Chaque jour, quelqu'un ou quelque chose me rappelle que je suis chez moi. Bienvenue en Absurdistan La route ! On ose la qualifier de terroriste, surtout au lendemain des massacres collectifs, alors qu'elle demeure innocente ! Cette route qu'on aimerait tous une autoroute personnelle, rapide et express, rectiligne, large et plane, sans crevasses, ni dos-d'âne ou nids-de-poule. Une route peut mal conduire, peut-être, si on s'est détourné de la bonne, ou si on a emprunté la mauvaise. Mais aller jusqu'à projeter un fils à maman gâté au volant de la 4x4 à papa, contre un arbre ou dans un ravin, ça jamais elle n'oserait l'entreprendre ! Tout comme elle n'apprendra jamais à un fellah à bien conduire avec un permis troqué contre une récolte de petits pois, ou un bélier d'Aïd. Elle n'ira jamais comme un élu récupérer le permis de conduire d'un beau-frère ou le cousin pris en infraction. Tout comme elle n'acceptera point de le restituer contre une malle de fruits et légumes, un festin, ou une beuverie de week-end. Elle ne fermera jamais l'œil en regardant un magistrat rouler à contre-sens, ou en voyant voler sur elle la grosse moto du bambin d'un quelqu'un. Accusons-la de tous nos maux, elle aura toujours la conscience tranquille. Même si ses aventuriers continuent à s'y suicider, ou tuer les usagers innocents. Elle n'ignore pas qu'elle sillonne un bled de Hogra populaire. Qu'elle n'est bien soignée et chouchoutée de tapis d'enrobé, que là où passent les grands commis du régime, les élus du peuple grands parleurs, et les notables du douar. Tous les algériens le disent à propos des autres algériens quand ils ne sont pas au volant. Ou au guidon : ils conduisent et se conduisent mal ! La catastrophe chiffrée des gendarmes et de la police semble leu donne raison. Tous futés et zélés, tous pressés, empressés, compressés et dépressifs, tous nerveux et fiévreux, ... alors inéluctablement, c'est le ‘'tag sur men tag'' sur la ‘'pauvre'' route. Comme partout, en tous domaines de chez-nous, avec peut-être la seule différence du drame national illustré par les statistiques. Là est le fruit ‘'naturel'' et évident de l'éducation d'un peuple de 50 ans. Rien de bizarre donc. Avec la funèbre moyenne de 4 000 morts/an sur le macadam pour un pays qui ne fabrique pas de voiture et qui n'a pas appris à ses sujets à devenir citoyen, le bled a de quoi se targuer parmi les meilleurs au monde par sa macabre performance sur les routes. Sur sa route, l'Algérien reste un chauffard qui s'ignore, ignore les autres et roule sur les règles de la bonne conduite. Comme les autres, avec les autres lois à profusion de la République ! La déduction n'est pas mienne, mais j'y adhère pleinement. C'est celle d'un universitaire bien de chez-nous : “les Algériens conduisent comme ils se conduisent. Ils ont appris à fonctionner selon le principe d'essence politique, du “tag sur men tag". C'est le règne de la loi du plus fort qui veut manger tout, le principe étant de passer avant les autres. Pas besoin donc d'avoir droit à une quelconque priorité, si on a les moyens de se l'octroyer. Une base fondamentale qui régit le Système qui nous régit et dont on connait les résultats, les performances et les bilans toujours positifs.