Le gouvernement promet d'agir concrètement pour favoriser un changement dans l'industrie automobile et édicter de nouvelles règles encadrant cette filière. Il s'agit là de l'une des orientations formulées par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors d'un Conseil des ministres qu'il a présidé samedi 18 décembre. Le chef de l'Etat, s'exprimant dans un langage vague et général, n'explique cependant pas en quoi consistent les nouvelles mesures et quels en sont les effets attendus. Abdelmadjid Tebboune a toutefois placé l'importation des kits CKD-SKD à un rang plus élevé dans l'ordre des priorités dans le secteur automobile, exhortant ainsi le gouvernement à assainir en "urgence" ce dossier. Estimant en effet que ce dernier figurait parmi les dossiers à caractère "urgent" et "sensible", méritant des "réponses concrètes", il a insisté sur l'assainissement de la situation de ces importations et la mise en place de "nouvelles règles" les régissant. L'importation de ces composants, qui entrent dans l'assemblage automobile, a siphonné beaucoup de ressources sans aucun avantage pour les consommateurs (les prix des voitures n'ayant pas baissé), ni aucune garantie que l'argent servira au développement réel de cette filière. Les chiffres de l'importation donnent le tournis : sur les 9 premiers mois de 2019, le pays a importé pour 2,3 milliards de dollars de kits SKD destinés au montage automobile de véhicules de tourisme et de transport du personnel et de marchandises. En 2018, la facture globale d'importation s'est chiffrée à plus de 3,73 milliards de dollars, contre 2,2 milliards de dollars en 2017, en hausse annuelle de 1,53 milliard de dollars (+70%). Le montage a ainsi coûté beaucoup d'argent pour, en fait, un maigre résultat. Il n'a réalisé en 2018 qu'une production de 4 500 véhicules industriels et 180 000 véhicules de tourisme, contre 110 000 véhicules de tourisme en 2017. En 2019, une série de décisions avait été prise par le gouvernement pour faire baisser la facture d'importation des kits SKD destinés au montage des voitures de tourisme. En mai 2019, le ministère de l'Industrie avait fixé des quotas d'importation des kits SKD aux seuls quatre principaux constructeurs automobiles dont les projets et les programmes de production (modèles) ont été validés par le Conseil national d'investissement (CNI). Des poursuites judiciaires ont été par ailleurs engagées contre certains constructeurs. Le pot aux roses a été enfin découvert. Il s'agit d'un dossier très lourd, impliquant d'anciens ministres et des hommes d'affaires et révélant des faits ahurissants et choquants. Les malversations financières et les pratiques irrégulières ont été à l'origine de lourdes pertes pour le Trésor public, avait indiqué en décembre dernier le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed (Alger). Le représentant du Trésor public les avait estimées à près de 129 milliards de dinars. La société Mazouz de montage de véhicules et de camions est à l'origine de 39 milliards de dinars de ces pertes, l'opérateur Hassan Larbaoui de plus de 87 milliards de dinars et le groupe Ival de Mohamed Baïri de plus d'un milliard de dinars, selon le Trésor public. Le procureur de la République avait expliqué que les pratiques relatives à l'investissement dans le domaine du montage automobile, étaient basées sur le "népotisme" et le "favoritisme".