Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Bienvenue en Absurdistan Qui est spéculateur et qui ne l'est pas ? Qui aura trouvé l'aubaine de l'être et qui ne l'aurait pas été ? Qui pourrait disposer du gros lot et qui aurait craché dessus ? Quel gogo pourrait refuser l'enrichissement quand l'opportunité s'y prête ? Evidemment, personne ne rechignerait. Seulement, ne peut être spéculateur qui veut. Il y a celui qui fait partie du milieu. Ou du cercle. Et il y a celui qui y est seulement associé. Pour l'être, il faut faire partie de nous. Ou d'eux. Ensuite, il faut savoir souffler les lois et les décrets, favorables et favorisants du gain facile. Des textes à interpréter selon. Qui bloquent de ce côté-ci, et enrichissent de l'autre. Hna ! Hna ! Nous vivons sous la loi qui n'a rien d'universel. Il n'y a pas de choix et il n'y a rien à dire. Juste prêter son dos, acheter, se taire et laisser faire quand cela ne nous concerne pas. C'est la règle en vigueur depuis que le bled a investi l'économie de l'anarchie. L'anarchie s'est emparée du souk national, et les prix ont été libérés à notre place. Les démons avec. Maman l'Etat a aussi été libéré de son épicerie, de son transport, de son commerce en général et même de son sifflet d'arbitre régulateur. Résultat : En toute démocratie dans l'anarchie, chacun joue comme il veut et quand il peut. Surtout pas loyal ! On sait que l'arbitre n'existe pas, n'est jamais là où il faut et quand il le faut, est trop faible pour tout voir, trop complaisant pour tout autoriser sauf l'émeute ou la marche dans la rue, et trop timide quand ses commis ont été achetés. On stocke son produit, on fabrique la pénurie, et on laisse faire, le temps et la loi de l'offre et de la demande. Jusqu'à mettre en ébullition la mercuriale, prête à envoyer les prix surfer, loin de la sous-paie du malheureux smicard. ‘'C'est la faute aux boyaux qui bouffent trop sans compter !'', se justifie l'arbitre absent qui fait mine d'être contre les barons tricheurs qu'il a fabriqué et grossi. Derrière ses couffins de ramadhan, il se range du côté des dindons d'une farce nationale organisée, trop grognards et menaçants de terminer le spectacle dans la rue. Tant que le tuyau coule, le salut national y sera. Subvention par ici, remise sur orbite d'un défunt office de la déroute socialiste, couffins pour les misérables jeûneurs plus faux que réellement miséreux, remise des agréments de l'Import-Import pour les héritiers du bled, et zid ô toi Benbouzid lors de ta rentrée prochaine. Par solidarité contre le Ramadhan, on s'y met tous dans la débandade. Les statistiques boufferont la flambée, somme toute passagère, seulement récurrente. Ramdhane a été accueilli comme ses prédécesseurs. Comme venu, il ira. Reste à savoir si nous, pauvres dindons, nous reviendrons !