La médiation algérienne a rédigé un dernier et ultime texte d'accord pour la paix et la réconciliation. Les deux parties - groupes armés du Nord et autorités de Bamako – devront remettre leurs observations au médiateur ce vendredi 27 février. Alger souhaite pouvoir boucler, dès ce week-end, ces négociations qui durent depuis juillet dernier. L'Algérie continue à s'impliquer dans la résolution du conflit qui se déroule au Mali depuis désormais plusieurs années. Afin de favoriser la mise en place de la réconciliation nationale que tout le monde appelle de ses vœux, Alger a présenté au gouvernement du Mali et aux rebelles qui s'opposent à Bamako, un projet d'accord qui, en principe, aurait du mettre les parties au conflit d'accord. Il prévoit plusieurs choses essentielles et marque de très profonds changements dans la perception même de ce qu'était jusque là le Mali. Comprenant plusieurs dizaines de pages, l'accord prévoit le respect de l'intégrité du pays, que certains contestent depuis longtemps, mais appelle également les dirigeants maliens à prendre en compte toutes les diversités qui composent le pays. Pour la première fois dans un document officiel le mot Azawad est écrit. Ce terme qui désigne le nord du pays selon plusieurs groupes Touareg, et dont l'existence est contestée, est désormais considéré comme une réalité. La délégation malienne qui représentait Bamako lors de la présentation de cet accord en Algérie a accueilli avec beaucoup de satisfaction le document qui représente un véritable compromis et une chance pour le Mali selon plusieurs sources proches d'Ibrahim Boubacar Keïta, le président malien. Plusieurs points ont notamment satisfait le pouvoir de Bamako mais surtout l'absence du terme d'autonomie territoriale et la non remise en cause du caractère laïc de l'Etat sont de très bonnes nouvelles pour le Gouvernement qui a prévenu depuis longtemps qu'il ne transigerait pas avec cela. C'est en revanche sur ces points que les groupes rebelles, notamment Touaregs, sont en désaccord. Une fois n'est pas coutume, c'est le MNLA, Mouvement National de libération de l'Azawad, qui pourrait poser problème. Pour l'instant il ne s'est pas encore prononcé sur ce projet d'accord mais une chose est certaine il est divisé jusqu'au plus haut sommet de l'organisation. On ignore si le MNLA tranchera en faveur des propositions d'Alger mais selon certains spécialistes il est probable qu'il demande un certain nombre d'amendements, ce qui pourrait agacer Bamako qui tente de trouver rapidement une solution afin de pouvoir tourner la page et surtout de rétablir son autorité sur l'intégralité du territoire. Le MNLA devrait pourtant être satisfait puisque s'il n'est pas question d'autonomie territoriale, le projet prévoit néanmoins la création d'assemblées régionales, élues au suffrage universel direct qui disposeraient de larges pouvoirs. C'est donc en réalité un transfert de compétences et surtout le début d'une décentralisation avancée. En terme financier c'est aussi le transfert important de fonds puisqu'un tiers des recettes de l'Etat ira directement aux collectivités territoriales. Un changement profond là aussi et qui pourrait bénéficier au nord du pays qui se plaint depuis des décennies d'être abandonné par Bamako (capitale du Mali). Outre ce transfert de compétences, le projet a également prévu une grande Conférence nationale qui pourrait durer jusqu'à deux ans afin de rassembler toutes les composantes de la société. L'objectif final est d'aboutir à la signature d'une charte nationale de la paix. Alger qui a été l'artisan de la construction de ce document et qui travaille depuis des mois à la résolution du conflit pourrait engranger une victoire diplomatique majeure si le projet est signé.