Dans ce procès portant sur l'affaire des 550 kilos de kif traité, le dénommé Belaïz Djamel a été le cinquième accusé à être appelé à la barre par la présidente. Sommé de décliner son identité devant le tribunal, le mis en cause a déclaré s'appeler Belaïz Djamel, né le 8 mars 1971 à Bab El Assa, localité située dans la région de Maghnia, à la frontière avec le Maroc. Devant la présidente, il ajoutera qu'il était chômeur et célibataire. Ce n'était, effectivement, pas le fil du ministre de la justice, comme certains l'avaient cru, mais un homonyme qui, par pure coïncidence, était originaire de la même wilaya que le garde des sceaux. Tout est parti au cours d'une chaude journée du 21 août de l'année dernière, lorsque les gendarmes, en patrouille sur le tronçon de la RN n° 02 reliant Aïn Témouchent à El Amria, ont voulu intercepter deux véhicules suspects de marques Mercédès « E250 et Renault « Mégane » dont les conducteurs ont refusé d'obtempérer. Les gendarmes se sont alors lancés à leur poursuite et au bout de quelques kilomètres, ils trouvent la Mercédès, avec pas moins de 5 quintaux et demi de kif traité à l'intérieur, abandonnée par ses occupants qui s'étaient engouffrés à l'intérieur du second véhicule qui avait disparu. Mais la « généreuse » Mercédès n'était pas restée muette, comme pouvaient le croire ses occupants. Elle avait fourni, en effet, de précieux renseignements par le biais de deux cartes SIM pour téléphone portable négligemment laissées par les fugitifs. L'exploitation des deux cartes, qui recelaient de riches informations, a permis aux éléments de la gendarmerie nationale de connaître énormément de choses sur leurs propriétaires. Les puces emmagasinaient une foule de précieux renseignements, des numéros de téléphones, appelants et appelés, des photos, ainsi que des noms qui n'étaient pas du tout inconnus pour les enquêteurs. Certains étaient enregistrés comme étant de gros importateurs de drogue made in Morroco, dont ceux précédemment impliqués dans la fameuse affaire des 800 kilos de kif découverts à Bab El Assa, parmi lesquels un baron actuellement en état de fuite et activement recherché considéré comme étant le principal ravitailleur en poison marocain et chef d'une vaste organisation d'exportation frauduleuse de carburants, de produits alimentaires, trafic de véhicules volés à l'étranger, écoulement de produits de contrefaçon… En somme, toutes activités ignobles exercées par le sombre malfaiteur sans foi ni loi. Et ce sont les individus accusés de s'adonner à ces actes punis par la loi qui ont été jugés cette semaine par le tribunal criminel d'Oran.Il est à signaler qu'en raison de sa spécialisation du pôle, c'est le parquet d'Oran qui avait demandé à traiter cette grosse affaire dont l'information judiciaire était entamée, en septembre dernier par le tribunal d'El Amria, relevant de la cour de Sidi Bel-Abbès. Cette semaine, huit individus, dont deux en comparution libre, étaient devant le tribunal pour répondre, à des degrés différents, des faits qui leurs étaient reprochés. A l'issue de son réquisitoire, la représentante du ministère public a réclamé la réclusion criminelle à perpétuité contre les accusés. Les plaidoiries des avocats, qui se sont succédé à la barre, dont certaines étaient dignes d'admiration, ne semblaient guère avoir pesé sur la décision des membres de la cour. En effet, après délibération, le tribunal a condamné tous les accusés à 20 ans de réclusion.