comme l'Unique ou ses homologues sonores ou en papier, osent même lui coller le terrorisme routier. Un terrorisme aveugle, parce qu'il ne voit, ni le piéton imprudent qui traverse la chaussée là où on ne lui a pas placé une passerelle, ou un passage protégé, ni le groupe de passagers innocents d'avoir pris place derrière un conducteur au volant d'un autocar volant aveuglement vers l'enfer. Tout aussi horrible, parce qu'il fauche, déchiquète, ou incinère, bébés, femmes, enfants, handicapés ou valides, adultes, vieux ou vieillards, sans distinction d'âge ou de catégorie sociale.Sans la forme d'attentats kamikazes revendiqués de l'extérieur et condamnés par l'Intérieur, la route tue énormément et sans pitié, s'accorde-t-on à accuser, fatalement et gratuitement, la ‘'pauvre'' route. Cette route qu'on aimerait tous être une autoroute personnelle, courte, rapide et express, sûre, rectiligne, large et plane, sans crevasses, ni dos-d'âne ou nids-de-poule. Elle n'ignore pas qu'elle sillonne un bled de Hogra populaire. Qu'elle n'est bien soignée, asphaltée, et chouchoutée de tapis d'enrobé, que là où passent les grands commis de Kheira, les élus grands hâbleurs, les notables du douar, et les riverains trop grognards. C'est pour ce, qu'elle trouve normale une accusation aussi gratuite. Une route peut mal conduire, peut-être. Si vous vous êtes détournés de la bonne direction, ou si vous avez emprunté le mauvais chemin. Mais aller jusqu'à projeter un enfant gâté au volant de la voiture de papa, contre un arbre ou dans un ravin, ça, jamais elle n'oserait l'entreprendre ! Tout comme elle n'apprendra jamais à un fellah à bien conduire son épave avec un permis troqué contre une récolte de petits pois, ou un bélier d'Aïd. Elle n'ira jamais, à l'instar d'un élu, un quelqu'un bien placé ou un gros bonnet, récupérer le permis de conduire du beau-frère ou du cousin pris en flagrant délit dans l'infraction. Tout comme elle n'acceptera point de le lui restituer contre une malle de fruits et légumes, un beau repas chez le gargotier du coin, ou une beuverie bien arrosée de week-end. Elle ne fermera jamais l'œil en regardant un magistrat rouler à contre-sens, ou en voyant voler sur elle la grosse moto du fils d'une grosse patate.Accusons-la de tous nos comportements pervers, elle aura toujours la conscience tranquille. Même si ses aventuriers continuent à s'y suicider, ou tuer les usagers innocents.