La demande faite à l'ONU par les représentants de l'Autorité palestinienne a fait surgir de nombreux commentaires en Palestine et dans le mouvement de solidarité. Critiques portant tant sur la stratégie employée que sur les objectifs de la démarche qui aura au moins eu le mérite de rappeler ce que défendaient l'Union européenne et les Etats-Unis. Il semble déjà loin le temps où Obama représentait un espoir pour certains. Le discours du Caire, qui appelait à la fin de la colonisation et à l'établissement d'un Etat palestinien en 2011 ne date pourtant que d'un an et demi. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient et, la semaine dernière, le discours d'Obama devant l'ONU a été une véritable gifle envoyée aux peuples arabes et aux Palestiniens en particulier. La presse israélienne, le saluant unanimement, ne s'y est d'ailleurs pas trompée. Ainsi, le journal populaire Yediot parle d'un discours «comme s'il avait été envoyé par fax du bureau de Netanyahou et adopté à la lettre par le président Obama». Selon le conseiller de Netanyahou, Ron Dermer, Obama est devenu «l'ambassadeur d'Israël aux Nations unies». Est-ce à dire que le discours du Caire n'était que pure illusion? Obama a voulu incarner une rupture avec l'administration Bush et sa politique de «guerre des civilisations» pour asseoir la domination US sur la région. Avant même 2008, et la fin du second mandat de Bush, des voix au Pentagone constataient l'échec de la politique US au Moyen-Orient et critiquaient le coût, militaire mais surtout politique, de l'alliance stratégique avec un Etat israélien toujours plus guerrier. L'absence d'alternative à ce partenariat, certes couteux mais solide, n'a pas modifié fondamentalement les relations US-Israël depuis l'arrivée d'Obama à la Maison Blanche. La seconde raison du discours ultra sioniste d'Obama devant l'ONU tient à des enjeux plus conjoncturels et internes. Le puissant lobby sioniste aux Etats-Unis, l'AIPAC a les capacités politiques de mener un travail de sape rendant la vie impossible à une administration américaine se préparant à une année électorale. L'absence d'alternative pour l'impérialisme US dans une région traversée par les révolutions et les enjeux électoraux à venir ne pouvaient laisser espérer un autre positionnement de l'administration Obama qu'un soutien indéfectible à Israël. L'équilibre selon Sarkozy Les commentaires de la presse française relatifs à Sarkozy pourraient laisser croire à une position dite «équilibrée», entendue par certains journalistes comme plus favorable aux Palestiniens que celle d'Obama. Si l'équilibre consiste à mettre sur le même plan l'occupé et l'occupant, l'analyse est juste. Le discours de Sarkozy appelle à des négociations sans préalables, au cours desquelles chaque camp devrait faire des compromis. Comment croire que des «négociations» puissent se faire d'égal à égal dans un rapport colonial? Quel compromis pourraient encore faire les Palestiniens, si ce n'est encore et toujours renoncer à leurs droits? Le discours de Sarkozy s'inscrit dans l'idéologie d'Oslo, dont l'échec est patent, et permet depuis 20 ans la poursuite de la colonisation. Il appelle de ses vœux une place plus importante pour l'Europe (et la France) dans le processus de négociation. Comme si cela pouvait changer quoi que ce soit! L'UE et la France, en favorisant l'approfondissement des relations UE-Israël, son adhésion à l'OCDE et récemment au Centre d'études et de recherche nucléaire, alors même que le programme nucléaire israélien est militaire, donnent à Israël le signal attendu pour poursuivre l'extension coloniale. Les positions des puissances occidentales sont de fait une gifle pour la stratégie de la direction palestinienne actuelle qui pendant 20 ans s'est tournée vers les puissances occidentales, Etats-Unis en premier lieu, en espérant ré équilibrer ainsi un rapport de forces défavorable. L'échec est patent. Dans le contexte des révolutions arabes, le mouvement palestinien de libération nationale, en associant l'ensemble de ses composantes (réfugiés et Palestiniens de 1948 vivant en Israël) doit pouvoir s'appuyer sur les forces qui dans la région mènent de front un combat contre leur propre régime et l'impérialisme.