Le numéro 6 de la revue Cevifop a publié une analyse du vote pied-noir pour la prochaine élection. Le panel interrogé englobe non seulement des rapatriés, mais aussi des descendants de cette communauté, qui, dans son ensemble, représente le chiffre non négligeable de trois millions de votants. Comme pour les élections précédentes, le Front national confirme son attractivité, se plaçant au-dessus de sa moyenne nationale (28 % et 24 % pour les descendants), mais c'est le score de Nicolas Sarkozy qui est le plus révélateur : à égalité avec François Hollande pour les rapatriés (26 %) - contre 31 % en 2007 -, il s'effondre dès lors qu'il s'agit des fils et des filles de pieds-noirs : 15 % contre 31 % pour François Hollande.On ne peut s'empêcher de rapprocher ces résultats du très fort ressentiment exprimé par les associations de pieds-noirs contre Nicolas Sarkozy. Un ressentiment relayé, comme souvent dans les combats mémoriels, par la 2e et la 3e génération, qui, 50 ans après les accords d'Evian, ont jugé opportun de demander des comptes au gouvernement français. En 2007, le candidat Sarkozy avait promis la reconnaissance de la responsabilité de l'Etat français de 1962 dans les crimes et les préjudices moraux et matériels subis par les harkis et les rapatriés. Aux yeux des pieds-noirs et des harkis (qui, avec leurs descendants, représentent 800 000 votants), il n'a pas tenu ses promesses. Plusieurs associations, dont JPN (Jeune Pied-Noir, proche également des harkis), ont donc demandé aux candidats à la présidentielle 2012 de s'engager par écrit - et non plus par oral - pour cette reconnaissance d'un "crime d'Etat" .