56 ans sont passés depuis la mort de Larbi Ben M'hidi. 56 longues années durant lesquelles l'Algérie a entièrement changé. Que reste-t-il de cette Algérie pour laquelle Larbi Ben M'hidi s'est sacrifié ? Qu'est-il advenu de ce pays pour lequel ce héros a accepté d'être « soumis à ces tortures, pour être sûr que cette chair misérable ne me trahisse pas » ? Force est, malheureusement, de constater que presque aucun idéal révolutionnaire n'est encore d'actualité dans notre chère Algérie où les scandales de la corruption, les violations des libertés publiques, la hogra, le monopole du Pouvoir et les restrictions des droits civils tiennent lieu de lois. Dans son combat qui a précédé son sacrifice, l'Indépendance rimait avec espérance, joie de vivre, développement et bien-être. Elle rimait aussi avec une société civile épanouie, des autorités légitimes et élues par le peuple, des dirigeants intègres et honnêtes. Aujourd'hui, à l'heure où il faut rendre hommage au père de la Révolution algérienne et se rappeler de son parcours, il est impossible de ne pas reconnaître que ses valeurs et idéaux s'apparentent à l'utopie tant la situation en Algérie ne cesse de se dégrader sur tous les plans. Larbi Ben M'hidi s'est-il battu pour un pays où les richesses sont dilapidées et volées ? A-t-il affronté la torture et les humiliations de ses bourreaux pour que l'Algérie devienne, 50 ans plus tard, l'une des autocraties les plus séniles du monde ? Certainement pas. Mais Larbi Ben M'hidi n'était pas dupe. Bien avant sa mort, il nous avait prévenus.