Pour célébrer la commémoration du 57éme anniversaire du recouvrement de l'indépendance , la « jeunesse andalouse » de Mostaganem , s'est littéralement réappropriée sa fête avec une virtuosité et une aisance déconcertante , qui ont forcé l'admiration d'un public en or , venu nombreux découvrir une nouvelle initiative musicale toute en fraîcheur, où l'on sentait les gammes jubiler de bonheur , sur une scène de théâtre , devenue soudain trop exigüe , pour un ensemble orchestral de vingt quatre talentueux musiciens , tous formés dans les associations de musique andalouse de la ville , à l'instar d'El Fen wa Nachat , ibn Badja , Wichah El Andalous et dans l'ex association Azur . L'ensemble musical ,dénommé « Ensemble des jeunes talents mostaganémois » qui n'a ,faut-il le souligner ,aucune prétention andalouse au sens académique du terme ,s'était pour l'occasion fait un grand plaisir , en donnant libre court à une féérie musicale , en allant cueillir au grand air , d'autres fleurs et humer d'autres senteurs. Ce nouvel orchestre , bâti sur le socle du respect ,de l'amitié et du professionnalisme , se présente plutôt comme un panel musicalement très équilibré , où les cordes s'harmonisent à des gammes tempérées ,que cadencent une rythmique merveilleusement synchrone , empruntée au riche tempo de la belle variété algérienne, très en vogue à une certaine époque , suscitant une merveilleuse nostalgie parmi un auditoire bariolé, où se rejoignaient tous les âges . Et ce public en symbiose avec l'orchestre , aurait aimé que s'éternisât la fête , tellement le programme proposé , s'inspirant d'une palette richement irisée, allait le réjouir à chaque pincement de cordes et à chaque variation de cadence .Et comble de bonheur , une chorale démultipliée enjolivant l'arrière-scène , est venue rehausser chaque tournure musicale , avec à la clé des voix prometteuses , comme celle de la jeune Faradj , dont la tessiture vocale a tendance à s'élever vers le soprano , pour la grande satisfaction des mélomanes , restés tout-ouïe . Question prestations musicales ,nous eûmes droit à un cocktail très plaisant , où l'« alchimie mélodieuse », faite d'ingrédients jubilatoires , allait subjuguer plus d'un ! Ainsi après quelques joyaux d' inklabat , insrafat et khlassat très rythmés , nous voilà invité dans le patio de l' Aroubi pour se remémorer avec émotion «men ybate ira3i lahbab » , la poignante complainte de cheikh Benkbabti . S'ensuivront d'autres pépites musicales ,où des standards « ya rayah » , « bladi hiya el djazaîr » , « wahran el bahia » seront revisités par des voix mélodieuses qui rassurent , tandis que « rah el ghali rah » de Mahboub Bati chantée au départ par boudjemma El Ankis , sera elle reprise , en langue amazigh -tout comme l'avait Matoub lounès - par une jeune chanteuse qui a déjà tout d'une grande. Et le public n'était pas au bout de ses surprises ! Car le clou de la commémoration fut sans conteste ,le remake du célèbre «El Hamdou Lilah ma bkach isti3mar fi bladna » , hymne de l'Algérie nouvellement indépendante que chanta à l'époque , le chantre du chaabi , Hadj m' Hamed El Anka entouré de ses élèves et accompagné par l'orchestre de Mustapha kandrani.C'était à l'aube de l'indépendance ,juste après l'affranchissement du joug colonial au prix du sacrifice suprême d'un million et demi de martyrs . Respectueux du legs de ses pères et tout en leur rendant un vibrant hommage ,le nouvel orchestre de Mostaganem a tenu a nous gratifier , sur les notes de cette sublime chanson , d'une video de bonne facture , dénuée de fioritures , comme s'il voulait être en parfaite harmonie avec l'original ! Au terme de cette belle après-midi enrichie d'un agréable assortiment musical ,et malgré la chaleur pesante et les désagréments d'une sono un tantinet décalée , le public franchement emballé , fera une standing-ovation à cet orchestre dirigé par le jeune houcine Benalioua , le virtuose du violon , qui avoua à la fin du spectacle avec émotion et beaucoup de tact , la difficulté qu'il a eu à monter cet orchestre et à mettre sur pied un tel challenge , dont l'unique raison d'être était de libérer les énergies et penser autrement les spectacles , tout en restant bien sûr dans le giron de la bonne musique . Alors , bravo les jeunes et bon vent ! Et si l'on remettait çà ? Par exemple pour la commémoration du 1er novembre ?