Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé d'attaquer de front le fumeux dossier de l'importation des kits CKD-SKD destinés au montage de véhicules qui a viré en un immense scandale économique ayant profité aux proches et amis de l'ancien régime. Ce segment de l'industrie qui a saigné le trésor public et fait le bonheur d'une meute d'importateurs transformés, comme par une magie noire, en de fabricants de voitures estampées «Made in bladi», sera le plus urgent chantier du nouveau ministre. En l'occurrence, Ferhat Ait Ali qui connaît très bien le dossier pour avoir été le concepteur des premiers cahiers de charges qu'Abdesselam Bouchouareb a gardés au fond du tiroir, est appelé à agir sous le sceau de l'urgence pour assainir un secteur pollué par la corruption, les pots-de-vin et autres passe-droits. Abdelmadjid Tebboune a en effet estimé que le montage automobile figurait parmi les dossiers à caractère «urgent» et «sensible» qui mérite des «réponses concrètes». Pour ce faire, il a demandé au gouvernement et plus exactement au ministre de l'industrie, de mettre en place de «nouvelles règles» devant régir l'activité d'importation des Kits destinés au montage automobile. Ferhat Ait Ali devra donc donner un coup de pied dans la fourmilière dans ce secteur gangrené par des politiques antiéconomiques qui faisaient le bonheur des copains sous Bouteflika et dont la majorité des «hommes d'affaires» bénéficiaires est désormais sous les barreaux. Pour cause, ces importations servaient très souvent à masquer de gigantesques opérations de transferts de devises à l'étranger via la surfacturation. Ainsi, et pour les seuls neuf premiers mois de l'année 2019, l'Algérie a importé pour 2,3 milliards de dollars de kits SKD destinés au montage automobile des véhicules de tourisme et du transport du personnel et de marchandises. En 2018, la facture globale d'importation des collections CKD/SKD destinées au montage de véhicules s'est chiffrée à plus de 3,73 milliards de dollars, contre 2,2 milliards de dollars en 2017, en hausse annuelle de 1,53 milliard de dollars (+70%). Lors de l'examen de ce dossier par la justice, le représentant du Trésor public avait estimé ses pertes dans ces opérations à près de 129 milliards de DA. La société Mazouz de montage de véhicules et de camions est à l'origine de 39 milliards de DA de ces pertes, l'opérateur Larbaoui Hassan de plus de 87 milliards de DA ainsi que le groupe IVAL de Bairi Mohamed PA Renault-Algérie Production (RAP), la SARL Tahkout manufacturing company, la SPA Sovac roduction et la SARL Gloviz (KIA). Le procureur de la République a révélé que «certains hommes» d'affaires géraient des «sociétés écrans» tout en bénéficiant d'indus avantages fiscaux, douaniers et fonciers».