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Pour des Etats généraux sur l'économie algérienne
Publié dans Réflexion le 29 - 04 - 2010

Il existe de plus en plus une tendance à l'unanimité de l'ensemble de la sphère sociale et économique : il ya un divorce croissant entre les importances potentialités de l'Algérie, et elles sont énormes, pour surmonter la crise multidimensionnelle à laquelle elle est confrontée et la situation actuelle caractérisée par un immobilisme inquiétant , rendant urgent le redressement national car il y va de la sécurité nationale devant aller rapidement vers des Etats généraux de l'économie pour préparer l'après hydrocarbures.
I- Les positions des Ministres Yazid Zerhouni , Daho Ould Kablia et du Président du CNES Mohamed Segir Babès Aussi, je me félicite que les idées que je développe depuis plus de deux années dans la presse locale et internationale aient trouvé des échos favorables tant parmi nos intellectuels et surtout parmi quelques uns de nos responsables politiques. C'est que la majorité des experts nationaux et internationaux soucieux des intérêts supérieurs de l'Algérie et non leurs intérêts étroits propres, arrivent à ce constat que le statut quo actuel, le manque de cohérence et de visibilité dans la politique socio-économique (où allons-nous, personne ne le sait ?) , une gouvernance mitigée tout cela étant la conséquence de la dominante d'une logique rentière hypothèquent les générations futures , rendant de moins en moins crédibles les actions internationales de l'Algérie comme en témoigne les classements de plus en plus négatifs de l'ensemble des organisations internationales qui rétrogradent l'Algérie entre 2004/2010 contredisant certains discours euphoriques continuant à nous vendre des rêves et induisant en erreur les décideurs du pays. Deux ministres algériens pourtant non en charge des secteurs économiques et le président du conseil national économique et social (CNES) ont posé récemment les problèmes du devenir de l'économie algérienne. Monsieur Yazid Zerhouni Ministre d' Etat chargé de l'Intérieur lors de la journée sur le savoir a mis en relief l'urgence de réfléchir à l'après hydrocarbures rejoignant l'avis de nombreux d'experts nationaux et étrangers qui estiment que l'Algérie se doit de revoir sa stratégie énergétique, les hydrocarbures étant la propriété de toute la collectivité nationale, un large débat national s'impose. Le ministre de l'Intérieur a posé la problématique de l'épuisement inéluctable des hydrocarbures car l'on peut découvrir des centaines de gisements mais non rentables financièrement. Car, si pour le pétrole ( moins de 1% des réserves mondiales) à moins d'un miracle la durée de vie est moins de 18 ans, pour le gaz car il ne suffit pas de diviser les réserves de gaz algérien évaluées à 4500 milliards de mètres cubes gazeux (estimation de 2006/2007 entre 2,5 et 3% des réserves mondiales ) par les exportations ce qui donnerait un chiffre faux de 40/45 ans de réserves, mais de tenir compte de la forte consommation intérieure estimée selon le CREG à 70/75 milliards de mètres cubes gazeux soit une production de 160 milliards de mètres cubes gazeux donnant une durée de vie de moins de 25 ans devant soustraire selon les spécialistes 10% de réserves marginaux non rentables. Mais pour le gaz du fait que la bulle gazière risque d'aller au-delà de 2016 actuellement le MBTU se vendant à 4 dollars, une baisse de plus de 50% par rapport à 2007/2008 du fait de la révolution technologique du gaz non conventionnel notamment aux USA qui risquent de devenir exportateur de gaz horizon 2020, les deux propositions des responsables de l'énergie algériènne évoquées par la presse avant la réunion du 18/21 avril 2010 publiquement d'une OPEP/GAZ et d'une réduction de l'offre ayant été rejetées par les pays les plus influents notamment la Russie et le Qatar, (45% des réserves mondiales de gaz conventionnel), le gaz étant une ressource non renouvelable qui appartient à la collectivité et aux générations futures, se pose dès lors la question de savoir pourquoi augmenter la production en Algérie si l'on devait l'exporter à un prix qui couvre à peine les frais de production et transformer le gaz en dollars et en plaçant ces réserves de change à l'étranger à des taux d'intérêts presque négatifs tenant compte des taux directeurs des banques centrales allant vers zéro et du taux d'inflation mondial. Aussi est-il illusoire d'affirmer que l'Algérie deviendrait le troisième fournisseur de l'Europe horizon 2025/2030 à moins de découvertes importantes. Le deuxième Ministre Délégué chargé des collectivités locales, Monsieur Daho Ould Kablia, s'opposant à d'autres membres du gouvernement mus par l'unique dépense monétaire, pour qui certaines dépenses dans les infrastructures sont contreproductives, certainement au vu des rapports que lui transmettent les walis, constate le peu d'impacts sur le niveau de vie des citoyens de ces dépenses comme faire et refaire les trottoirs, sans compter certaines dépenses de prestige. Il est rejoint par Monsieur Mohamed Seghir Babès président du conseil économique et social lors d'une conférence de presse clôturant de dernier rapport de conjoncture, déclaration reprise également par la presse algérienne pour qui les infrastructures ne sont qu'un moyen qu'il fallait revoir l'allocation des ressources financières privilégiant le savoir, l'entreprise seuls facteurs de création de ressources permanentes afin de lutter effacement contre la pauvreté et le chômage et que je le cite « continuer dans cette voie, le pays va droit au mur ». II- Pour des Etats généraux sur l'économie : dix axes stratégiques Je recense sans être exhaustif, dix thèmes pouvant être regroupés en cinq ateliers. 1.- La gouvernance et l'efficacité des institutions impliquant d'analyser les dysfonctionnements des structures de l'Etat tant au niveau central que local, la problématique de la décentralisation responsabilisant les acteurs locaux à ne pas confondre avec la déconcentration. Les dernières actions de lutte contre la corruption qui prend des proportions alarmantes en Algérie évitant de la banaliser et de comparer l‘incomparable, sont-elles conjoncturelles ou relèvent –t- elles d'une volonté profonde de moralisation de la société ? En mettant sur le marché des sommes faramineuses sans prévoir des institutions et des instruments de régulations et de contrôle, il fallait s'attendre inévitablement à cette socialisation de la corruption. Donc quelle est la place des mécanismes démocratiques de contrôle en plus des structures techniques ? Lié à cet aspect et ayant un impact tant sur le fonctionnement des institutions que sur les activités réelles,( dualité) , quelle est la place de la sphère informelle fonctionnant dans un espace de non droit , produit de la bureaucratie drainant plus de 40% de la masse monétaire en circulation et comment l'intégrer par des mécanismes transparents loin des mesures administratives ? 2.-Quel est le devenir des accords liant l'Algérie à l'Europe applicable depuis le 01 septembre 2005 et quelles perspectives de l adhésion future à l'organisation mondiale du commerce OMC et quelle est la place du secteur privé national et international pour instaurer une économie de marché concurrentielle dans l'économie nationale et donc quel est le futur rôle de l'Etat dans le développement économique et social face aux nouvelles mutations mondiales. Et dans quels créneaux investir en termes d'avantages comparatifs ( part entre infrastructures et entreprises dont agriculture, PMI/PME, tourisme , services) au sein des espaces socio-économiques naturels de l'Algérie à savoir l'espace maghrébin , posant l'urgence de l'intégration économique maghrébine , euro -méditerranéen et arabo-africain. 3.- Quelle est la politique de régulation sociale à mettre en œuvre évitant la distribution passive de la rente, une société fortement inégalitaire étant vouée à la décadence, les politiques de revalorisation de la ressource humaine, richesse bien plus importante que toutes les ressources d' hydrocarbures fondement du management stratégique, de l'éducation, de la santé , de l'emploi liant l'efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale et quels sont les liens entre le mode d'accumulation, la répartition du revenu et du modèle de consommation par couches sociales supposant une analyse tant de l'indice du développement humain (IRH) que de l'inflation liés au mode de régulation c'est-à-dire les mécanismes de production et de distribution de la rente des hydrocarbures ? 4.-Quel est le bilan du plan de soutien à la relance économique entre 2004/2009 de plus de 200 milliards de dollar, en comparaison de pays similaires ayant peu de ressources, son impact sur le taux de croissance réel et non nominal ( 3% en moyenne durant cette période ) , sur le taux de chômage réel ( emplois productifs et non emplois rentes) et sur le pouvoir d'achat des citoyens tenant compte du taux d'inflation réel et quel sera l'impact du nouveau programme évaluée à plus de 250 milliards de dollars entre 210/2013 suscitant tant de convoitises devant se méfier des réalisations physiques sans analyser les coûts, la qualité et les impacts économiques et sociaux réels et surtout de savoir si ces dépenses ont préparé l'après hydrocarbures ? Ayant eu à le souligner par le passé et comme le souligne récemment également mon collègue le professeur Abdelmajid Bouzidi , le tout étant tiré par la dépense publique via les hydrocarbures( BTPH) , n' aurions pas un taux de croissance négatif, déflaté par l'injection de la rente des hydrocarbures , l'actuel taux tant de croissance que du taux de chômage étant un taux artificiel et que serait l'Algérie dans les relations internationales après l'épuisement des hydrocarbures ? 5.-Quel est le niveau réel des réserves d 'hydrocarbures, les couts d'extraction ( gaz/pétrole) tenant compte de la rentabilité financière , (fonction des vecteurs prix/cout) quelle est la stratégie énergétique, du modèle de consommation énergétique de l'Algérie de 2020 et la promotion des énergies renouvelables tenant compte du défi écologique et d'un espace équilibré et solidaire au moyen d'une nouvelle politique d'aménagement du territoire? 6.- Quel est la future politique budgétaire et financière du pays, de la réforme bancaire souvent annoncée mais souvent différée car lieu de distribution de la rente , de la gestion des réserves de change et leurs placements: où, comment et combien a-t-on placé à l'étranger et quel leur rendement tenant compte du taux d'inflation et des taux d'intérêts directeurs ? 7.-L'impact notamment sur les PMI/PME constituant
la majorité du tissu économique productif du passage du Remdoc au Crédoc , la traçabilité existant déjà au niveau du Remdoc,, du retour aux licences d'importation pour certains produits, avec le risque du passage d'un monopole public à un monopole privé beaucoup plus néfaste, de l'extension du crédit informel à des taux d'usure car existant une intermédiation informelle? 8.- L'impact des nouvelles dispositions 70% minimum national 30% pour le commerce et pour les autres secteurs 51% national en fait l'Etat minimum et 49% pour les étrangers ? Pourquoi cette généralisation à travers des lois alors que l'intelligence suppose des actions ciblées, la notion de secteur stratégique ou pas étant historiquement datée, les expériences montrant que ce qui est stratégique aujourd'hui peut ne pas l'être demain, ce qui est non stratégique peut le devenir, au vu des mutations tant internes que mondiales ? 9.- L'impact réel des dernières mesures de suppression des crédits à la consommation sur la valeur ou non le volume des importations en référence à l'évaluation de la dépense publique par la mauvaise gestion et les surcouts sur l'origine du gonflement des importations ? 10.-Le blocage actuel n'est-il pas d'ordre systémique, dans la panne de l'approfondissement de la réforme globale d'une manière maitrisée devant faire jouer à l'Etat régulateur le rôle stratégique qui est le sien au sein d'une économie de plus en plus globalisée, à ne pas confondre avec l'Etat propriétaire gestionnaire, supposant une mutation systémique devant être portée par des forces sociales novatrices pour le passage d'une économie fondamentalement rentière à une économie productive tenant comte des services qui ont un caractère de plus en plus marchand afin de préparer l'Algérie de 2020/2025 ? En résumé, l'Algérie depuis 1986 est dans cette interminable transition hybride, ni économie de marché ni économie planifiée avec une tendance au retour au dirigisme étatique et bureaucratique. Ce retour inauguré avec la loi de finances complémentaire 2009, résoudra t-il les problèmes car malgré la crise, la dominance au niveau mondial est l'économie privée mais avec l'urgence de nouveaux mécanismes de régulation du fait de l'interdépendance accrues des économies transnationaux , afin de synchroniser la sphère réelle et la sphère financière, la dynamique économique et la dynamique sociale, certains confondant faussement le keynésianisme à travers la relance de la demande globale ( consommation et investissement) via le déficit budgétaire des Etats, avec l'étatisme ? Le risque avec cette bureaucratisation étatique n'est-il pas d'isoler l'Algérie de plus en plus de l'économie mondiale contrairement aux économies émergentes qui ont dénoncé le protectionnisme des pays développés lors de la dernière réunion du G 24. Aussi, face à cette situation, il me semble urgent de convoquer des Etats majors de l'économie pour tracer la future politique économique et sociale et préparer l'après hydrocarbures, 16/25 ans étant demain, posant d'ailleurs la problématique de la sécurité nationale expliquant sans doute l'intervention du Ministre de l'Intérieur. Seuls le dialogue permanent, la concertation, des débats contradictoires utiles loin de toute autosatisfaction ou de dénigrement gratuit, associant l'ensemble des segments de la société évitant de réunir des fonctionnaires de l'Etat ( Ministres, walis, directeurs généraux) avalisant les décisions bureaucratiques administratives autoritaires ère du passé, à travers un monologue contreproductif lassant, permettront d'aborder avec un planning opérationnel de réalisation datée réaliste, lucidement et sans passion, les problèmes stratégiques déterminants qui engagent l'avenir du pays. Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université en management stratégique [email protected]


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