Pour un concert musical de haut niveau, si le public connaisseur ayant eu la chance de vivre une escapade musicale instrumentale au bout des doigts de l'internationale soliste Jorge Orozco, avait regret, la déception serait certainement relative à la rareté de tel grandiose évènement, tenu grâce à la gratitude de l'institut Cervantès. Enfant de Valence l'autre voisine méditerranéenne de Mostaganem, le concertiste Jorge Orozco était seul sur la planche. Une guitare, sèche et espagnole par excellence, était au demeurant son seul instrument qui devait faire voyager les esprits flottants par la rêverie musicale, et l'accordée des mélodies. Et pour ouverture du bal, c'est l'incontournable nostalgique ‘Capricho Arab' du célèbre compositeur castillan Francisco Tárrega (1852-1909), considéré comme le créateur des bases de la guitare classique, qui sera à l'honneur d'un public n'ayant pas manqué de reconnaitre la célébrissime œuvre. Le monumental Jorge Orozco enchainera sa grande prestation en faisant un revenez-y sur d'autres grands compositeurs espagnols du XIX siècle dont la musique reste encore et toujours d'actualité et en vogue chez les mordus du classicisme. Isaac Albéniz (1860-1909) dont les œuvres pianistes inspirées de la musique espagnole folklorique et largement transcrites pour la guitare grâce à son contemporain Tárrega, sera aussi de la partie. ‘Asturias' viendra au bout de la caisse de la guitare d'Orozco, donner un punch bien languissant à l'âme musicale. Sans doute aucun d'ailleurs, cette musique bien connu des amoureux de la guitare espagnole, aura l'effet d'une aubaine pour les cœurs empreints de douceur berceuse. …1890, Estanislao quitte Mosta dans la précipitation Et pour rester dans le même rythme, la délicatesse du prodigue de Valence servira du reste sur la même lancée de notes espagnoles, grâce aux compositions de son compatriote Estanislao Marco (1873-1954). ‘A mi, qué !', ‘Canciones espagnolas', ‘Dulce recuerdo', ‘Almas gemelas' et ‘Dolora', sont autant d'œuvres qui font partie de l'universalité collective, y compris chez nous par le biais des radios espagnoles qui ont eu leur épopée auprès des fidèles ondes FM. Mais d'abord, égarons-nous pour la petite histoire assez extraordinaire, pour dire qu'Estanislao, compositeur incontournable de la musique classique ne fût pas aussi connue n'était-ce le concours bien fruit du hasard de Jorge Orozco qui a eu le génie de chercher dans la poubelle du regretté Estanislao, lui aussi enfant de Valence. Ce dernier a dû quitter Mostaganem lors de sa visite en 1890, en catastrophe à cause d'un incendie entre autre, ayant eu lieu dans une taverne sise au dessus de sa résidence. Sa musique par ailleurs, a connu avec le temps bien du succès notamment de la part de la diaspora que l'hôte de Cervantès et son directeur ont dû certainement relevé. Le ténor et non moindre directeur artistique de la Rencontre Internationale de Guitare de la ville de Torrent, Jorge Orozco, en ambassadeur privilégié de ‘la Cultura Espanola', s'est aussi intéressé à la musique classique dont les compositeurs aient été inspirés par la beauté de l'Andalousie. Exprimant à travers un joli concert tout l'esprit classique et populaire de cet instrument roi qu'est la guitare sèche dans les pays de culture ibérique, plusieurs airs des plus grands compositeurs contemporains tant méditerranéens que ‘latinos' ont été merveilleusement joués. Le concertiste interprètera sous cet angle Roland Dyens (guitariste français) dont en particulier ‘Saudade n°3' dont ‘Introduccion', avec ‘Ritual', ‘Fiesta' et ‘Final'. Quant à Francis Kleynjans (connu tant par ‘A l'aube du dernier jour'), ‘La espera' et ‘al alba' sont bien au menu, tout comme les rythmes de Carlo Domeniconi, l'autre figure de proue italienne. L'un des guitaristes espagnols des plus en vue, Jorge Orozco a entamé des études de musique dès l'âge de 9 ans à l'école artistique «Sociedad Coral El Micalet» de Valence (Espagne). Il y a appris la guitare avant d'affiner sa formation au Conservatoire supérieur de musique «Joaquin Rodrigo». Son cursus dans cet établissement est sanctionné avec brio, en 1985, par le Prix d'honneur de fin d'études pour la guitare. En 1988, il est consacré meilleur interprète espagnol lors du 22ème Concours international de guitare «Francisco Tarrega». Jorge Orozco est également professeur au Conservatoire professionnel de musique de Torrent et directeur artistique des Rencontres internationales de guitare de cette même Ville espagnole. Il sera longtemps ovationné par un jeune et charmant public notamment et dont l'autre grand et célèbre peintre bien de chez-nous, Oulhai Mohamed, résumera sa satisfaction au sortir du concert en deux mots, « c'est fantastique !» Un régal pour lequel tout un chacun remerciera certainement outre le concertiste, Mr Javier Galvàn directeur de Cervantès à Oran sur lequel l'on reviendra dans notre édition de demain.