Un Sarkozy soupe-au-lait, un Berlusconi fêtard, Poutine et Medvedev en Batman et Robin... Petite revue des quelques commentaires sur les dirigeants européens dans les documents diplomatiques confidentiels américains, publiés par WikiLeaks. Le langage diplomatique est en réalité plus trivial que la réputation qu'on lui donne. Les 250 000 documents confidentiels du Secrétariat d'Etat- le ministère américain des Affaires étrangères - divulgués dimanche par le site Wikileaks jettent une lumière crue sur les coulisses des relations internationales aux Etats-Unis. Les câbles évoquent certains dirigeants étrangers en des termes ironiques et leur divulgation met à mal le principe de confidentialité, et mais aussi, d'une certaine façon, la cordialité entre états… Sans communiquer les liens vers les documents en question, le Guardian précise que certains messages contiennent des commentaires acides et embarrassants envers plusieurs leaders. Sarkozy, le président maniaque Nicolas Sarkozy est qualifié de président «susceptible» avec un «style personnel autoritaire». L'ambassade des Etats-Unis souligne également le comportement revêche qu'adopterait le locataire de l'Elysée avec ses collaborateurs. Le président français est aussi présenté comme le chef d'Etat français «le plus pro-américain depuis la Seconde Guerre mondiale». En outre, le conseiller diplomatique de l'Elysée, Jean-David Levitte, estime dans l'un des documents, que l'Iran est un Etat «fasciste» et qualifie le président vénézuélien, Hugo Chavez, de «fou» qui transforme son pays en nouveau Zimbabwe. «On ne réagira pas sur WikiLeaks», fait-on savoir dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, selon Reuters. «Nous ne confirmons aucun des propos attribués à des autorités et des diplomates français dans ces documents», a également dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Angela Merkel et David Cameron … De petits dirigeants ? Pas de «special relationship» ici. Les dirigeants anglais sont scrutés comme tout le monde. Ainsi le gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mervyn King, aurait assuré à l'ambassadeur américain à Londres que le Premier ministre britannique David Cameron, et son ministre des finances, George Osborne (tous les deux en photo) manquaient de «profondeur». En outre le Sun rapporte que le Prince Andrew, est «malpoli». Côté allemand, Angela Merkel «a peur du risque et fait rarement preuve d'imagination», rapporte Der Spiegel. La chancelière est toutefois jugée «tenace quand elle est en difficulté» et «méthodique, rationnelle et pragmatique». Silvio Berlusconi, le fêtard bling-bling C'est le président du Conseil italien qui s'en tire avec le meilleur bulletin pour l'Europe… Silvio Berlusconi est décrit comme un «incapable, vain et inefficace», pour un dirigeant moderne. Un câble envoyé de Rome le décrit comme «physiquement et politique affaibli» et assure qu'il «ne se repose pas suffisamment en raison de son goût prononcé pour la fête». Silvio Berlusconi entretiendrait également une relation extrêmement amicale avec le Premier ministre russe, au point d'être décrit comme «le porte-parole de Poutine en Europe» selon des documents publiés par le New York Times. Les diplomates américains en poste à Rome font ainsi état de «cadeaux somptueux» entre les deux leaders ainsi que d'obscurs échanges et arrangements particulièrement lucratifs autour de l'énergie. Poutine et Medvedev, ou les Batman et Robin mafieux A la tête de la Russie, le président Dimitri Medvedev est officiellement au dessus de son Premier ministre, Vladimir Poutine. Officieusement, c'est tout l'inverse. Poutine est présenté dans une note comme le «mâle dominant», et Medvedev comme un homme faible et hésitant. Le Premier ministre âgé de 58 ans règne sans partage et décide de tout, des échanges énergétiques jusqu'à la gestion du dossier iranien. Les auteurs le comparent rien moins qu'à «Batman», alors que le président Dmitri Medvedev leur évoque un «Robin» sans relief, dont les décisions doivent être validées par son mentor. «De nombreux responsables de haut rang ne le reconnaissent pas comme dirigeant», aurait même déclaré le président de l'Azerbaïdjan, Ilham Aliev, à propos du président russe. Mais aussi puissant soit-il, le chef du gouvernement serait toutefois affublé d'une administration ingérable, noyautée par une mafia d'hommes d'affaires véreux et par les forces de l'ordre. «La démocratie russe n'existe plus et le gouvernement est une oligarchie dirigée par les services de sécurité», a ainsi dit le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, s'adressant à son homologue français, Hervé Morin, le 8 février 2010, selon l'un des câbles de l'ambassade des Etats-Unis à Paris.