On dit que la mémoire prolonge la flèche du temps historique, et tous les objets du monde sont devenus des « lieux de mémoires ». La nature apparaît comme une donnée intégrale de bifurcations issues du Grand récit et toujours en écart par rapport à un équilibre, du fait de la surcharge émotionnelle, à l'approche du 57ème anniversaire du 1er novembre 1954, date du déclenchement de la guerre de libération. Celle-ci, tend à s'émousser malgré ceux qui, par des procédés politiciens, ici ou sur l'autre rive, tentent de “remuer le couteau dans la plaie”. C'est d'ailleurs une étape complexe qui pose la logique de l'histoire, pour les uns comme une catharsis nécessaire et pour les autres comme une réappropriation du moi historique. N'est-il pas temps de mettre fin au silence trop pesant sur les hommes de cette région et derrière lequel s'abritent moult incompréhensions, sans que l'historiographie ait le temps et le loisir de collationner ou de récoler les témoignages, les mémoires et les “jugements'' des uns et des autres produits pendant plus d'un demi-siècle, délaissant ainsi le capital historique s'enliser dans l'oubli ou pire encore celui de le falsifier. Lorsqu'on parle de colonialisme dans les aréopages et cercles politiques en France le premier pays qui vient à l'esprit de ces nostalgiques c'est l'Algérie et ne veulent pas comprendre, que l'histoire les a condamné et que le soleil de la Méditerranée, la senteur des jasmins, la couleur ocre des sables et d'autres ingrédients exotiques font désormais partie d'un passé. Pour les nostalgiques de l'Algérie Française et pour qui le colonialisme, certains considèrent encore qu'il a été positif et une forme de civilisation, sont loin de la vérité, car parmi tous les colonialismes du 19ème siècle, celui qu'a eu à vivre l'Algérie était des plus sauvages, des plus répressifs et non civilisateur, contrairement à la Tunisie ou au Maroc-occupés respectivement en 1888 et 1912, où le type d'occupation était le protectorat. Que l'on ne s'y trempe pas, l'occupation de l'Algérie était une colonisation de peuplement, car il ne faut pas oublier que l'Algérie, s'est vue peuplée, par les Européens de différentes origines ethniques et géographiques, venus spoliés les algériens de leur droit et de leur terre. La colonisation française a été d'une férocité sans pareil et avait presque détruit les fondements de la société Algériennes, par la négation bafouant les traditions mettant en péril notre culture par l'avilissement de tout un peuple, qui aura malgré la politique de la terre brûlée traversé les épreuves. Les expropriations des paysans, et la destruction des bases de la cellule familiale ont hâté une forme de déculturation dont les conséquences les plus immédiates étaient la dévalorisation de l'être algérien. Mais les formes d'acculturation par l'occupant ne purent avoir lieu, ou du moins avaient une portée très limitée, en raison de la logique coloniale basée sur la soumission se fourvoyant ainsi. Aujourd'hui l'histoire des hommes nous interpelle ici et de cette région du Dahra pour nous y soumettre, car il est fondamental et nécessaire dans de telles occasions de nous ressourcer à même l'historique de ces hommes disparus et dont les murmures nous parviennent encore, par ce rappel commémoratif. Certains de ces hommes tombés au champ d'honneur n'ont même pas de sépultures Si certains sont focalisés que sur l'intérêt, les affaires, il y a ceux qui pleurent encore leurs compagnons, frères, pères, sœurs et mères disparus pour toujours. Certains de ces hommes tombés au champ d'honneur n'ont même pas de sépultures, du fait qu'ils ont été enterrés dans des fosses communes par les français pour d'autres, on ne sait ou et n'ont aucune tombe qui porte leur nom, pour se recueillir. Que penser aujourd'hui de ce silence implacable qui entoure ces hommes, sur le camp de la mort de Sidi Ali, de point Zéro à Oued El Kheir, Les caves de Dejeanson à Bosquet, le camp de Bethioua, de Fontaine des Gazelles dont les horreurs ne peuvent être effacées et qui méritent d'être rapportés. Il est primordial de les évoquer, à la veille de cet anniversaire afin d'interroger le passé pour eux et apporter l'éclairage nécessaire pour mémoire, car ils sont au cœur même de l'histoire, qui nous a été confisquée. Plus de 57 ans sont passés, et personne ne les a oubliés bien au contraire, lorsque l'on interroge ceux qui les ont connus ou les membres de leurs familles, les blessures réapparaissent, et comme à chaque commémoration les souvenirs se bousculent pour laisser place au désespoir. Ould Aissa Belkacem, Benaied Bendehiba, Benyahai Belkacem, Houcune Hamadou, Zerrouki Cheikh Ibn Eddine, Sahraoui Aek, Kadi Bezzaouche, Abdellaoui Abed, la famille Ghali Benzohra, Ayachi Abdelkrim, Berrais Abderrahmane, Bordji Amar, Belhamiti, Si Affif, Bensaid Mohamed dit « Hammou El maroqui », Embarek Aek dit « Niguiss » compagnon de Benaied Bendehiba, cheikh Bentounes, Mohamed Benzahaf, Bensaadoune Habib, Moulay Cherif, Cheikh Nacer, Ben Abdelmalek Ramdane et tant d'autres, ne sont peut être que de simples noms pour ceux qui ne connaissent pas leur valeur, mais pour les nationalistes et les fils du peuple, le fait de se les remémorer, c'est tout un pan d'histoire qui ressurgit et nous invite à faire un périple dans ce passé douloureux et qui les a marqué à jamais. Ces Hommes, reviennent à chaque échéance pour se les rappeler du fait qu'ils ont été les artisans d'une belle page d'histoire qu'ils ont écrite avec leur sang et leur sacrifice. L'histoire du parcours des Hachems, un autre pan indissociable de l'historique de Mostaganem « Souika Tijditt », la combattante appelée El Kahira, était la base arrière de ces hommes et femmes, qui se sont imposés, car il ne s'agit pas seulement que de reprendre les faits, mais celui de revenir à cette époque et à ces hommes et les traditionnels émérites d'un passé qui a fait que la connaissance, sera le lien qui établira le cours de l'histoire avec eux. Le rôle de ces hommes, a été déterminant dans la révolution et dans l'histoire de Tijditt, et c'est de cette cité qu'étaient décidées toutes les actions entreprises par ces hommes exceptionnels, qui ont sut élever son prestige et sa gloire, aussi ne reste-t-il que l'écrit pour l'immortaliser. En fait, c'est à une histoire extrêmement riche et troublée, mais dont l'historique, a été constitué de hauts faits d'armes et de gloire et qui fit d'elle le giron rassembleur des personnalités et héros de la révolution, tout comme le deviendra la contrée d'El Hachem qui dans laquelle se soudera une solidarité, que le hasard des hommes et des combats avaient rapprochés dans un moment difficile de l'histoire de cette région. Cette région faisait jonction avec Tijditt, devenant le trait d'union entre les hommes et le lieu de toutes les rencontres, elle sera utilisée comme centre de transit, par le Front de libération national pour se rappeler de celui qui a fait d'elle le lieu privilégié pour les grands révolutionnaires qui se sentaient à l'abri de l'autorité colonial. Cheikh Nacer a été l'un des acteurs principal dans cette organisation unique, accueillant à l'époque, des sommités et les plus grands chefs historiques de la révolution, dans cette contrée oubliée, mais les habitants croient dur comme fer que l'histoire s'écrira en dépit, de l'oubli et de l'isolement. L'histoire du parcours des hachems, un autre pan indissociable de l'historique de Mostaganem à l'instar de toutes les autres régions de l'Algérie profonde, qui ont été la source lointaine d'une histoire riche en évènement donnant ainsi aux hommes de la région du Dahra cette distinction originale qu'ils auront puisé à la source, et dont le sacrifice ne peut que nous inciter à les évoquer dans les prochaines éditions, afin de combattre l'oubli et effacer cette fausse image, car elle est telle un miroir brisé, et qui dans chaque morceau reflète une identité régionale isolée.