Avant son assassinat, Abdelhak Benhamouda déclarait qu'il allait quitter le syndicalisme pour fonder un parti. «Notre mouvement sera celui du renouveau et du changement, indiquait le dirigeant syndical. Dans la ligne des sociaux-démocrates, un mouvement qui défende l'ordre républicain, les libertés individuelles et collectives», et qui proposera une «alternative économique, sociale et politique». Ce parti que s'apprêtait à lancer Benhamouda avait la caution, dit-on, du président Zeroual. Ce dernier, dans la perspective des prochaines élections législatives, avait besoin d'un parti politique qui morde sur cette partie de l'électorat déçu à la fois par le libéralisme économique et par les divisions des forces démocrates et en mesure de contrer l'islamisme dit modéré. Et pour réussir un tel pari politique, seul un homme à la stature de Benhamouda pouvait le faire. Une stature et une popularité demeurée pratiquement intacte. En assassinant Benhamouda, le plus populaire dirigeant syndical que l'Algérie ait eu, les commanditaires de ce crime ont frappé un grand coup. Bien triste que ce 28 janvier où, sur le Cours de la Révolution, leur point de chute de tous les jours, les travailleurs retraités se rappelleront de Abdelhak Benhamouda, de ses multiples visites dans les entreprises de la wilaya quelques semaines avant son assassinat. Ils se rappelleront son passage au complexe sidérurgiste Sider, à l'Orlait, à Ferrovial. C'est là, et en d'autres sites d'activités économiques, que le défunt secrétaire général de l'UGTA avait appelé les travailleurs à lutter contre le terrorisme et à défendre leur outil de production. Ces retraités discuteront, des heures durant, sur Abdelhak Benhamouda, le président du Comité national pour la sauvegarde de l'Algérie (CNSA). 21 ans après son assassinat, les syndicalistes de Annaba, du moins ceux de l'Union de wilaya, semblent n'avoir d'autre souci que les œuvres sociales. Une manne qu'ils suivent de près, tout en faisant de la « boulitique ».