Djamel Ould Abbes, qui vient de faire éclater sa colère devant Ahmed Ouyahia, est un bretteur de la politique, allure et verbe flamboyants, longtemps rival acharné d'Ouyahia, et se voulant l'héritier de la continuité, dont il prétend incarner la modernité. Ahmed Ouyahia ferait un très bon Premier ministre... en temps de guerre, ironisait un ex-ministre, à propos de cet énarque passionné par le premier empire, croyant dur comme fer à son destin et concevant la vie comme un combat. Si ses amis saluent son sens de l'Etat, ses ennemis raillent volontiers sa prétention: Ould Abbes, c'est du rien dans un bas de soie, avait lancé Louiza Hanoune en allusion à une déclaration de Napoléon à propos de Talleyrand. C'est le héros de son propre roman, dont il est le personnage central dans sa tête. Il est dans le virtuel, selon un autre ancien ministre. Homme de l'ombre, Ouyahia a été Chef de cabinet à El Mouradia sous le règne de Zéroual. Mon meilleur chef de commando, disait Zéroual. C'est lui qui souffle à son mentor, pendant les affaires du quinquennat, le fameux « terrorisme résiduel ». Il est l'un des instigateurs de la création du RND en 1997. Devenu chef du gouvernement, l'homme à la chevelure argentée connaît son heure de gloire en durant le mandant de Zéroual en portant sur ses épaules la guerre contre le terrorisme. Ennemi juré d'Ouyahia, Ould Abbes rêvait de lui barrer la route du palais du gouvernement, mais l'attachement de Bouteflika à sa personne l'affaiblit terriblement. Puis l'affaire de la pénurie des médicaments, où le clan Ouyahia l'accuse d'avoir voulu détruire son héros, l'abîme politiquement. La réussite d'Ouyahia de décrocher le poste de premier ministre, ne met en rien un terme à l'affrontement des deux hommes. Ould Abbes ne cesse de l'harceler pendant les conseils des ministres. Ould Abbes reprend son combat politique, décidé à avoir sa revanche en 2012. Mais peu à peu, ses principaux soutiens politiques commencent à l'abandonner.é