De quoi dépasse la chaîne arabe ‘'El Jazzera'' les télévisions des autres pays arabes et surtout les médias Egyptiens ? Cette question demeure posée depuis 1996, date de la création de cette chaîne. Qu'a-t-elle de plus ? Des pays arabes ont dépensé des milliards pour équiper leurs chaînes, sans pour autant avoir l'impact d'El Jazzera. Même les autres chaînes TV arabes, telles : ‘'Al Arabiya'' par exemple qui a été créaà la hâte juste quelques temps avant que les américains stationnés au Koweït et en Arabie Saoudite n'envahissaient l'Irak. « ‘'Al Arabia'' c'était leurs yeux » nous dira un reporter de guerre à cette époque Ou MBC lors de sa création, voir aussi ‘'Al Âlam'' ‘'Al Hiwar'' et l'américaine ‘'El Hourra''. Toutes les chaînes TV, Egyptiennes qui étaient à une époque, les favorites des téléspectateurs arabes ne se sont jamais égalées avec la redoutable qui émet d'un petit pays appelé Qatar. Et pourtant les journalistes et techniciens Algériens qui font rouler la chaîne qui emploie toute une armée de correspondants à travers le monde. Cependant malgré son parti pris flagrant (couvert par le voile de la liberté d'expression). Cette chaîne reste un outil d'information, inégalable pour le moment, notamment en ce qui concerne les thèses de l'intégrisme islamique. Il s'agit seulement d'adopter une position critique vis-à-vis des « messages » qu'elle diffuse. Ce qui est d'ailleurs valable pour tous les médias. Tout le problème est là. Une naissance puissante pour une longue durée Al Jazzera battra tous les records Son histoire démarre en 1991 1991 est une date fatidique et dramatique pour le Qatar, l'armée Saoudienne fera une incursion au Qatar. Le vrai mobile demeure à nos jours dans le ‘'Top Secret'' 1995 : Cheikh Hamed Ben Khalifa El Thani renverse son père, émir régnant depuis la création de l'Etat du Qatar indépendant. Le changement s'opère sans violence dans ce pays de quelques centaines de milliers d'habitants, le plus petit des pays arabes. Le nouveau règne se caractérise par des avancées démocratiques sensibles. Novembre 1996 : Création de la chaîne de télévision ‘'Al Jazzera'' à Doha, à l'initiative de Cheikh Hamed Ben Khalifa et de son ministre des Affaires étrangères, cheikh Hamed Ben Jassem. Décembre 1996 : Le partenariat conclu entre les services arabes de la BBC et les Saoudiens pour faire tourner la chaîne Orbit a diffusé un film critiquant la famille régnante. 20 journalistes, dont Fayçal El Kassem, future star de la chaîne, et un nombre encore plus grand de techniciens rejoignent ‘'Al Jazzera''. Très professionnel, ce personnel marquera de son empreinte l'esprit de la chaîne. 1997 : la chaîne émet en permanence H.24. Elle adopte un ton proche du public ciblé et invite tous les opposants du monde arabe, à la notable exception des Saoudiens, à venir s'exprimer sur ses plateaux. Celle-ci commente également à interroger en direct, fait unique dans le monde arabe, des dirigeants ‘'israéliens'' comme les sinistres Peres et Barak, et des représentants des lobbies sionistes américains. «Al Jazzera » est traitée par certaines chaîne de la CIA ou de chaîne de la normalisation avec « Israël ». Son auditoire croit de manière exponentielle et la rédaction de la chaîne attire de plus en plus de journalistes du monde arabe. Août -Septembre 1998 : Attentats antiaméricains au Kenya et en Tanzanie, le correspondant Tayssir Allouni décroche le premier entretien avec Oussama Ben Laden qui vient de revendiquer les attentats. Depuis, celui-ci considère la chaîne comme sa « fenêtre d'expression sur le monde arabe » et s'y manifeste à chaque fois qu'il le souhaite. La chaîne a notamment diffusé ses déclarations lors du mariage de sa fille avec le fils de son bras droit, l'Egyptien le docteur Ayman Ed-Dhaouahri. En Août 2000, Al Jazzera, emploie trois cent employés, des bureaux dans toutes les capitales européennes et arabes et disposent d'une présence particulière en quatre points chauds : La Palestine occupée, Baghdad, Kaboul (depuis 1999) et Khartoum. Quatre cents plaintes officielles (dont la Tunisie, l'Algérie, et le Maroc) ont été déposées auprès du gouvernement qatari, Cheikh Hamed garantit encore une fois à la chaîne son autonomie éditoriale. Le 28 septembre 2000, la Palestine occupée déclenche la seconde Intifadha. La chaîne hésite et met plus de 18 heures à diffuser les images de l'assassinat du petit Mohamed Doura. 11 septembre 2001 : Le centre commercial américain est attaqué. Al Jazzera est la première sur l'événement avec ses nombreux correspondants sur place. CNN l'américaine, contraint à payer un droit de première exclusivité sur les images d'Al Jazzera en provenance de Kaboul, seule chaîne autorisée à travailler en zone taliban. Mais le 4 octobre 2001, un mois après l'attaque, Al Jazzera diffuse « les premières images d'Oussama Ben Laden après le 11 septembre » près d'une minute trente non datées, non localisées et aussitôt reprises par toutes les chaînes occidentales. Après, le 6 octobre Al Jazzera diffuse un document confié à son correspondant à Kaboul, Tayssir Allouni, contenant l'apostrophe de Ben Laden à l'Amérique : « Vous ne serez plus jamais en sécurité tant que la Palestine ne le sera pas » Toutes les chaînes, au mépris de tous les droits commerciaux, basculent en direct sur le document. Deux jours après, le 8 octobre, le journaliste Sami Haddad d'origine jordanienne, réussi une interview avec Tony Blair. L'échange suivant est diffusé en boucle : »Que faites-vous de la présomption d'innocence ?' « Mais je l'ai vu sur votre chaîne se réjouir de la mort de sept mille innocents » rétorquera Tony Blair. La chaîne annonce des interviews futures avec George W Buch et Chirac. Et le 16 octobre 2001. La Chaîne AL Jazeera revendique une audience moyenne de trente millions de foyers pour ses rendez-vous de première partie de soirée (prime-time). Depuis, environs cent millions d'arabes sont au rendez-vous, chaque soir avec les informations finales dite ‘' Hassad El Youm'' suivi de ‘' Al Hassad Al Magharibi''. D'ailleurs, aucune autre chaîne TV Arabe n'a attirée autant de téléspectateurs dans le monde. Aujourd'hui, le monde entier découvre ce qui était familier aux peuples arabes. Al Jazzera s'est simplement donné les moyens, y compris en puisant comme l'avait fait MBC dans la fourrée des jeunes formés à/et par l'ENTV. C'est derniers avaient subi leur baptême du feu et celui du direct durant la guerre du Golfe. S'il fallait mesurer l'impact et l'influence de ‘'Al Jazzera', il suffit de feuilleter le bréviaire des jérémiades des dirigeants arabes et celui des américains, à l'encontre de ce média. Al Jazeera mélange avec professionnalisme ce que D. Walton désigne par le mixte valeurs et intérêts.