Egrenés comme un chapelet de perles, les noms de Zabana, Ferradji, Cheriet Ali Cherif, Benyekhlef Amor le Témouchentois, Derrer, Abdelwahab Moulay, Chabane Ramadane, les frères Mahiedine Benarba, Benayad, Benalia, Kaddour Nait, Mimoun, Benchiha, Laouer, Mesbah, Abderahmane Bentahar, Berrabah, Kaddour Benayad et tant et tant d'autres noms, qui ont été tel un message qui s'est transmis, par la suite pour se perpétuer. Cela doit être souligné, car à nouveau, notre passé, intensément, resurgit et revit en nous, emplissant notre espace et fondant notre imaginaire redevenu créatif pour s'élèver et fuser dans l'arc en ciel de ce mot magique: Allah Akbar lancer tel un espoir par ces hommes hors du commun, au moment de la mort. A l'instar des autres témoins, Hocine Bouzaher a réservé une page dans son livre le Huitième matin en hommage à son frère de combat ; voici ce qu'il rapporte à ce sujet : « Après la prière, Zabana s'est approché des fenêtres et il a demandé à ses compagnons de lui pardonner le mal qu'il aurait pu commettre. Ensuite il a ajouté, à leur intention : « Je suis fier de monter le premier à l'échafaud », le chœur de ses compagnons lui a répondu : « Nous te suivrons mais qu'importe, avec ou sans nous l'Algérie libre vivra ». Zabana s'est tourné enfin vers son conseil : » Dites à ma mère que je ne meurs pas pour rien, que je ne meurs pas vraiment. »
Le 19 juin 1956 date maudite, incrustée solidement dans nos mémoires vengeresses Hocine Bouzaher poursuit et écrit : « Des survivants jeûnèrent, le 19 juin date maudite, incrustée solidement dans nos mémoires vengeresses. Il y aura d'autres dates maudites et d'autres 19 juin. Et de contnuer sur le sujet, le bourreau est de petite de taille, il a des lunettes noires, il vous dévisage attentivement derrière ses lunettes noires. Le bourreau bien sûr ne peut avoir que des yeux féroces de tueur ». Selon maître Benbraham, il s'agit d'un certain Berger qui a été exécuté sur ordre du FLN. La France devait guillotiner Zabana même s'il n'avait pas de bras, même s'il n'avait pas de jambe, même s'il n'avait ni bras ni jambes et même si cette guillotine devait tomber cent fois. Pour preuve, Monseigneur Duval, archevêque d'Alger, accompagné de plusieurs personnalités et dignitaires religieux avaient demandé audience à Robert Lacoste, ils l'avaient supplié de surseoir à l'exécution de Zabana et Abdelkader Ferradj parce que cela entraînerait des représailles de la part du FLN et de la population et que des victimes innocentes en payeraient le prix fort. Lmais la démarche sera vaine et Robert Lacoste resta inflexible. La France a cru à tort qu'elle pouvait éteindre la flamme révolutionnaire qui éclairait les Algériens dans leur juste cause en exécutant Zabana. Robert Lacoste, ministre-résidant en Algérie, pensait qu'en guillotinant Zabana et en l'exécutant comme un vulgaire criminel, il s'attirerait les faveurs des colons et la complaisance des généraux. La France et Robert Lacoste ont eu tort, puisque le 21 avril 1960 un quarteron de généraux félons et colons ultras trahiront la mère patrie. Zabana un exemple de bravoure Zabana devait mourir coûte que coûte, il devait servir d'exemple. Mais la France avait ignoré que les héros ne meurent jamais ; cet acharnement à vouloir coûte que coûte trancher la tête de Zabana n'avait fait que galvaniser l'ardeur des combattants de l'ALN à bouter hors de l'Algérie les occupants français entêtés dans leurs idées que l'Algérie leur appartanait. Ses compagnons d'armes en Kabylie fusillent deux soldats français faits prisonniers, Anousseau et Serreau en guise de représailles. Le gouvernement français ne s'est pas du tout inquiété des conséquences et des effets collatéraux du passage sous la guillotine de Zabana sachant pertinemment qu'il sera vengé par ses compagnons et qu'il y aura des victimes françaises. C'était le dernier des soucis du gouverneur général. Le plus important, et le plus urgent, c'était d'écouter les doléances des colons consistant à exécuter Zabana quel que soit le prix à payer en victimes françaises. Robert Lacoste avait refusé sa grâce sous la pression du lobby colonial. Le FLN décide que tous les détenus de Serkadji fassent grève ce jour du 19 juin. Abane, Ben M'Hidi et Ouamrane passent à l'action. Des ordres sont donnés à Bouchafa pour mener des opérations de représailles ; cependant Ouamrane précise : « Pas de femmes, pas d'enfants, pas de vieux ». Les actions commenceront le 20 juin à 18 heures. Yves Courrière rapporte dans son ouvrage sur la Guerre d'Algérie que Yacef Saâdi reçut le même ordre pour le 21 juin. Deux pieds noirs seront les premières victimes ; une feuille de papier sera déposée près de leurs corps où était écrit » Zabana, Ferradj, vous êtes vengés ». « On devait retrouver ces mêmes mots sur les corps des 49 victimes, tuées ou blessées au cours des soixante-douze attentats qui, pendant trois jours, plongèrent Alger dans la terreur ». A Oran, après l'exécution de Zabana, les soldats français arrivent dans de nombreux camions vides et encerclent le quartier de Médiouni, ils feront monter tous les hommes adultes et les déposent dans un endroit appelé la « mer rouge » parce que le sol avait une couleur rougeâtre, aujourd'hui c'est l'emplacement du manège d'Oran. Ces précautions avaient été prises pour éviter des débordements de population voulant venger la mort de leur héros. Quand les héros demeurent vivants pour toujours Pendant sa détention à Barberousse, il laissa un extraordinaire souvenir de courage et de détermination à ses codétenus qui furent frappés par ses capacités d'endurance. Un ancien détenu témoigne : « Blessé à la jambe, il marchait en boitant. Les geôliers tentaient de lui briser le moral, mais en vain. Zabana galvanisait ses camarades et les exhortait à ne pas flancher. Dans sa dernière lettre, la veille de son exécution, et adressée à ses parents, il avait écrit textuellement : « Mourir pour sa patrie, ce n'est qu'un devoir ». Selon L'écrivain Boualem Nedjadi, Zamoum dans son excellent ouvrage Tamurth Imazighen : Quand les héros ne meurent pas sous la guillotine. Quand les héros ne meurent pas d'une balle dans le dos. Quand les héros ne meurent pas sous la torture. Alors on les tue de folie psychologiquement. Quand les héros meurent de folie des suites des séquelles de la la torture. Imerzoukène est originaire de la région de Tizi Ghenif, c'était un ancien militant du PPA. C'était un commerçant en huile et olives. Il fut arrêté seulement quelques jours après le déclenchement du 1er Novembre ; il fut longuement et affreusement torturé et en a gardé de graves séquelles qui lui furent fatales puisqu'il sombra dans des crises de folie où il perdit la raison et mourut. Extraits du livre « Viva Zabana »