Issad Rebrab, président du groupe Cevital et Redha Kouninef, actionnaire majoritaire de KouGC ont tous les deux investi dans la production d'huile de table. Le bras de fer est engagé et pour le moment, c'est le premier qui marque des points, grâce à la conjoncture actuelle marquée par le hirak et grâce notamment à une campagne acharnée contre Kouninef sur les réseaux sociaux et aussi dans deux journaux francophones financés par Rebrab; el-Watan et Liberté en l'occurrence. Entre les deux patrons algériens, l'homme d'affaires de 74 ans, Issad Rebrab et le quadragénaire ambitieux, Redha Kouninef, la bataille était inévitable. Le très discret Redha Kouninef est membre d'une fratrie réputée très proche des autorités d'Alger. Leur conglomérat, KouGC, fondé en 1971 par le patriarche Ahmed Kouninef, s'étend du BTP au génie civil et à l'hydraulique en passant par l'agroalimentaire. L'huile, qui représente environ 10 % des profits de Cevital, constitue le cœur de leur conflit. En 2006, profitant de la privatisation de l'Entreprise nationale des corps gras, les Kouninef se lancent dans le raffinage avec Cogral (Corps gras d'Alger). L'année 2006, c'est aussi celle où émerge dans l'esprit d'Issad Rebrab l'idée de remonter la chaîne de valeur et de construire une usine de trituration de graines afin d'alimenter en huile brute ses raffineries et usines agroalimentaires. Un projet qu'il mettra du temps à démarrer… Trop sans doute. Car Redha Kouninef souhaite bientôt faire de même. Il y a deux ans, il crée Nutris, filiale du groupe KouGC, afin de réaliser dans la zone extra-portuaire de Djen Djen (à l'est de Béjaïa) une usine de trituration évaluée à 250 millions de dollars. Cette initiative réveille le projet de Cevital. Mais, alors qu'il tente d'importer le matériel nécessaire à la construction de sa propre usine, le directeur du port de Béjaïa, Djelloul Achour, lui en bloque l'accès, en mars puis en mai 2017. Un blocage qui se poursuit encore et qui va même s'étendre à de nouveaux ports après la promotion, en juin 2018, de M. Achour à la tête de Serport, l'entreprise publique qui gère les ports commerciaux. Or, pendant ce temps, Nutris avance. La mise en service de l'installation est attendue d'ici à 2019. Du côté de Rebrab, on s'inquiète : et si une fois le projet terminé, l'Etat s'empressait de limiter l'importation d'huile brute ? Cevital n'aurait alors d'autre choix que de s'approvisionner chez son principal concurrent.