Mouammar Kadhafi a été battu à mort ce jeudi à Syrte. Qu'en est-il de ses enfants? Rappelons que le colonel a eu huit enfants, dont une fille, et a adopté un garçon et une fille, qui serait décédée en bas âge lors du raid américain de 1986 sur Tripoli. La chaîne de télévision syrienne Arraï, proche de Mouammar Kadhafi, a confirmé lundi la mort fin août de Khamis, fils cadet du "guide" déchu. Il aurait été tué le 29 août à Tarhouna, à 90 km au sud-est de Tripoli. Il avait 29 ans. Il est aussi l'un des plus connus, car Khamis, formé en Russie dirigeait la 32e brigade de l'armée, réputée la plus professionnelle et la plus loyale au colonel. Dans des documents révélés en février dernier par WikiLeaks, des diplomates américains et européens parlent en effet de ce bataillon d'élite comme la plus performante des trois «unités de protection du régime», constituées de 10 000 hommes. Avant l'ultime confirmation, les rebelles avaient annoncé la mort de Khamis à deux reprises (en mars et début août), mais les deux fois, il était réapparu triomphalement à la télévision. Le sixième fils du colonel Kadhafi, Seïf al-Arab, 30 ans, aurait été tué le 30 avril à Tripoli avec trois de ses enfants Saïf (2 ans), Carthage (2 ans) et Mastoura (4 mois) et des proches, dans un raid aérien de l'Otan visant le quartier général du «Guide», à Bab al Azizia, dans la capitale. C'est le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim, qui avait annoncé la nouvelle, précisant que Kadhafi et sa femme, qui se trouvaient dans la maison prise pour cible, s'en étaient sortis indemne. Des responsables libyens avaient même conduit des journalistes jusqu'à cette résidence, touchée par au moins trois missiles, déclenchant la polémique sur les véritables intentions de la coalition agissant sous mandat de l'ONU, qui prévoit la protection des civils mais pas la mise à mort de Kadhafi. Si l'Alliance atlantique avait confirmé avoir effectué des frappes dans ce secteur, elle avait démenti avoir visé le dirigeant. Elle dit n'avoir ciblé que des objectifs militaires, mais en aucun cas des individus. L'Otan n'a jamais précisément confirmé ou démenti la mort de Saïf al-Arab dans cette opération. Un mois plus tard, le président du conseil italien a provoqué la stupeur en démentant cette information, affirmant qu'il ne s'agissait que de «propagande». «En fait le fils de Kadhafi n'était pas en Libye mais vivait dans un autre pays, et l'histoire des trois petits-enfants était également infondée», a-t-il ajouté à la télévision italienne, précisant tenir ces informations de ses «services» -probablement les services secrets militaires italiens. De l'avis des observateurs, Seïf al Arab aurait bien péri dans cette opération –ses funérailles ont même été organisées le 3 mai à Tripoli. INCERTITUDES SUR LESORT DE SEIF AL-ISLAM On disait Seif al-Islam, le deuxième fils de Kadhafi, considéré comme son «dauphin», dans le désert libyen, aux alentours de la ville de Bani Walid (à 170 km au sud-est de la capitale). Le Premier ministre des nouvelles autorités libyennes, Mahmoud Djibril, ainsi qu'un haut responsable militaire du CNT, ont révélé à la mi-journée qu'un convoi dans lequel il fuyait la ville de Syrte aurait été attaqué. Sa capture a ensuite été annoncée, puis sa mort confirmée par le correspondant d'Al Arabiya. Mais la situation était confuse jeudi soir. Al Jazeera fait état seulement de sa capture, éventuellement blessé. Quant à CNN, qui relayait son décès cet après-midi, elle ne le mentionne plus. Ce docteur en philosophie, architecte-urbaniste de profession, a été cité par les câbles de WikiLeaks (cf Moutassim). Il a été inculpé par la Cour pénale internationale de crimes contre l'humanité, y compris assassinat, pour son rôle présumé dans la violente répression contre les civils pendant le soulèvement. Le Conseil national de transition a déclaré en août qu'il avait capturé cet homme, qui a eu 39 ans en juin, mais plus tard, le même jour, Seif al-Islam a resurgi avec les troupes loyalistes, affirmant que les combats avaient tourné en faveur de son père . Selon un responsable du CNT cité par la chaîne qatarie, Moutassim Kadhafi (parfois orthographié Moatassemn), quatrième fils du «Guide», aurait été capturé vivant. Mais les sources divergent. La BBC, qui cite aussi le CNT, rapporte que Moutassim a été retrouvé mort à Syrte. Information confirmée par CNN. Moutassim, qui a été Conseiller à la sécurité nationale, est connu pour avoir fomenté un coup d'Etat contre son père en 2007. Exilé en Egypte, il est rentré au pays deux ans plus tard. Il est également réputé pour les grosses fêtes qu'il organisait (révélées par Wikileaks) en 2009 et 2010 à Saint-Barthélemy -île huppée des Antilles-, avec des s stars comme Mariah Carey et Beyonce. Pendant la révolution, c'est lui qui aurait mené la répression contre les villes de Benghazi et de Misrata.Mohamed Kadhafi, né du premier mariage du colonel, est l'aîné de la fratrie. Il préside l'organisme libyen des télécommunications qui administre le réseau des téléphones portables, Internet et les communications satellites. Il dirige également le Comité national olympique, basé à Tripoli, et possède une équipe de football. Capturé en août, il avait ensuite été libéré par les forces loyales à son père. Fin août, l'Algérie lui a accordé l'asile ainsi qu'à l'épouse de Mouammar Kadhafi, Safia, à sa fille Aicha, et à son fils Hannibal, accompagnés de leurs enfants.Hannibal Kadhafi, le cinquième fils du colonel, est âgé de 35 ans. Ce médecin et militaire de formation est plus connu pour ses frasques dans les capitales européennes que pour ses exploits militaires. Outre les bagarres qu'il a provoquées et autres infractions au code de la route qu'il a commises ivre –il a notamment pris les Champs-Elysées à contre-sens-, il a été condamné à quatre mois de prison avec sursis en 2005, en France, pour avoir battu sa petite amie enceinte. Il a en outre été arrêté en Suisse en 2008 avec son épouse Aline, sur des accusations de lésions corporelles sur des membres du personnel, mais les accusations ont été abandonnées. Cette affaire a entraîné l'une des plus graves crises diplomatiques entre la Confédération helvétique et la Libye. À l'occasion du 35e sommet du G8 en juillet 2009, il a déclaré que la Suisse devrait être divisée entre la France, l'Allemagne et l'Italie. Il serait donc en fuite en Algérie avec son frère Mohammed, sa mère Safia, et sa sœur Aïcha.Saadi Kadhafi est le troisième fils du désormais ex-dirigeant libyen. Visé par une «notice rouge» d'Interpol, il se trouverait au Niger. Il est également soumis à une interdiction de voyager et au gel de ses avoirs, conformément à une décision émise en mars dernier par les Nations unies. Décrit comme un «bon à rien» dans un câble du Département d'Etat américain publié par Wikileaks, il a évolué dans deux équipes de football de Tripoli entre 2000 et 2003, et a aussi dirigé la Fédération libyenne de football. Il s'est en outre essayé au cyclisme, mais a échoué aux tests anti-dopage.Aïcha Kadhafi, a 35 ans. L'avocate de formation est professeur de droit et préside l'ONG Waatassimou libyenne Waatassimou. Elle a marqué les esprits pour avoir fait partie –volontairement- de l'équipe chargée de la défense de Saddam Hussein après sa chute en 2004. Elle est mariée à un cousin de son père depuis 2006. Elle se trouverait donc en Algérie.Kadhafi avait une autre fille, adoptive, qui serait morte en 1986. Hannah aurait été tuée à l'âge de quatre ans dans le raid américain de représailles contre un attentat commis dans une discothèque fréquentée par des soldats américains à Berlin-Ouest, un peu plus tôt, imputé à Tripoli. Milad Abouztaïa. On sait très peu de choses sur le fils adoptif et neveu du guide, à part qu'il aurait sauvé la vie du colonel lors du bombardement de son QG en 1986. On ignore s'il est en Libye actuellement.