Alors que sa réalisation n'est pas encore achevée, l'autoroute Est-ouest traîne déjà une mauvaise réputation pour des malfaçons et des contrats attribués dans l'opacité. Le projet a déjà coûté son poste au numéro deux du ministère des Travaux publics. Le secrétaire général de ce ministère a arrêté début octobre par les services de sécurité, pour corruption dans le cadre de l'attribution du marché. Plusieurs autres cadres du ministère sont également poursuivis dans le cadre de la même affaire. Mais les investigations sont loin d'être terminées. Un récent rapport, établi par des experts à la demande du gouvernement, noircit davantage le tableau. Ce rapport s'est intéressé particulièrement au contrat relatif à la réalisation de la clôture de l'autoroute sur 2400 kilomètres (2 x 1200 km). Une opération facturée à 5.000 dinars le mètre linéaire. « L'ensemble de la clôture va coûter 12 milliards de dinars (ndlr : 120 millions d'euros). C'est trop cher payé. L'entreprise qui a décroché ce contrat a facturé cinq fois plus cher le prix du mètre linéaire de cette clôture. En réalité, le prix du mètre linéaire ne dépasse pas 1.000 dinars en Algérie », affirme à TSA un proche du dossier. Outre la clôture, la réalisation des glissières de sécurité en béton tout au long de l'autoroute fait grincer des dents. « Ce n'est pas économique de généraliser la glissière en béton sur toute l'autoroute. C'est-à-dire, il faut réaliser 4 fois le linéaire de l'autoroute en béton alors qu'on aurait pu utiliser, sur certains sections, des glissières métalliques, moins chères surtout que le pays fait face à une crise de ciment», poursuit le proche du dossier. Malgré les avis défavorables des experts algériens, le ministre des Travaux publics Amar Ghoul a en effet pris la décision de réaliser l'ensemble des glissières de sécurité en béton sur tout le tracé de cette autoroute. « La glissière de sécurité en béton est nécessaire pour protéger les automobilistes en cas d'accidents pour éviter que les voitures tombent dans les ravins. Sur les sections en déblai, il n'y a aucune justification à réaliser des glissières en béton. Des glissières métalliques sont suffisantes », affirme à TSA un ingénieur algérien de travaux publics. La généralisation de la glissière en béton sur l'autoroute Est-ouest a aggravé la crise de ciment qui frappe le pays depuis plusieurs années. « Le béton utilisé pour réaliser ces glissières aurait pu servir à construire au moins 3.000 logements », ont noté les experts dans leur rapport, actuellement sur la table du gouvernement.