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L'art du mimétisme ou quand l'hypocrisie devient une vertu

Le mimétisme est « la ressemblance que prennent certains êtres vivants soit avec le milieu dans lequel ils vivent soit avec les espèces mieux protégées ou avec celles aux dépens desquelles ils vivent » (selon la définition donnée par Larousse). De nombreux insectes (la mante religieuse par exemple), des reptiles (le caméléon notamment), des poissons et certains animaux carnivores changent de couleur en fonction du milieu naturel, de forme, adoptent des techniques de camouflage pour passer inaperçus et échapper aux prédateurs ou pour mieux surprendre leurs proies. Chez ces créatures, le mimétisme est inné, instinctif, spontané.
Mais, contrairement à ce que l'on croit, de telles techniques ne sont pas l'apanage du seul règne animal. Les fabulistes (Esope, Pilpay, Ibn El Moukafaâ, La Fontaine), ont décrit avec finesse et réalisme la nature humaine dans sa diversité. Ne vit- on pas dans un « zoo humain » tant il est vrai que l'homme est un être déroutant ? Il change d'humeur, de comportement, d'attitude selon son état d'esprit et les circonstances qu'il affronte : C'est dans la nature des choses : « l'homme est la plus drôle des créatures » (Nazim Hikmet).
Cependant, certains êtres humains dépassent grandement cette phase : ils possèdent l'art du mimétisme, un art savamment calculé et planifié, conçu en fonction d'une stratégie réfléchie qui leur permettrait de saisir certaines opportunités pour en tirer le plus de profit. A cet effet, ces hommes-caméléons- utilisent sans vergogne les techniques les plus machiavéliques pour parvenir à leurs fins, occuper un poste tant convoité ou s'enrichir matériellement. Ces individus sans foi ni loi possèdent « la liberté de la girouette, celle de tourner à tous les vents ». Ils savent « l'art de lever les scrupules » : d'ailleurs, ils n'en ont pas ! Toute honte bue, ils mangent à tous les râteliers sans jamais être repus.
A titre d'exemple, le nomadisme politique illustre bien cet état de chose : d'aucuns adhérents à un parti non par conviction mais pour satisfaire des intérêts égoïstes et des ambitions personnelles démesurées puis en démissionnent pour rejoindre un autre qu'ils quittent pour s'encarter un troisième...Ils se prêtent ainsi à toutes sortes de compromis, concluent des alliances surprenantes et parfois contre – nature et se livrent même à des compromissions. Ces personnes sont capables de s'allier avec le diable, de renier les principes auxquels ils se targuaient d'être fidèles.
Un dicton populaire illustre éloquemment cet état d'esprit : « Ces hommes mangent du serpent assaisonné de thym » ! La dernière campagne des élections présidentielles est également révélatrice à ce sujet : la presse écrite a maintes fois rapporté que certains hommes politiques se sont exhibés- toute honte bue- lors de meetings en faveur d'un candidat puis en faveur d'un autre. Deux précautions valent mieux qu'une et puis, pensent- ils, on ne sait pas ce que l'avenir réservera. N'est- ce pas là le comble de la malhonnêteté, de la mauvaise foi, de la roublardise et de l'hypocrisie ? Ces sinistres individus n'ont pas peur du ridicule, de « faire poser le masque à leur âme hypocrite ». Leur exhibitionnisme outrancier, à la manière du paon, n'est qu'indécence :
« En faisant la roue, cet oiseau
Dont le pennage traîne à terre
Apparaît encore plus beau
Mais se découvre le derrière. » (G. Apollinaire)
Ils n'hésitent pas à couvrir leurs « idoles» de louanges dans un premier temps, quitte à les traîner dans la boue quand ils constatent que la roue a tourné et que leurs propres intérêts sont en jeu. La situation actuelle n'inciterait guère à l'optimisme : ces hommes –caméléons, opportunistes et ambitieux à souhait, abusent de la naïveté des uns, de la résignation des autres et profitent du climat délétère qui prévaut dans le pays. Ils font vibrer la fibre patriotique en usant de discours éloquents, truffés de mensonges et de promesses tapageuses. Ils cherchent à vendre des rêves, des illusions en adoptant les techniques les plus subtiles de la publicité et qui, faute d'être concrétisés, finissent par engendrer le dégoût, la défiance et la colère.
« Fortune, qui nous fait passer devant les yeuxDes dignités, des biens que, jusqu'au bout du monde,
On suit sans que l'effet aux promesses réponde. » (L'homme qui court après la fortune de J. de La Fontaine).
Que penser aussi de « l'intellectuel de service » qui « loue ou vend sa compétence technique » à des clans ou à des groupes maffieux pour des considérations bassement matérialistes, éphémères et illusoires ?Il est évident que « l'intériorisation de ce type de pratiques dénature- quand il ne tue pas- une vie intellectuelle. » ( Edward Saïd)
Ce mimétisme outrancier et trompeur est également décelable dans la vie courante : les embrassades prodiguées à profusion, les « bous bous »maintes fois renouvelés, les étreintes faussement chaleureuses, le langage mielleux et le regard doux et fuyant ne visent- ils pas à gagner la sympathie et la confiance des interlocuteurs pour mieux les berner et en abuser ?
Une poignée de mains franche et sincère ne suffirait- elle pas ? Ne dit- on pas, à juste titre, que ces gens sont trop polis pour être honnêtes ?
Le poète populaire algérien El Habib Benguenoun le dénonçait déjà (au 18ème siècle) :
« Celui dont je fais un confident devient un ennemi. Toujours dès qu'il est hors de ma présence, je reçois ses flèches...Le poète de cette génération est une panthère entourée de chiens... » (extrait d'un poème traduit). Certains sont passés maîtres dans « l'art » de la métamorphose la plus lâche : ils vous étreignent pour se livrer – en votre absence- aux pires médisances et pour vous poignarder dans le dos.
Par ailleurs, qui d'entre ne nous a pas remarqué que les chauffeurs – chauffards-, qui écument nos routes, adoptent subitement un comportement angélique à un contrôle routier (dressé par la gendarmerie ou la police) et qui reprennent tout aussi vite leur attitude agressive et anarchique sitôt le barrage franchi ? Le naturel revient au galop !
Autre exemple révélateur : on se bouscule pour assister à l'enterrement (ou à la veillée funèbre) d'un notable, d'une personne fortunée dans le but de faire remarquer sa présence. Le « m'as- tu vu ? » est de mise alors qu'un autre défunt, membre d'une famille démunie, est conduit à sa dernière demeure dans l'indifférence presque générale. Pourtant, c'est cette famille miséreuse qui a besoin d'être assistée, d'être réconfortée pour le moins. Les damnés de la terre, ceux qui vivent dans le dénuement, les laissés- pour- compte ne sont- ils pas nos semblables et n'ont- ils pas, eux aussi, droit à un minimum de considération et de dignité ? Plus grave encore, on ne respecte guère les morts et les cimetières. D'aucuns se permettent, sans gêne ni retenue, d'entamer des discussions à haute voix, fument et rient aux éclats (eh oui !) pendant que se déroule la prière aux morts dans ces lieux de recueillement et de solennité.
N'est ce pas là le comble de l'hypocrisie et de l'irrespect ?
Le paraître, les apparences sont théâtralement soignés et mis en exergue dans le but de jouir d'une réputation surfaite et imméritée. Certains balancent aux pauvres une pièce de monnaie avec condescendance et un exhibitionnisme blâmable afin de se faire passer pour des personnes charitables. L'hypocrisie et l'imposture n'épargnent aucun secteur de la vie sociale, de la vie tout court. De nos jours, nous assistons, impuissants, à un nivellement par le bas à tel point que l'ignorance devient savante : de véritables ignares, de faux dévots, s'érigent en exégètes, se lancent éperdument dans des interprétations farfelues et erronées et n'hésitent pas à émettre de pseudo-fatwas, une pratique proscrite et condamnée par le Saint Coran. Il est reconnu que la foi authentique se traduit dans la pratique, dans les rapports humains, sur le terrain et qu'elle n'est pas proportionnelle à la blancheur immaculée de la djellaba ni à la longueur de la barbe. Le vers alexandrin suivant est assurément d'une brûlante actualité :
« L'hypocrisie est un vice à la mode qui passe pour vertu. » (Molière)
La perte de repères et la crise d'identification, la cupidité et la mégalomanie aggravent la dépréciation des valeurs morales et spirituelles les plus nobles et la dissolution des mœurs.
Tous les coups (bas) semblent permis à telle enseigne que le vice passe pour vertu !
Il existe malheureusement une autre espèce d'individus qui prospère par les temps qui courent et qui profitent du mimétisme parasitaire ou entrisme. Ces gens s'inspirent d'un insecte, la volucelle qui, grâce à sa grande ressemblance avec le bourdon, pond dans le nid de ce dernier ; ses larves sont nourries en même temps que celle du bourdon. Quoi de plus démoniaque que d'agir de la sorte pour avoir le beurre et l'argent du beurre ! Le sens de l'éthique, de la bonne conscience, du civisme, de l'intérêt général sont ainsi sacrifiés sur l'autel de la démagogie et de la filouterie.
L'un des héros de la révolution algérienne, Larbi Ben M'hidi affirmait prémonitoirement : J'ai la hantise de voir se réaliser mon plus cher désir car je sais que, lorsque nous serons libres, on oubliera les souffrances de notre peuple pour se disputer les places... ».Les craintes de ce glorieux martyr s'avèrent bel et bien fondées. Incontestablement, le monde de demain aura besoin, avant tout, d'honnêteté, de confiance, de justice, d'équité, de sérénité. Pour y parvenir, il serait judicieux de « mesurer au plus juste la proportion d'avenir qu'on peut mettre dans le présent. » (Victor Hugo).
Un travail d'éducation de longue haleine reste à entreprendre en faveur de nos jeunes, les hommes de demain : pour sa part, l'enseignement – à tous les niveaux- devrait assurer l'éducation à la citoyenneté, développer l'esprit d'analyse et l'esprit critique, leur apprendre la ferveur de la vérité, de l'authenticité et favoriser l'ouverture d'esprit sur le monde moderne et ses exigences tout en préservant et en consolidant nos valeurs civilisationnelles et identitaires.


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