Il est des propos qui, par leur dénotation et leur connotation, heurtent les âmes bien nées, les citoyens du monde épris de justice et de paix et qui œuvrent inlassablement pour le vivre-ensemble, pour la préservation de la dignité humaine sans discrimination aucune, dans un esprit de dialogue fécond, de saine concertation et non de confrontation forcenée et destructrice. « la Tunisie est frontalière avec l'Algérie et la Libye. Ce n'est pas nouveau. Vous n'avez pas choisi votre emplacement ... L'Algérie, qu'en sera-t-il dans l'avenir ? De son développement ? De sa situation ? » Cette déclaration que vous avez faite à Tunis le 16 Juillet dernier après que vous ayez reçu un accueil royal à Rabat s'avère aussi tonitruante qu'indécente surtout qu'elle émane d'un ancien président de la république. Que ne feriez –vous pas, n'est -ce pas, pour ratisser largement et gagner les voix électorales des aigris et des nostalgiques qui cherchent à régénérer la pensée coloniale ? Il est vrai, M. Sarkozy, que vous n'avez jamais supporté que l'Algérie et ses dirigeants n'adhérent pas à vos calculs sordides, à votre programme politique aux relents néo-colonialistes voire voire racistes, à votre ambition démesurée. Au lieu de vous ériger en donneur de leçons et d'exprimer votre rancœur à l'encontre de mon pays qui a arraché son indépendance (ne vous en déplaise !), balayez d'abord devant votre porte ! L'Algérien que je suis, profondément outré par vos propos à l'endroit de mon pays, vous rappelle, M. Sarkozy, qu'un responsable politique de votre rang, un ancien président de la république de surcroît, devrait faire preuve des sens de retenue, de pondération et de lucidité en toutes circonstances au lieu de verser son fiel, de donner libre cours à ses impulsions, à son arrogance, à des réactions épidermiques et à une animosité à fleur de peau. En ma qualité d'ancien éducateur, je m'interdis de verser dans la calomnie et l'insulte. Je me contenterais de vous rappeler (les faits sont têtus !) les paroles cruelles et haineuses que vous avez tenues lors de la visite tourmentée que vous avez effectuée dans la banlieue parisienne en 2008 : « Il faudrait nettoyer ces cités au kasher ! » Quel beau programme ! A la même époque, un microphone laissé ouvert par un journaliste français a enregistré votre réaction violente et vos propos vulgaires quand vous avez traité un opposant à votre politique de « pauvre con ! » Peut-on ainsi parler de morale politique et de morale tout court ? A ce titre, je me contenterais de citer, de mémoire, des exemples éloquents : Nonobstant vos problèmes et démêlés familiaux qui ont fait scandale et sensation, n'avez-vous pas été – durant et après l'exercice de vos fonctions présidentielles – soumis à des enquêtes judiciaires compromettantes, à de fortes suspicions dans des affaires politico-financières louches dont certaines suivent encore leur cours ?Votre nom n'a-t-il pas été cité dans l'affaire ténébreuse d'extorsion de fonds dont a été victime la propriétaire de la société l'Oréal, Mme Liliane Betancourt, une vieille dame manipulable à cause de sa fragilité mentale ? Par ailleurs, des soupçons de fraude n'ont-ils pas pesé sur vous et votre entourage au sujet du financement des deux campagnes électorales présidentielles auxquelles vous avez participé ? Même votre ancien « ami » Mâamar El Kadafi que vous avez accueilli, en son temps, en grande pompe à Paris, aurait, selon une enquête menée par des médias français, contribué à ce financement. Mais on ne fait pas parler les morts ! Contrairement à M. Dominique de Villepin (ancien ministre des affaires étrangères sous la présidence chiraquienne), qui s'est courageusement opposé à l'invasion de l'Irak imposée par les USA sous le prétexte fallacieux de la possession par ce pays arabe d'armes de destruction massive, un mensonge éhonté de G.Bush, et à M.Alain Juppé , un digne représentant du parti gaulliste, vous n'avez pas hésité, M. Sarkozy, à faire participer votre pays à l'intervention militaire en Libye pour chasser « le dictateur » et aider à y instaurer la « démocratie » « ... à la sauce de J.B. Lévy. La France que vous dirigiez alors, les USA et le Royaumé Uni ont mené une guerre d'envergure en bombardant massivement la Libye. Ces trois puissances impériales ont fait fi de la résolution adoptée en Mars 2011 par les Nations-Unies qui établit « une zone d'exclusion aérienne » , qui aide à instaurer le cessez-le-feu et à favoriser l'ouverture de négociations. Ces pays alliés ont vite fait de « chauffer les tambours », de mener la guerre dont ils rêvaient et d'installer à Tripoli un gouvernement fantoche et servile. Le résultat en est effroyable. M. Sarkozy, vous avez ainsi bel et bien contribué au démembrement et à la ruine de la Libye, à une catastrophe humaine. N'est-ce pas là une forme de terrorisme international dont vous avez usé et abusé ? M. Noam Chomsky, linguiste et philosophe américain, qui, comme vous, est d'origine juive mais qui, contrairement à vous, se distingue par ses écrits et son engagement pour les nobles causes et contre les formes d'injustice, souligne judicieusement que « l'on classe les actes terroristes dans des catégories bien distinctes. Les « leurs » qui sont épouvantables et les « nôtres » (perpétrés par les puissances occidentales) qui relèvent de la vertu. » ( Extrait de son dernier ouvrage « L'occident terroriste, d'Hiroshima ... aux drônes »). M. Sarkozy, vous croyez-vous investi d'une mission morale ? La démocratie que vous préconisez en fanfare n'est-elle pas une démocratie à géométrie variable qui est tributaire des intérêts économiques, politiques et géostratégiques du monde occidental ? Ne trahissez –vous pas ainsi l'héritage gaulliste dont vous devriez vous inspirer ? M. Sarkozy, comment pouvez-vous prétendre être le chantre de la liberté, de la démocratie, de la justice alors que vous avez opportunément scellé et consolidé des accords, des ententes machiavéliques et des alliances contre-nature avec des régimes despotiques et sanguinaires, avec des responsables politiques corrompus et véreux ? Pour vous, seuls les intérêts économiques et financiers et les puissances de l'argent priment ! En outre, comment osez-vous vouloir donner des leçons alors que vous faites mine d'oublier vos origines d'émigré en discréditant l'immigration légale et son précieux apport, les diversités culturelles qui constituent une source de richesse indéniable ? Les mesures que vous avez prises durant votre quinquennat et que vous comptez adopter à partir de 2017,au cas ou vous seriez élu, visent à séduire l'électorat raciste et xénophobe de l'extrême droite, des pieds-noirs nostalgiques et de harkis aigris. « La France, dites-vous , ne pourrait accueillir toute la misère du monde ! » On vous le concède mais qu'avez-vous personnellement réalisé ou décidé de faire pour aider véritablement les anciennes colonies africaines confrontées à la misère, victimes d'exploitation et de pillage ? Vos discours et vos visites protocolaires ne sont que démagogie : on juge sur les actes, les faits et les résultats. En vous inspirant du modèle allemand, vous avez encouragé « l'immigration choisie » en accueillant les compétences scientifiques et intellectuelles des nations déshéritées qui s'appauvrissent ainsi davantage en perdant leurs élites. Quelle belle prouesse ! Et vous prétendez, toute honte bue, que vous aidez les pays africains à sortir de l'état de sous-développement ! Personne n'en est dupe. Vous avez encore le « culot » d'évoquer le droit à la liberté et les droits de l'homme ! Ne serait -ce pas là le comble de la démagogie et de l'hypocrisie, « un vice à la mode qui passe pour vertu » ? (Molière). Souffrez-vous d'amnésie et de surdité ? Quel a été votre apport dans la résolution des problèmes majeurs qui préoccupent la conscience humaine ? N'avez-vous pas été un allié sûr, constant et infaillible du sionisme international ? B. Netanyahu et l'état-voyou d'Israël peuvent toujours compter sur votre soutien indéfectible. Quant aux droits légitimes des Palestiniens ,y compris le droit à la vie, ils sont impunément bafoués depuis 1948. En vérité, M. Sarkozy vous incarnez le cynisme, un machiavélisme revisité aux relents néo-colonialistes puisque vous ne pouvez « tolérer le nationalisme, la démocratie et les réformes sociales » (pertinentes et efficaces ) dans le tiers-monde parce que les gouvernements de ces pays devraient alors répondre aux besoins de la population et cesser de favoriser les intérêts » des occidentaux. Par ailleurs, pourquoi le peuple du Sahara occidental (dernier pays encore colonisé) ne dispose-t-il pas, à ce jour et depuis 1975, du droit à l'autodétermination, un droit reconnu par les Nations Unies ? N'entendez-vous pas les damnés de la terre qui souffrent le martyr, victimes de génocides perpétrés à huis-clos ? Il est vrai que l'Algérie peut déranger certains parce que son histoire, son passé glorieux et son présent prometteur constituent de précieux atouts pour devenir un pays émergent, à condition que ses énormes potentialités économiques, humaines et socio-culturelles soient rentabilisées et utilisées à bon escient. Ne vous en déplaise, M. Sarkozy ! En tout état de cause, il est des constantes nationales qu'on ne pourra aucunement transgresser et sur lesquelles on ne saurait transiger :l'unité nationale, l'intégrité territoriale et son inviolabilité, la souveraineté nationale, l'aspiration à la paix , à la justice et à la dignité. L'Algérie a su, fort heureusement, surmonter des épreuves douloureuses et tragiques et les foyers de tension entretenus et attisés à nos frontières incitent à la vigilance. L'ingérence étrangère (des puissance occidentales et de la France que vous avez dirigée) dans les affaires du monde arabo-musulman n'a-t-elle pas engendré le chaos, ravivé les tensions et les divisions d'ordre ethnique, communautaire et confessionnel ? L'objectif essentiel-et non déclaré – n'est- il pas d'affaiblir le monde arabe pour mieux le dominer et l'assujettir ? L'histoire retiendra assurément le rôle cynique, néfaste et destructeur que vous avez assumé à la hussarde durant l'exercice de vos fonctions présidentielles (auxquelles vous n'avez pas renoncé) et que vous avez trahi les idéaux gaullistes dont vous réclamez à tort.A bon entendeur, salut! Et sans rancune !