Rares sont les responsables, qui ont considéré Mostaganem comme leurs deuxième ville natale et peu sont les walis qui ont bossé pour le bien être de la ville des Mimosas, a vue d'œil, et en constatant la défiguration de son esthétique on a la conviction que la main de ces derniers est pour quelque chose. Appelé jadis « la Suisse » de par sa quiétude et sa propreté exemplaire, Mostaganem est connue pour ses beaux immeubles et chacun d'eux portait un nom selon la couleur de sa façade et de son architecture spécifique, à l'exemple de l'immeuble vert du centre ville , l'immeuble rose de la DTP et l'immeuble du colisée .Ainsi et sans considération a la culture de cette ville, les responsables ont peint les immeubles en bleu et blanc transformant ainsi Mostaganem en hôpital et commissariat .. ! Capitale du Dahra, Mostaganem, c'est deux concepts architecturaux différents, celui de la renaissance laissé par la France coloniale, que représente la ville moderne et celui de la Médina Tijditt de style arabo-musulman, que délimite le vallon de l'Aïn Séfra et qu'entourait des jardins potagers magnifiquement plantés avec ses arbres centenaires qui ont disparu, aujourd'hui elle ne ressemble plus à cette perle de la méditerranée, telle qu'elle a été décrite par le président de la république lors de sa visite. Le résultat, étant que celle-ci a perdu de tout son charme de par le saccage de ses espaces verts et de tous ses vestiges, aussi l'on ne peut que constater cet acharnement destructeur couronné par une couleur fantaisiste. C'était une cité aux artères, rues et avenues flamboyantes, pour être menacée dans ses fondements même par la ruralisation qui est dans sa phase finale et la dévalorisation de son esthétique qui avait fait sa réputation. La comparaison n'est plus mesurable, avec son passé pour faire le bilan d'un tel crime commis au su et au vu des autorités, et ce en toute impunité contre un patrimoine riche historiquement. L'on ressent une certaine affliction, qui vous étreint face au spectacle carnavalesque qui l'a frappé en voyant ces couleurs fantaisistes qui n'ont aucun rapport avec son patrimoine. Peint en bleu et blanc, les bâtisses ressemblent plus à des hôpitaux et des commissariats de police, qu'à des immeubles qui demandent une esthétique conceptuelle dont le contraste doit être le reflet d'une cité moderne afin qu'elle puisse retrouver ses couleurs d'antan. Cette couleur, a fait perdre à son patrimoine le Style architectural qui l'a distinguait par rapport aux autres villes du pays. L'esthétique, qui est le cachet propre de la ville a été altérée par cette couleur inappropriée, devenant victime de sa propre renommée. La chronologie destructrice qui l'a frappé dès 1962, continue, et résume son destin pitoyable, par le démantèlement de ses sites historiques, de ses annales révolutionnaires, de sa culture et de tout ce qui rappelle son passé et son histoire. Ceci nous permet de nous poser les questions essentielles, sur son déclin qui ne fait que s'aggraver, par ce bleu et blanc et ce n'est ni plus ni moins que de l'animosité contre une ville, qui a rayonné aux grands dames de ceux qui ne veulent pas le reconnaître et qui veulent la détruire coûte que coûte. Mostaganem assassinée par ses propres enfants .. ! L'impudence de nos responsables n'a plus de limite, et il est clair qu'elle a été programmée dans le temps d'où sa déculturation et sa destruction préméditée, devenant la cible d'opportunistes et d'arrivistes. L'on est effaré, par le délabrement de certains immeubles et architecturales uniques non entretenus, de maisons écroulées ou abandonnées, ajouter à tout cela l'accumulation d'ordures et de gravats qui frappe également le visiteur, y compris dans le centre de ville. Les rues, les routes, les trottoirs sont en mauvais état, parsemés de nids de poule des espaces squattés, par le marché informel qui est devenu une plaie pour son économie. L'éclairage public est aléatoire, et le décor est saisissant de par les souks qui l'on envahi et entaché, une circulation chaotique, une anarchie dans le stationnement, et une insalubrité qui fait honte au mostaganémois. Pour ce qui est des collectivités locales, notamment les élus APW et APC, ils ne sont que des exécutants et parrainent une anarchie galopante en se murant dans le mutisme, complice du pourrissement et du laisser aller condamnant ainsi cette ville pilote. Dans ce contexte, le mostaganémois vit un malaise profond et qui se manifeste de différentes façons : multiplication des conflits sociaux ou des contestations locales et désintérêt à l'égard de la vie politique et de tout ce qui a trait à l'amélioration des conditions de vie de la cité. À cela s'ajoute l'absence de loisirs, disparition des cinémas qui tombent en ruine, des actions culturelles mal organisées et sans véritable programmation, offre désuète et médiocre des bibliothèques publiques et la liste est encore longue, alors que c'est une ville à vocation culturelle.