Enième ‘'renflammée'' des prix, monde et mentalités chamboulés de fond en comble, Dame Batata stockée, Lalla Zlabiya à réguler par décret, couffin à destinataire choisi ou détourné … Epousant Auguste le roumi, c'était le musulman Ramdhane qui s'est installé cette semaine. Sidna pour quelques-uns, Ramadhan pour tout le monde, le mois de la piété et de la pitié préoccupe. Il préoccupe, et le bas et le haut déjà préoccupé par la propagation inopinée d'un printemps arabe qui ne veut pas se calmer ailleurs. Beaucoup de politique derrière, de publicité, avant et pendant, et des statistiques positives pour plaire, après. Les bonnes affaires pour ceux qui en ont le sens, ou savent en faire. L'aubaine pour éplucher son frère client, ou déshabiller l'acheteur occasionnel. Le registre de commerce exigé pour celui qui veut huiler et bouillir la farine à l'orientale. Des provisions, superflues et à profusion, pour ceux dont l'horizon ne dépasse pas leur ‘'meïda''. Frustration, pour ceux qui veulent faire comme les autres, sans en avoir les moyens. Simple privation, pour ceux qui imitent les jeûneurs sans foi. La paix, le silence mortuaire, et la désertion dans les bureaux. Le tonnerre et la guerre, là où plus de deux Citoyens se croisent. Le vol caractérisé qui ne dit pas son nom dans le commerce. La frénésie et la fièvre de l'achat, et le regard hautement envieux au souk. Le souk dans la bouffe avec les yeux. La communauté des tubes digestifs a entamé la diète stomacale diurne, et l'hémorragie de la poche au quotidien. On fait comme et mieux que son voisin, même à crédit, sous la dictée de son ventre ou de ses yeux. Avènement rituel de Ramadhan oblige, tous les Citoyens, comme leur Etat, regardent du côté du commerçant. Un commerçant qui n'est personne d'autres qu'un citoyen quelconque que tous ses pairs condamnent pour sa bosse, si grosse à chaque retour de Ramdhane, qu'elle cache les bosses de tous les autres frères compatriotes. Le commerce made in chez nous a ses techniques propres : Il faut acheter bon marché pour vendre plus cher que tous. Il faut stocker pour créer la pénurie, et sortir au bon moment sa marchandise. Il faut acheter le contrôleur de Ramdhane Benbada, s'il y en a un de passage, sinon baisser le rideau quand on vous avertit qu'il passera telle matinée dans votre rue. Les qualités, trucs et astuces sont multiples, dans ce secteur plus informel que licite. Après tout, le commerce est Halal, vous diront les tenants du premier rang de la mosquée, sans se soucier s'ils ont un registre de commerce ou s'ils exercent sans. Comme souvent, un commerçant ne commet aucun péché. Ce n'est point du vol, du moment que le produit, même avarié, est pesé sous le regard trompé du dindon de la farce qui met la main à la poche en rigolant. Ni une agression, puisqu'il bouscule volontiers ses pairs pour se faire servir en premier. Un commerçant ne fait que joindre le fournisseur au consommateur, en puisant de quoi mieux vivre que les deux bouts. La faute demeure celle de Kheira-l'Etat qui meurt de peur de perdre son siège. Chacun de son côté et à sa façon, on s'est préparé à la survie à une mercuriale artificiellement affolée. Les sujets d'ici-bas par l'empressement de tous à tout liquider en même temps. Y compris le superflu. Et les gouvernants d'en haut, par un plan Ramdhane Benbada et des réunions interminables closes par des couffins, des prêches de bon comportement et des appels pour plus de pitié. Entre les deux reflexes, c'est l'ogre ‘'marché'' qui sévit. Et qui permet à la laitue ou au navet, de se permettre des ailes et de prendre les airs, bien plus haut qu'une bourse, surtout maigre. C'est la loi de l'estomac avide. Et des affaires, pas forcément saines. A trop y penser, ça a l'air si dur, un Ramadhan estival ! Un Ramadhan qui n'a jamais empêché personne d'acheter tout en se plaignant des prix exorbitants ! C'est chez-nous ! Et c'est normal !