Mis en apprentissage chez un tisserand, le jeune Chou'ayb désertait l'atelier pour aller suivre les enseignements qui se donnaient dans les moquées. Son patron, lassé de ses escapades, avertit ses frères. «Il ne vient qu'une fois sur deux ou même sur trois : à ce train là, il n'apprendra jamais le métier de tisserand !». L'un de ses frères le traite avec brutalité : «Si tu t'échappes encore de l'atelier, je te donnerai une correction dont tu te souviendras toute ta vie ! — Je ne veux pas être tisserand ! dit le jeune Chou'ayb — Et que veux-tu donc faire ? demande son frère avec colère — Je veux étudier, lire et écrire des livres ! — C'est un métier qui n'est pas fait pour les pauvres !'» dit le frère. Il le force à retourner à l'atelier. Mais quelques jours après, le jeune garçon s'échappe encore. Et le tisserand se plaint de nouveau aux frères. L'un d'eux s'emporte et, saisissant son épée, le menace : «Je te tuerai si tu recommences !» Chou'ayb, nullement impressionné, saisit une branche de bois mort et la tend pour parer le coup. Le frère éclate de rire : «Tu veux parer mon coup d'épée avec cette misérable branche ! — Frappe, je ne crains rien !'» Le frère frappe : l'épée, en acier trempé, vole en éclats. Le jeune Andalou venait de signer son premier prodige. Le frère est si impressionné qu'il bredouille : «Va, fais ce qu'il te plaît !» M. A. Haddadou