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Bricoles pour blanchir le marché noirci ...
Publié dans Réflexion le 27 - 07 - 2012

Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Bienvenue en Absurdistan
Souvenons-nous-en ! Du temps du Moustachu, de ses triples révolutions et de ses pénuries. De son Ofla, de sa Cofel, et du Souk de son fellah. Il y avait l'Onaco, Edipal, Edied et autres Edimco où Maman l'Etat vendait le cumin et les épices, le café et le sucre, l'huile et la semoule, les casseroles et les marmites, jusqu'à l'eau de javel et le ciment. On faisait la chaîne pour une douzaine d'œufs et l'agent qui déchirait les tickets de caisse à la sortie des Nouvelles Galeries Algériennes ou du Souk-el-fellah avait son statut particulier. Il faisait la pluie et le beau temps dans ces uniques grandes surfaces. Il était le plus respecté, le plus courtisé, et qui ? heureux avait la chance de le connaitre ! C'était lui le fournisseur en temps de pénurie. Ah la pénurie, et le bon vieux temps de l'Etat chargé de tout. Ni raisin sec, ni concentré de tomate, ni amendes, ni Omo, et encore moins de piles ou d'appareillages domestiques. Pour avoir une demi-livre de beurre, il te fallait acheter une fourche, une pelle ou l'équivalent du poids en boulons ou en clous avec. Tout se distribuait sous le manteau ou le comptoir. Le wali avait son quota de téléviseurs à céder à qui il voulait. Il te fallait avoir des connaissances partout. Un rien nécessitait l'intervention du moins que rien qui se prenait pour l'émir du bled. On regardait la télévision, il n'y avait qu'une chaîne qui, de l'après-midi au soir, faisait l'éloge du président au burnous et de l'Etat populaire. Une constante de la Révolution qui existe toujours de nos jours. Les gens travaillaient, paraissaient heureux, voyageaient autorisés à l'étranger mais n'avaient pas le droit d'avoir une opinion autre que celle vendue dans les souks El-Fellah. L'Algérie était alors divisée en trois classes, les pauvres, la classe moyenne et les Héritiers qui avaient le Pouvoir. Le système tout-puissant voyait tout et entendait tout derrière ses lunettes noires. Il veillait sur son peuple comme le clamait la propagande officielle et les Algériens étaient heureux comme le chantait Deriassa. Puis, vint l'ère du PAP et des kiwis. On mangea des bananes et des devises et peu à peu le paysage mercantile du bled se libéralisa dans l'anarchie sous surveillance. Le fossé grandit aussi vite que les privilèges du Parti unique et la classe moyenne disparut dans l'import-import. Les gens n'avaient plus peur de dire et de marcher mais les lunettes noires étaient toujours en service. On entendit pour la première fois des mots étranges comme démocratie, islamisme ou multipartisme. Les années passèrent, tourmentées pour plus d'une décennie, fructueuses et bénéfiques pour les apparatchiks, plus nombreux chaque année que les moudjahidine. Un deuxième millénaire s'acheva et la télévision passe toujours le même programme des années soixante-dix. On continue la Révolution en rond de pays en voie de sous-développement. Maman l'Etat toujours populiste, découvre que l'ouverture du souk au privé qu'il a choisie pour son peuple ne convient pas à l'assistanat. Le marché libéré à la place du peuple a trop noirci. Au nom de son Etat, Mustapha le vizir du mercantilisme n'a pas meilleur plan pour le blanchir qu'en le récupérant. A bientôt donc anciennes futures Enapal, Edipal, Edied, Edimco, et pourquoi pas Aswak et Enafla ! Il suffit d'un décret pour tout ressusciter ... même l'échec !

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