Les spécialistes qualifient la situation de catastrophique selon les spécialistes qui nous ont indiqué que « Dès que vous faites le diagnostic d'un cancer du poumon, vous avez signé l'arrêt de mort du patient. Nous, en tant que médecins, notre rôle est de l'accompagner, et faire en sorte qu'il souffre moins», a déclaré dernièrement le Pr Salim Nafti, chef de service pneumologie à l'hôpital Mustapha Bacha à Alger, pour résumer la situation du cancer bronchique et son risque pour le malade. Avec une incidence variant entre 25 et 30 cas pour 100.000 habitants, les spécialistes en oncologie, présents aux premières journées internationales d'oncologie médicale, organisées à l'hôtel « Le Méridien » par l'EHS oncologie « Emir Abdelkader » de Misserghine Oran, qualifient la situation de catastrophique en Algérie, en l'absence d'une politique de prévention, pour lutter contre ce genre de cancer, qui généralement, affirment les spécialistes, est diagnostiqué tardivement. Premier facteur de risque de cette maladie reste le tabagisme. «Ceci va de pair, explique le Pr Nafti, « avec la consommation tabagique. La courbe de l'incidence, de la consommation tabagique et des décès sont superposables. On ne guérit pas du cancer des poumons. On arrive, nous médecins, à améliorer la qualité de vie du malade atteint, en lui assurant un accompagnement, jusqu'à la fin de ses jours et dans les meilleurs des cas, on lui prolonge la survie de deux à trois mois. Le malade cancéreux fait le parcours du combattant. Trois quarts de nos malades sont diagnostiqués tardivement. Le Pr Abdelkader Boushaba, chef de service d'oncologie adulte au CAC de Misserghine a enchainé sur l'importance de la prévention. « Si on veut entreprendre, une démarche efficace pour lutter contre le cancer des poumons, c'est la lutte anti-tabac. En Occident, ils ont compris cette réalité. C'est vrai qu'il y a de la recherche. C'est vrai qu'on reçoit toujours des malades à des stades avancés. Les malades qui sont là, il faut bien les traiter. Il faut bien de la chimiothérapie, de la chirurgie, de la radiothérapie. Mais le problème du cancer des poumons, ce ne sont pas les limites à l'accès aux soins, non. C'est parce que la maladie se révèle tardivement. Elle évolue dans une cage et le malade ne s'en rend compte que lorsqu'il commence à ressentir une gêne. Le meilleur traitement, c'est la prévention. Pour que la lutte anti-tabac réussisse, il faut établir des lois, les appliquer et sanctionner les gens qui ne les respectent pas ». Pour le Pr A. Moumeni, médecin, chef du service pneumologie au CHU de Sétif, « Après la prévention, il y a l'étape du diagnostic qu'on éclipse chaque fois. Il faut avoir les moyens de sa politique. Comment faire le diagnostic ? C'est difficile dans les pays en voie de développement. C'est difficile chez nous parce qu'on n'a pas les moyens. Il y a, généralement, trois étapes, préventive, diagnostic et thérapeutique. C'est une étape chronologique, dynamique dans le temps et dans l'espace. Nous n'avons pas les moyens de diagnostic à travers tout le territoire national. » Le Pr Djillali Louafi, chef de service oncologie au CHUO et doyen des oncologues évoque, pour sa part, le problème des centres anti-cancer qui restent à réaliser et l'importance d'équiper une structure d'oncologie de tous les moyens humains et matériels. Il faut former les équipes et ramener les équipements. Si la réception du projet est prévue en 2013, il faut donc avoir le bâtiment, les équipes formées et les équipements en même temps». Sur le programme de lutte anti-tabac, le Pr Nafti souligne qu'il s'agit d'une « politique de santé qu'il faut instaurer. Il y a un programme, élaboré en 2008, et qui n'a jamais vu le jour. Ce programme n'est pas encore appliqué parce qu'il n'a pas encore été adopté par l'APN ».