« L'être humain n'est que de passage ici-bas. La vie est brève, nous devons tous disparaître un jour ». Voici un des dernières phrases du regretté Mohamed Boudiaf ou l'homme qui avait suscité l'espoir de toute une nation, confrontée alors aux balbutiements de ce qui allait devenir la décennie noire. Il y a vingt ans, le président Mohamed Boudiaf a été assassiné par des forces occultes, alors qu'il présidait une conférence des cadres à Annaba. Ce jour là, il sera lâchement abattu par derrière et vingt ans après personne n'a pu oublier cette scène qui aura marqué le peuple algérien tout entier. Aujourd'hui encore, le flou demeure sur les circonstances de son assassinat. La thèse officielle: Un acte isolé La thèse officielle d'un acte isolé reste pour la majorité des Algériens qu'un procédé habile de la part de certains hauts responsables politiques et militaires de ne pas révéler leur implication directe dans cet horrible assassinat. Pour les observateurs, Boudiaf par sa simplicité son patriotisme et son amour pour le pays ne pouvait que déranger, du fait qu'il mettait en péril les intérêts de certains, sa venue bouleversait la donne et les calculs contrairement à tous les dessins échafaudés dans les coulisses par ceux qui voyaient en cet homme un danger potentiel pour leur devenir. Boudiaf représentait pour le peuple l'espoir, cependant il n'aura pas le temps de mettre en œuvre son projet pour l'Algérie. Tayeb El Watani, 73 ans en cette journée fatidique recevra des rafales de balles dans le corps d'où l'acharnement de Boumarafi contre un homme qui lui tournait le dos et qui avait toute confiance. Cette lâcheté, ne peut que donner à réfléchir au peuple vingt ans après et suscite toujours des interrogations. Boudiaf : l'espoir assassiné Boudiaf était l'homme du consensus dans cette période de doute et d'inquiétude l'espoir était permis avec lui , du fait qu'il était propre et intègre. Boudiaf en répondant à l'appel du peuple et du pays, ne pouvait savoir qu'il allait à la rencontre de ce destin si tragique et qu'il lui coutera la vie, même s'il avait le moindre doute il aimait trop son pays pour refuser de répondre présent à l'appel de la partie. Pour Tayeb El Watani, le retour au pays était primordial tant l'Algérie avait besoin de ses enfants et il était l'un d'eux. Il savait aussi que la tâche serait difficile, tant le climat politique et sécuritaire s'étaient dégradés mais tout au fond de lui-même il savait qu'il n'avait pas le choix et que le devoir encore une fois était plus important que l'exil. Tout plein d'espoir pour son pays, il créera le Rassemblement Patriotique National (RPN) qui excluait de fait tous ceux qui ont une responsabilité dans la crise que l'Algérie a connue. Mais cet espoir n'a eu que quelques mois de vie puisqu'un certain 29 juin, peu avant midi, il reçut plusieurs balles, qui le briseront et qui ne durera que le temps de quelques mois. 20 ans après cet ignoble crime qui n'a pas été commis simplement contre la personne de Boudiaf mais de tout un peuple, tant l'espoir était permis, les algériens se souviennent et n'ont pas oublier cette flamme de liberté et de démocratie que représentait ce symbole de l'Algérie. Avec sa mort l'Algérie venait de perdre l'espérance et le devenir de tout un peuple et à l'occasion de ce cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, la mémoire collective ne peut que se souvenir de cet homme dont le combat pour sa patrie n'avait jamais cessé.