Cette piété d'antan, était pratiquée pour secourir, assister et venir en aide à ceux que la vie n'a pas gâtés et à celles sur lesquelles s'acharne parfois sans raison le sort. Cette forme de culte ne questionnait jamais celui qui a été défait par l'adversité, par la détresse et par le malheur. Elle était accomplie pour soulager tous ceux lestés par les privations, parfois de simples besoins humains auxquels ils n'ont pour différentes raisons pas accès. C'est cette simplicité face aux éventuelles questions existentielles, qui fait la richesse des récits fabuleux des ramadhans d'antan, et que parfois les font se confondre avec des contes. Selon les anciens, ces époques finies avaient des odeurs qui ne sont plus les mêmes aujourd'hui. Les goûts des fruits, des légumes, des ingrédients, des condiments, de la galette, qui ne dégagent présentement que de fades bouquets et des saveurs délavées. Les rues, selon ceux d'antan, n'embaument plus les parfums et les aromes de ces choses du passé qui faisaient à elles seules que le ramadhan, en soit un. Tout est passé au tarare, pour que le moindre détail du temps ancien soit magnifié. A les entendre, tout était dans toutes les villes, paisible et apaisé. Ainsi l'annonce de la rupture du jeûne se faisant par mouadhéne, du haut de son minaret, à voix d'homme, jusqu'au point le plus éloigné de la cité, où elle pouvait porter. C'était la part d'humanité que véhicule la voix humaine, de loin plus douce et bienfaisante, que tous les moyens électriques, électroniques et autres supports actuellement utilisés à outrance. sinon, l'annonce se faisait par un tir de coup de canon, tradition Ottomane, installée à l'époque à la cité El Arsa au jardin Bouchelaghem, dit « Benbella Ahmed » dirigé vers la mer durant la colonisation française du pays. Si désormais, l'indifférence enjolive quasiment la venue du mois du jeûne autrefois, les gens s'y préparaient. Ils nettoyaient leurs habitations et les décoraient aussi, les femmes également préparaient des composants et divers assaisonnements tels que le frik pour la chorba, la menthe séchée et pilée et autre épices réduites en poudre. La semoule pour les différentes sortes de galettes, et pour la composition des gâteaux et autres douceurs pour les veillées. Les reproches faits au ramadhan d'aujourd'hui c'est que toutes ces bonnes choses maintenant s'achètent, et nul ne prend le temps ni la peine d'en confectionner, d'en manufacturer. Soit cependant on ne peut nier que cette façon de faire actuellement donne du travail et procure des revenus à ceux qui en produisent et en vendent aux autres. En conclusion ce rêve ne dure que l'espace d'un mois lunaire et de sa magie. C'est aussi cela un pan d'un patrimoine culturel commun combien même il serait immatériel et incorporel. Et s'il se répète à chaque génération, c'est qu'il y a un besoin éprouvé quelque part et à priori cela fait du bien à tous alors Saha f'tourkoum à toutes et à tous.