On ne nait pas Algérien, on le devient. On devient émotif à souhait, on oublie vite le désastre du tonton partant, et on le plaint pour sa chute fatale du trône. Certains, les haineux auraient probablement sautés, voir volés de joie si l'Etat s'était mis à demander des comptes avant de rentrer chez soi. Que les rancuniers se poignardent, Maman l'Etat est généreuse, et n'a jamais demandé de comptes à ses hauts commis. Rien que le choc de l'éviction leur suffit pour le reste de la vie. Il fallait faire leur chute de si haut et d'au bout d'éternelles années cloués dans leur fauteuil au service de la Patrie pour plaindre leur état. Bouteflika ne sait vraiment plus ce qu'il fait en donnant les coups de pieds à ceux qui n'ont jamais cessé de seriner ses bienfaits pour le bled. Il ne l'a pas dit, mais on l'aura compris qu'il continue de savoir que les sélections législatives ne servent pas à grand-chose. Le Rassemblement n'a pas refait son tabac, on pouvait admettre que Si Ahmed l'imbattable ne soit recyclé. Mais le pauvre Front ! Lui que son chef est convaincu qu'il est le grand gagnant, il aurait dû être mis au gouvernail pour montrer le henné de ses mains, et prouver à quelle folie son peuple l'aime. La réhabilitation ne s'est pas opérée, mais ce n'était pas l'essentiel des propos. Les électeurs peuvent voter et donner leur majorité, Belkhadafi reste leur meilleur avocat et il a déjà dit son mot. Son soutien plutôt. Ce à quoi j'ai failli croire que quelque chose a bougé, j'ai pas dit changé, c'est le départ du vizir de l'école. Avec toute son expérience au poste, un record non seulement national ou continental, mais mondial, et malgré son âge encore jeune, il n'a pas été laissé mener ses réformes jusqu'au bout. Si vous pensez au bout du désert ou du sinistre, vous assumez, c'est pas moi qui l'ai dit. Triste bled où l'on ne daigne pas valoriser l'expérience, malgré qu'on fût le seul Algérien à avoir été reconnu et clamé père d'une Réforme, celle de l'école algérienne de l'Indépendance. Autre tonton non moins jeune que le peuple devrait regretter, c'est le Docteur Djamel. Lui, le prétendu proche, éloigné alors qu'il est encore à la force de l'âge de donner à son pays, normal qu'il ait subi difficilement le choc terrible. Normal aussi qu'il ne peut savoir quelle direction de sa retraite prendre. Qui va nous rabâcher son Excellence le Président de la République Monsieur Abdelaziz Bouteflika m'a instruit de ou pour ? Il y aura certainement d'autres sbires qui le diront, mais probablement pas avec la même conviction de sa servitude. Toujours Homme de la bienfaisance, mais avec le grand regret de son fauteuil, et en attendant sa retraite qui n'interviendra pas, il ira s'occuper peut-être des malheureux de la Bosnie, du Soudan ou de l'Irak. Malheureux d'avoir été libérés de la sorte, Boubekeur, Djamel, et leurs désormais anciens amis du gouvernement effacés de l'échiquier auront tout de même six mois de sabbat toujours au frais de Maman l'Etat. Un sabbat durant lequel ils garderont la Résidence de Morreti, avant de remercier leur garde du corps et remettre les clefs de la voiture, son chauffeur, et la puce du téléphone de vizir. Leurs carrières individuelles seront à jamais sauves, et ils seront certainement à l'abri du besoin.