Il est entendu que je ne nourris aucunement la prétention de m'ériger en donneur de leçons mais mon devoir de citoyen du monde m'impose d'exprimer, en toute modestie, mon point de vue sur la situation assurément dramatique qui prévaut présentement à Ghaza et sur la responsabilité (assumée ou non) des principaux acteurs. Monsieur Ban Ki Moon, votre rôle, votre mission première ne consisterait- elle pas à aider à instaurer la paix entre les peuples, à régler les conflits armés et les guerres, à dénoncer et à condamner les violations des droits de l'homme et du droit international, à faire respecter les accords conclus, à assurer la mise en application des résolutions pertinentes de l'ONU, conformément à la charte élaborée en 1945 ? Votre devoir n'exigerait- t-il pas qu'il soit assumé avec la plus totale impartialité et en toute objectivité ? Mieux, ne vous incomberait- il pas de contribuer à instaurer et à préserver l'entente voire la concorde dans le monde, à veiller à protéger la dignité du genre humain y compris et surtout celle des peuples opprimés et des damnés de la terre ? Parti-pris et empressement Votre dernière intervention, par médias interposés, a été de protester et de condamner avec véhémence la pseudo- détention du soldat israélien Goldin Hadir par le Hamas palestinien et d'exiger sa libération immédiate et inconditionnelle. Pourtant, à supposer même que ce lieutenant ait été capturé par la résistance palestinienne, n'aurait- on pas dû le considérer et le traiter comme un prisonnier de guerre ? Ce soldat ne se trouvait pas à proximité de Rafah pour une promenade de santé, que l'on sache ! Monsieur Le Secrétaire Général de l'ONU, votre devoir de réserve n'aurait-il pas dû vous inciter à plus de retenue, à plus de pondération, à vérifier vos sources d'information afin d'éviter toute déclaration impromptue et tendancieuse ? Vous savez bel et bien pris à votre compte et sans hésitation aucune cette fausse nouvelle diffusée par le gouvernement sioniste de B. Yatanyahu et vite relayée par le président américain B. Obama. En agissant de la sorte et par votre empressement, vous avez cautionné et encouragé implicitement les horribles massacres perpétrés sans discernement par la horde sioniste sur la population civile de Rafah. Israël a usé cyniquement de ce faux prétexte pour commettre un nouveau crime de guerre : dans cette même ville, on a enregistré plus de 250 martyrs et plus de 400 blessés en l'espace de seulement deux journées ! Rien n'a été épargné, même pas une école de l'UNRWA qui relève de votre responsabilité et qui devrait être protégée, conformément aux conventions internationales. Par votre parti- pris, vous avez fourni le ( faux) prétexte aux responsables israéliens pour perpétrer de nouveaux massacres à huis- clos et vous avez adopté un mutisme total à l'égard des terroristes sionistes qui prétendent éhontement être « la race élue de Dieu » et qui bombardent impunément et délibérément enfants, femmes, vieillards dont le seul tort est d'aspirer légitimement à vivre dans la liberté, dans la sécurité et de lutter pour recouvrer pleinement leurs droits nationaux . Il s'avère cependant que ce soldat israélien– qui a été enterré par les siens le 3/8/ 2014- n'a pas été capturé mais qu'il a été tué lors des combats et que toutes les allégations n'étaient que de purs mensonges distillés par la propagande israélienne qui cherchait à justifier la terrible répression- un crime contre l'humanité- qui allait s'abattre sur la population civile de Rafah. Mais, M. Le Secrétaire Général de l'ONU, cette amère et douloureuse vérité ne semble pas vous ébranler. Par ailleurs, la trêve conclue ces derniers jours entre les belligérants a été vite rompue. Elle n'a duré que deux heures. Vous vous êtes aussitôt empressé d'accuser le Hamas d'en être le responsable. Or, la réalité du terrain et des faits contredit incontestablement cette thèse. L'armée a laissé croire qu'elle allait permettre à la population palestinienne – meurtrie et privée des besoins les plus élémentaires- de récupérer ses morts, de secourir ses blessés ; en réalité, elle cherchait à les découvrir, à les rassembler pour mieux les bombarder. Le comble de l'horreur et du cynisme! Vous avez également, M. Le Secrétaire Général de l'ONU, pris le soin, depuis peu, de vous rendre à Tel Aviv pour assurer le gouvernement israélien de votre compassion voire de votre soutien mais vous avez omis de vous déplacer à Ramallah et à Ghaza. Quelle conclusion devrait- on en tirer ? Le cri de douleur du directeur de l'Office des nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA)-dont je tiens à saluer le courage et l'impartialité- n'a écouté que son sens du devoir et des responsabilités en dénonçant récemment devant le conseil de sécurité de l'ONU la barbarie des crimes commis par Israël qui n'a rien épargné, pas même les écoles et les bâtiments de l'ONU ! Le comportement de ce directeur est assurément exemplaire et d'aucuns devraient s'en inspirer. Israël au-dessus des lois ? La sécurité d'Israël devrait- elle être assurée au détriment de celle de Ghaza et de la Cisjordanie ? Le genre humain, sans discrimination aucune, ne mériterait- il pas de disposer partout des mêmes droits et des mêmes devoirs ? Israël, qui jouit de l'impunité internationale et qui bénéficie du soutien inconditionnel et de la protection des USA et de certaines puissances occidentales, est indubitablement un état terroriste : il se livre à des génocides, à des crimes contre l'humanité de manière cyclique en Palestine. La responsable de la protection des droits de l'homme auprès de l'ONU l'a ouvertement condamné. Les USA usent et abusent de leur droit de véto pour stopper toute velléité de condamnation des crimes sionistes et des violations des droits élémentaires. L'agresseur est ainsi encouragé et soutenu dans sa politique belliqueuse et criminelle. Israël est un état voyou dont l'arrogance constitue un défi et un obstacle pour la sécurité et la paix internationales. Les résolutions internationales, les accords conclus (y compris ceux d'Oslo qui, pourtant consacrent de lourdes concessions de la part des Palestiniens) sont systématiquement bafoués ou superbement ignorés par Israël. Ne vous incombe- t-il pas, M. Le Secrétaire Général de l'ONU, de veiller à l'application des résolutions de l'organisation que vous dirigez ? Israël sera-t-il au- dessus des lois ? Il a été enregistré officiellement plus de 1866 martyrs dont la plupart sont des enfants surtout (30/° selon l'UNICEF), des femmes et des vieillards - et plus de 9400 blessés au 4/8/2014. Cette compatibilité macabre ne devrait- elle pas susciter l'indignation, la colère et la révolte de tout être humain et la vôtre en particulier ? Et dire que vous vous contentez de déplorer – d'une manière timorée- ces horribles tueries d'innocents au lieu de les dénoncer fermement et de condamner les agresseurs! Il est heureux et réconfortant de constater que le peuple palestinien – grâce à la résistance héroïque de la population de Ghaza en particulier et au soulèvement de la jeunesse de la Cisjordanie- recouvre son unité et qu'il s'exprimera désormais d'une seule et même voix, n'en déplaise aux ennemis de la liberté, aux démagogues, à la politique hypocrite et à l'aveuglement de l' « Oncle Sam » et de ses alliés. L'impérialisme – sous toutes ses formes, même les plus subtiles- est assurément « un mauvais élève qui ne retient rien des leçons de l'histoire » (pour paraphraser le glorieux général vietnamien Giap) : il ne pourra pas résister éternellement à la lutte valeureuse et légitime des peuples opprimés. Le droit et la justice finiront bien par triompher : les peuples d'Amérique latine sont à présent libérés du joug américain et des dictatures sanguinaires installées par la C.I.A. La prise de position courageuse des pays latino- américains (Chili, Uruguay, Bolivie, Brésil, Argentine, Salvador, Vénézuéla, Nicaragua, Equateur......), qui viennent de manifester leur solidarité agissante à l'égard du peuple palestinien meurtri, est digne d'éloges. Ces pays donnent une véritable leçon aux dirigeants de certains pays arabes dont le mutisme « assourdissant » voire la complicité avec l'ennemi sioniste apparaît au grand jour. Quelle honte ! Monsieur Ban Ki Moon, écoutez la rumeur qui gronde, les cris de colère et d'indignation qui s'élèvent partout dans le monde et qui dénoncent les génocides, des crimes contre l'humanité, perpétrés par Israël à Ghaza. Je tiens à saluer les millions de voix qui ont parfois bravé des interdictions pour manifester leur solidarité avec le peuple palestinien martyr et dénoncer l'agression et la barbarie sionistes. Je citerais, à titre indicatif, trois exemples éloquents : le célèbre linguiste et philosophe juif américain Noam Chomsky et le député britannique G. Galloway constituent, à mes yeux, de précieuses références et de réels motifs de satisfaction pour leur engagement en faveur des nobles causes. (Se référer à leur interview diffusée par Press- TV le 3/8/2014).L'ancien ministre français des affaires étrangères, M. Dominique de Villepin n'accepte pas non plus « la loi du mensonge triomphant qui passe » (J. Jaurès) et recommande, pour « réveiller la société israélienne », de faire adopter par le conseil de sécurité de l'ONU « une résolution condamnant l'action d'Israël, son non- respect du droit humanitaire et du droit de la guerre ». Pour ma part, je fais miens les propos qu'il a tenus tout récemment : « Ayons le courage de dire une première vérité : il n'y a pas, en droit international, de droit à la sécurité qui implique en retour un droit à l'occupation et, encore moins un droit au massacre. Il y a un droit à la paix qui est le même pour tous les peuples. La sécurité, telle que la recherche Israël, se fait contre la paix et contre le peuple palestinien. » Je me plais à me remémorer les prises de position courageuses, le sens des responsabilités fondées sur l'équité, le respect de la dignité humaine, le sens de l'égalité des droits des hommes et des peuples, assumés par certains secrétaires généraux de l'ONU, par Monsieur Kurt Waldheim (1972-1981) en particulier. Puissiez- vous vous en inspirer, Monsieur Ban Ki Moon, pour que cette instance mondiale ne soit plus « un machin ». Avec l'expression de ma considération distinguée. Fait à Mostaganem, le 5 Août 2014. Dahou Mokhtar, Proviseur de lycée à la retraite.