Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la «France insoumise» multiplie les prises de positions inhabituelles pour un cadre de la gauche radicale, et s'oppose notamment à l'installation des réfugiés en France. Désormais émancipé du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon déploie une ligne argumentaire propre, et qui déroge parfois aux positions attendues à la gauche du PS. À l'approche de l'élection présidentielle, et dans un contexte de crise migratoire, ses positions sur l'immigration ont interpellé un certain nombre de ses concurrents à la gauche du PS. Dans le livre «Le choix de l'insoumission» (Seuil) paru jeudi 8 septembre, Jean-Luc Mélenchon précise la position qu'il entend porter. «Si on ne veut pas que les gens viennent, il vaut mieux qu'ils ne partent pas (...) Il faut cesser de croire que les gens partent par plaisir. Donc éteignons l'une après l'autre les causes de leur départ. Elles sont très simples, c'est la guerre et la misère», explique le candidat de «la France insoumise». L'ancien sénateur renvoie volontiers dos à dos ceux, à droite ou au gouvernement, qu'il juge trop fermés et ceux, plus à gauche, qu'il accuse d'un idéalisme naïf. «Une fois que les gens sont là, que voulez-vous faire? Le rejeter à la mer? Non, c'est absolument impossible. Donc il vaudrait mieux qu'ils restent chez eux. Je suis fatigué de ces discussions où les fantasmes s'affrontent les uns et des autres. Entre ceux qui hurlent sans réfléchir et s'en remettent à des expédients sécuritaires sans consistance et ceux pour qui il est normal que tout le monde puisse venir où il veut quand il veut». Des propos qui prolongent ceux tenus par le fondateur du parti de gauche dans Le Monde le 24 août dernier : «Je n'ai jamais été pour la liberté d'installation et je ne vais pas commencer aujourd'hui. Mais est-ce que s'il venait 10.000 médecins s'installer en France, ce serait une chance? Oui». Tirs nourris des communistes Une ligne qui fait bondir nombre de ses concurrents à la gauche du PS, cités dans Libération ce vendredi. «Si le programme de Mélenchon, c'est "on ferme les frontières et on trie les réfugiés", ça ne va pas le faire. Il est dans la course à l'échalote avec le FN», estime Julien Bayou, le porte-parole d'EELV. «Il dit tout cela pour des raisons stratégiques et électoralistes, pas par conviction. Il sait que ce sont des thèmes qui préoccupent les Français», assène pour sa part Pierre Laurent le patron du PCF. «L'orientation qu'il a progressivement choisie (...) est de caresser les nationalistes dans le sens du poil. Avant son score de 12% à la présidentielle il n'avait pas son autonomie, ni la légitimité du suffrage universel. Maintenant, c'est le cas, donc il se permet de tenir de tels propos», poursuit Frédéric Boccara, lui aussi membre de la direction communiste. «Nous n'avons de leçons à recevoir de personne et aucune preuve à faire dans le domaine», faisait valoir auprès du Scan Raquel Garrido, cofondatrice du Parti de gauche, le 30 août dernier. «On ne nous fera pas passer pour des racistes», tranchait-elle, en évoquant le discours d'avril 2012, où Mélenchon livra une ode au Maghreb et à ses habitants. «Contrairement à d'autres, nous n'avons par contre pas peur d'affirmer notre attachement à la patrie et au drapeau», a encore poursuivi l'avocate, en citant le modèle sud-américain. Plus prosaïque, un autre cadre confiait: «Il faut être réaliste. Si nous adoptons la même ligne que les formations d'extrême gauche sur l'immigration, dans le contexte actuel, nous sommes morts politiquement. Contrairement à certaines formations, nous, nous avons vocation à gagner dans les élections». Gageons que cette divergence ne manquera pas de s'inviter ce weekend à la fête de l'Humanité. Malgré leur brouille persistante, Pierre Laurent et Jean-Luc Mélenchon pourraient s'y croiser: le secrétaire national du PCF espère encore imposer une primaire à la gauche du PS. Le candidat de «la France Insoumise» ne croit toujours pas à légitimité d'une telle échéance. Lui, tracera son sillon et viendra saluer Marie-Georges Buffet, l'ancienne ministre PCF qui soutient sa candidature, comme le font un nombre croissant de communistes. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen se sont opposés Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon se sont affrontés sur le sujet de l'immigration, lundi soir, lors du débat présidentiel sur TF1, la première voulant "couper toutes les pompes aspirantes", le second fustigeant les "fantasmes" et prônant un meilleur accueil. Le candidat de La France insoumise à la présidentielle a d'abord jugé qu'au sujet de l'immigration, "à tout propos, on agite des fantasmes et on propose toutes sortes d'épuisettes qui ont toutes des trous dedans". "Les gens ne partent pas en immigration par plaisir. C'est un exil forcé", selon Jean-Luc Mélenchon. S'adressant directement à Jean-Luc Mélenchon, Le Pen a estimé nécessaire de "mettre en place une politique dissuasive d'immigration". "Oui, il y a une immigration sanitaire, une immigration économique, un droit d'asile totalement dévoyé... Encore une fois, le meilleur moyen de lancer le signal, un signal honnête, 'nous ne pouvons plus vous accueillir', c'est de couper toutes les pompes aspirantes de l'immigration, l'aide médicale d'Etat, l'accession au logement, etc.", selon Marine Le Pen. "Vous croyez que les gens discutent de ça avant de partir ?", l'a interrompu Jean-Luc Mélenchon. "Mais bien sûr !", lui a rétorqué Marine Le Pen. "Bien sûr que non", a appuyé Jean-Luc Mélenchon. "Evidemment que oui : on les comprend qu'ils veuillent venir. Ils gagnent en France, parfois sans travailler, cinq fois ou dix fois plus que chez eux", a conclu la candidate d'extrême droite. Auparavant, Jean-Luc Mélenchon avait développé : "Nous devons traiter (les migrants, ndlr) quand ils sont là comme nous voudrions être traités si c'était nous qui étions chez eux. Si nous étions dans leurs conditions, alors nous partirions aussi."