Au Maroc, les souffrances causées par une répression policière permanente, les libertés bafouées et les richesses confisquées par les proches d'un monarque qui oblige ses notables à se prosterner pour lui rendre hommage, la bay'a, cérémonial d'allégeance, ces réalités amères ne sont presque jamais restituées dans les reportages et documentaires que les médias français consacrent à chaque année au Maroc. Et lorsqu'on veut briser cette omerta médiatique, les tentacules du Makhzen se lancent pour vous étouffer. Ali Amar, le journaliste marocain, a fait récemment les frais de cette loi. Celle-ci ne pardonne pas aux « moutons noirs » qui osent l'enfreindre. Licencié du site Slate Afrique, visiblement pour ses diatribes contre les autorités marocaines, le sort de ce journaliste, et opposant au Makhzen, est en lui-même une mise à nu de l'insupportable complicité de certains médias français avec les dirigeants marocains. Dans un courriel confidentiel, révélé sur internet par un site marocain, un des responsables de Slate Afrique a même regretté la publication des articles de ce journaliste marocain qui a décrypté sans aucune compromission l'actualité marocaine.» Ce type est un escroc qui nous aura coûté très cher en faisant fuir tous les partenaires marocains avec qui nous avons discuté. On aurait dû prendre cette décision plus tôt ». C'est en ces termes qu'Eric Leser, le directeur de la rédaction de Slate et SlateAfrique, s'est exprimé au sujet d'Ali Amar à qui on reproche sa liberté de ton et son insoumission envers un régime répressif. Une insoumission qui dérange et pour laquelle Ali Amar a été « dégagé » de la rédaction d'un des sites français les plus réputés et lus dans le monde.