La remise du rapport de l'AEIA sur l'usage à des fins militaires des capacités nucléaires iranienne met le feu aux poudres. Tsahal est sur le pied de guerre. Que se passerait-il si le gouvernement israélien ordonnait une attaque ? L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) publiera mardi un rapport sur le programme nucléaire iranien qui s'annonce explosif. Les experts et les diplomates interrogés par le «Washington Post» sont catégoriques. Oui, Téhéran, sous couvert d'un programme nucléaire civil, prépare bien la mise au point d'une arme nucléaire. La perspective d'une intervention militaire «serait une très grave erreur aux conséquences imprévisibles», a expliqué lundi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Il n'y a pas de solution militaire au problème nucléaire iranien comme il n'y a pas de solution militaire à tout autre problème dans le monde contemporain», a-t-il ajouté. Rappelons que la Russie s'est longtemps opposée à l'intervention de l'Otan en Libye et a signé un programme de nucléaire civil avec l'Iran, en septembre dernier. La France partage ce point de vue. «Une intervention militaire pourrait créer une situation totalement déstabilisatrice dans la région, il faut tout faire pour éviter l'irréparable», a expliqué dimanche Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères.Samedi, à la télévision, le président israélien Shimon Pères avait qualifié de «plus en plus vraisemblable» le scénario d'une attaque ciblée contre l'Iran, sur la foi d'un rapport «alarmant». Au micro de Radio Israël, le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a tenu à minimiser la possibilité d'une intervention militaire israélienne contre des installations nucléaires iraniennes. «La guerre n'est pas une partie de plaisir (...) Nous ne voulons pas d'une guerre», a-t-il expliqué, ajoutant qu'aucune décision n'avait été prise de «nous embarquer dans une quelconque opération».. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, lui, bombe déjà le torse et ne fait rien pour éteindre l'incendie, bien au contraire. Dans un entretien paru lundi dans le journal égyptien «Al Akhbar», il se montre belliqueux. «Nous avons des capacités militaires différentes de tous les autres pays de la région. L'Iran (...) est capable de tenir tête à Israël et à l'Occident, et particulièrement aux Etats-Unis», a-t-il notamment affirmé, répétant que le programme nucléaire de son pays est à but strictement énergétique. «C'est Israël qui possède quelque 300 têtes nucléaires. L'Iran ne cherche des capacités nucléaires que dans un but pacifique». Les prochains jours s'annoncent décisifs. Israël a-t-il les moyens de s'attaquer à l'Iran ? La remise du rapport de l'AEIA sur l'usage à des fins militaires des capacités nucléaires iranienne met le feu aux poudres. Tsahal est sur le pied de guerre. Que se passerait-il si le gouvernement israélien ordonnait une attaque ? Challenges a évalué l'arsenal militaire des deux pays. Quelques jours plus tôt, 14 chasseurs F-16 israéliens s'entraînaient en Sardaigne à des missions "à longue distance", tandis que le ministère de la Défense testait avec succès un missile balistique doté d'un nouveau système de propulsion – très probablement le Jericho 3, dont la portée de 4500 à 7000 km permettrait largement de frapper l'Iran. Israël a-t-il les moyens de se lancer dans une opération d'envergure ? Côté forces aériennes, le combat apparaît singulièrement déséquilibré. Quand Israël peut s'appuyer sur une flotte récente estimée à 243 F-15 et F-16, en attendant les F-35 commandés à Lockheed Martin, l'Iran jongle péniblement entre des vieux chasseurs américains livrés du temps du Shah (F-14 Tomcat), des appareils de conception soviétique (MiG-29 Fulcrum), quelques vieilleries récupérées en Irak (une poignée de Mirage F1 et Sukhoi Su-24 et Su-25) et des avions chinois totalement obsolètes (F-6 et F-7). Quant au chasseur développé par les Iraniens, le Saeqeh, censé être meilleur que le F-18, ses performances ne semblent guère le faire apparaître comme une menace. L'Iran continue de développer et de tester des missiles balistiques aux portées toujours plus longues, qui peuvent théoriquement frapper le territoire israélien en quelques minutes. Principale menace : le Shahab 3 (Météore 3, en persan), un dérivé du missile Nodong nord-coréen, qui affiche une portée de 2000 km dans sa version la plus récente. Ces performances lui permettent de toucher, outre Israël, la partie orientale de l'Union Européenne, notamment la Grèce, la Bulgarie ou la Roumanie. Le régime iranien teste également un missile à propulsion solide, le Sejil 2, doté d'une portée comparable au Shahb 3, mais de conception plus récente et 100% iranienne. Côté israélien, le missile balistique Jericho III (4500 à 7000 km de portée), développé par l'industriel IAI et dont l'existence n'a jamais été confirmée par le ministère de la défense, est encore en test. Les experts assurent qu'il pourra être équipé d'une tête nucléaire.