Instrument privilégié de la connaissance, le livre est à la base de la mutation de la société de l'oralité vers la société de l'écriture. Détaillant ou synthétisant le savoir, le livre se pose et s'impose comme l'outil fondamental de la civilisation moderne on ne peut plus, aujourd'hui, concevoir une institution ou un foyer sans bibliothèque bien achalandée où chacun trouve un ouvrage à son goût. La chose écrite est devenue aussi indispensable que le pain quotidien. Elle participe de la culture de l'esprit. La lecture d'un livre induit un minimum de préparation : maitrise de la langue familiarisation avec les textes classiques, choix du thème ou du sujet, sinon elle se fera à la hâte et n'aura pas sur l'esprit les effets escomptés. Lire en rigueur de terme c'est parcourir, un texte en méditant ses enseignements, le comprendre plus que l'apprendre évaluer la possibilité de l'exploiter dans une réunion familiale autour du café, un cours, un exercice, un mémoire, c'est en fin de compte en tirer l'utile et l'agréable. Pour atteindre ces objectifs, la lecture sera calme posée, réfléchie : on lit certes avec les yeux mais c'est en mettant en marche son cerveau qu'on parvient à en profiter pleinement. L'esprit ordonne, classe, compare, déduit et juge. Ses fonctions sont multiples et rendent la lecture attractive et passionnante. Ceux qui ont en fait leur profession n'ouvrent jamais un bouquin sans être munis d'un papier et d'un stylo. Pour eux, prendre des notes, les consigner sur un cahier ou un registre c'est déjà accumuler des connaissances. Viendra le jour où ces notes serviront à résoudre un problème. Comprendre une énigme, renseigner un tiers désemparé, sauver un élève en lui permettant de décrocher un 10 /10 à l'examen. Le tout est de savoir quoi noter et comment. Le mieux à notre avis, serait de choisir la formule joliment frappée, l'idée géniale, l'information rare et la statistique précise et édifiante. Reproduire des mots n'a aucun sens, autant de coups d'épée dans l'eau . Voyons maintenant le livre d'un point de vue strictement quantitatif. En vérité, le nombre élevé de livres dans une bibliothèque ne signifie pas grand échos. Cent livres de qualité valent bien mille livres d'importance moindre, l'encyclopédie plus que l'essai ou le traité et le dictionnaire plus que l'encyclopédie. On s'avisera de ranger les livres dans un ordre donné à notre convenance on a le choix entre le classement, par auteur, par titre ou par thème. Dans les trois cas le classement alphabétique ne doit pas faillir. Le désordre est l'ennemi numéro un du lettré et retenir qu'une bibliothèque désordonnée crée le chaos. Dans les esprits, dans la vie il vaut mieux avoir affaire à quelqu'un qui vous déniche un document en cinq minutes qu'à celui qui pour un service identique vous fera attendre cinq heures. Parole d'archiviste ! Il est donc nécessaire si l'on ne veut pas passer sa vie à faire et à défaire ses ouvrages, de donner à l'ordre la priorité des priorités faute de quoi, l'anarchie s'installera chez vous et vous ne tirerez rien de bon de vos livres. Un bon lecteur, au reste, c'est davantage un altruiste qu'un érudit qui chercherait à connaitre à fond toutes les disciplines enseignée, car en de parcours, ce qui nous apporte le plus dans la vie est de communiquer aux autres ce que nous avons appris nous-mêmes. Imaginez –vous un instant en train de répondre spontanément aux questions d'un ami. Quelle est la quantité de sel dans un litre d'eau de mer ? Dans le corps humain, combien y-a-t-il d'os de muscles, d'articulations, de litres de sang ? Combien de planètes, de satellites et d'astéroïdes dans le système solaire ? Combien de mamelles chez la vache et la truie ? A quelle vitesse se fait la rotation de la galaxie ? Quelle est la vitesse de l'escargot, de la fusée de la lumière ? Où trouver le plus bas niveau de la terre ? Quelle est la hauteur du Mont Everest et la profondeur des Iles Mariannes ? Quelle est la période de grossesse de la femme et celle de l'éléphante, de la lionne, de la chatte, de la chienne, de la souris ? Vos réponses exactes verront votre ami sauter de Joie et vous remercier vivement et chaleureusement de l'avoir sauvé des ténèbres de l'ignorance. Sûrement que le livre est un trésor. Ici en Algérie, nous avons chez les particuliers et les confréries religieuses des bibliothèques hors de prix contenant de vieux manuscrits où s'étale et se déploie sur des milliers de page toute la sagesse des anciens. Ces ouvrages restent inaccessibles aux chercheurs pour deux raisons évidentes : l'esprit de rétention, de dissimulation et de cachotterie qui honte la majorité de leurs propriétaires, peu enclins à ouvrir leurs armoires aux personnes qui leur sont étrangères et d'un autre côté, l'indélicatesse plus que patente d'une frange savante qui oublie volontairement et sciemment de rendre leurs biens aux généreux prêteurs ! Ces deux facteurs négatifs se sont conjugués pour bloquer toute recherche universitaire sur le patrimoine national. En dépit des erreurs et des maladresses des uns et des autres il n'en demeure pas moins que l'Algérie en tant que nation musulmane, inféodée au coran révélation divine est et reste une communauté de scripturaires ces hommes du livre qui sont les récipiendaires d'un message céleste et les propagateurs de ses enseignements sur la terre des hommes. Voila bien des raisons qui devraient nous inciter à accorder une place de choix au livre dans notre société avide de science et de savoir. Cela implique fatalement un effort constant public et privé pour assurer au marcher du livre une prospérité telle que tout un chacun puisse faire avec facilité toutes les acquisitions désirables et remplir sa maison d'ouvrages de valeur, gages inconditionnels de la continuité et de l'éternité.