Connu pour son franc parler, Jean Ziegler, sociologue et écrivain polémiste suisse, n'est pas allé par quatre chemins pour dénoncer ouvertement la mainmise des grandes puissances sur les ressources naturelles de certains pays africains, comme le Nigéria par exemple. Il est à noter que Jean Ziegler est aussi membre du conseil des droits de l'homme de l'ONU, ce qui explique qu'il est bien placé pour être bien informé de ce qui se passe à travers le monde, notamment en matière d'économie. Invité au Salon international du livre d'Alger (SILA), Jean Ziegler s'est exprimé sur la démarche de l'occident et sa politique tendancieuse à travers laquelle il veut à tout prix avoir le champ libre, c'est-à-dire agir à sa guise en dictant sa loi. Les multinationales sont les maîtres du monde et ne cherchent qu'à maximiser leurs profits là où les chefs d'Etats se plient à leurs exigences. Jusque là, affirme t-il, seule l'Algérie est arrivée, à travers une politique économique claire, basée sur des principes irréfutables, a trouver le moyen de négocier avec les maîtres du monde, parce qu'elle est le seul pays d'Afrique qui maîtrise l'investissement étranger sur la base du 51/49. Il s'agit là d'un code spécifique à l'Algérie qu'elle impose à ses partenaires étrangers en matière d'investissement. A contrario, Jean Ziegler cite comme exemple le Nigéria qui, avec une production allant jusqu'à 2,2 millions de barils par jour de pétrole, est sous les ordres des firmes pétrolières, notamment Texaco et Esso qui lui dictent leurs lois. Le Nigéria produit bien plus que l'Algérie, est il précisé, mais ce pays souverain ne réussit pas à traiter d'égal à égal avec les multinationales afin de rester maître des ressources naturelles de son pays. L'auteur cite l'Algérie, en tant que membre de l'OPEP, comme étant la principale puissance en Afrique du Nord, en raison de la permanence de ses principes et du grand rôle qu'elle joue en présidant le groupe afro arabe au sein du conseil des droits de l'homme de l'ONV. Jean Ziegler estime que le capitalisme est arrivé au stade qu'il qualifie de monopolistique terminal prôné par les Euro- Américains et relève, de ce fait, que les 500 plus grandes sociétés transcontinentales privées sont arrivées à contrôler, durant l'année écoulée 2009 près de 53,8% du produit intérieur brut (PIB) mondial et ce à partir de données communiquées par la Banque mondiale. « Nous assistons aujourd'hui à un formidable mouvement de reféodalisation du monde, à la mise en coupe réglée des peuples de l'hémisphère Sud par les grandes sociétés transcontinentales. « Deux armes de destruction massive sont à l'œuvre : la dette et la faim », tient-il à préciser. Ceci pour dire que ces mêmes sociétés arrivent à contrôler plus de la moitié de toutes les richesses mondiales produites en une année, dans le même ordre d'idée Ziegler parle du profit sans borne dû à un capital financier sans borne ». Par ailleurs, il cite les dirigeants de la Bolivie et du Venezuela pour les efforts consentis tendant à reconquérir la souveraineté de leurs Etats respectifs sur leurs richesses naturelles, afin de mettre fin au pillage pratiqué par lesdites sociétés. Dans le domaine du commerce extérieur Jean Ziegler dira que l'OMC, qu'il qualifie « d'entreprise de désarmement économique des pays du tiers monde », fonctionnant selon les intérêts des multinationales, dont le pouvoir n'a pas d'égal. Nous assistons donc à une sorte de dictature globalisée du capital mondial exercée par les multinationales grâce à des systèmes appropriés de domination. Selon lui, près de 90% des pays du Sud seraient totalement asservis en matière d'exploitation des richesses et de transfert de capitaux, précisant par ailleurs qu'hormis cinq pays : l'Egypte, l'Algérie, le Nigéria, l'Ethiopie et l'Afrique du Sud, presque le reste des pays d'Afrique vit actuellement dans la misère. Des mesures urgentes devraient être prises par les dirigeants des pays africains concernés pour endiguer ce phénomène. Compter sur les aides internationales n'est pas, à long terme, une solution en soi. Jean Ziegler a écrit de nombreux ouvrages ayant trait aux problèmes d'ordre économique et sociologique à savoir : Main basse sur l'Afrique - La faim dans le monde - La haine de l'Occident - Les nouveaux maitres du monde - L'Empire de la honte, pour ne citer que ceux-là.