Par Dr Sabiha AHMINE Nous sommes rassemblé ici, en ce haut lieu symbolique de notre mémoire commune, qui est le Tata Sénégalais, pour donner sens à cette cérémonie de commémoration républicaine du 61ème anniversaire de la victoire des Alliés contre la barbarie nazie, contre ses ghettos de la mort, son apartheid raciste. Donner du sens pour ne pas oublier, pour ne pas exclure et pour rendre hommage à tous ces soldats d'Afrique et d'Outre-mer, à leur famille qui se sont battus comme des lions pour défendre la France est en lui même la défense de nos valeurs républicaines, universalistes. En effet, c'est avec dignité et respect que cette commémoration citoyenne et républicaine de la victoire des alliés sur la barbarie Nazie, prend une nouvelle demande de reconnaissance et un hommage citoyen à la mémoire de tous ces étrangers morts pour la France, sans oublier leurs familles, qui ont été des fois les victimes des massacres coloniaux, à Sétif, au Sénégal ou à Madagascar.... Une demande de reconnaissance, fondée sur une démarche préventive et dynamique de paix, qui vise avant tout à construire une mémoire républicaine partagée en toute Humanité. Avec la participation des membres du Conseil des Résidents Etrangers Lyonnais (CREL) avec l'ensemble des associations africaines, maghrébines, comme celles de défense des Droits de l'Homme, nous sommes rassembler ici pour donner une dimension éthique à l'action citoyenne en respectant l'autre dans sa différence, dans sa couleur, son origine, dans sa croyance, dans son orientation sexuelle, dans ses apports ou dans sa mémoire, et cela en pleine égalité et reconnaissance citoyenne et Républicaine. En effet, la barbarie avec ses corollaires l'apartheid et le colonialisme, sont des situations, des systèmes archaïques du passé, ce sont des mots antisociaux à bannir définitivement de notre dictionnaire. Il est temps de les remplacer par nos valeurs républicaines, universalistes d'égalité, de liberté, solidarité et fraternité. C'est pourquoi, pour la 4e année consécutive, la Ville de Lyon à travers la délégation des Droits des Citoyens, rend un hommage particulier, et sans discrimination, à tous ces soldats d'Afrique et d'Outres-mer, qui se sont battus pour défendre la France et dont l'apport est souvent oublié, dénaturé, méprisé voir humilié. Renforcer ainsi notre mémoire commune, va contribuer à éclairer nos institutions, épauler notre demande de reconnaissance et libérer notre jeunesse d'un passé, d'un fardeau indigeste, celui des tentatives obscures de certaines manipulations qui visent à diviser les citoyens, par la négation de l'autres, dans son passé ou dans son présent. Désormais, avec la société civile, nous voulons que la célébration de la victoire des alliés contre le nazisme, soit aussi une occasion pour rendre un hommage citoyen à la mémoire de tous ces étrangers morts pour la France, sans oublier les victimes des massacres coloniaux.... En effet, l'apport de ces soldats issus des ex-colonies est souvent oublié, dénaturé, voire humilié. Les nazis ont même voulu nuire à la réputation de ces soldats courageux, en créant de toutes pièces, des mensonges les accusant à tort d'exactions. L'oubli planifié, programmé, organisé et entretenu a causé ensuite leur deuxième mort, celle de nos mémoires. Si la date du 8 mai nous rappelle les sacrifices que nos anciens ont consenti sur la voie de la Paix, pour que nous puissions vivre dans la concorde et pour dire aujourd'hui « plus jamais ça ». Avec la capitulation des nazis, cette date reste un très grand moment d'émotion, de joie, cette date nous rappelle surtout les massacres coloniaux de Sétif, Guelma en Algérie, et combien d'autres ailleurs : au Sénégal, Madagascar.... Par devoir républicain, universaliste et humaniste, il est vital aujourd'hui de n'exclure personne, et de ne laisser aucun être humain à la marge. C'est par la négation de la mémoire que commencent toutes les autres formes de discriminations barbares. C'est pourquoi il est important de réhabiliter la mémoire du 8 mai 1945 dans son ensemble : à Sétif comme à Lyon. Sans distinction de peau, de couleurs, de lieux, de nationalités ou de croyances. Aujourd'hui, si nous demandons reconnaissance pour tous ces combattants de la liberté qui ont libéré la France, et à qui on a refusé la liberté ensuite, c'est pour affranchir notre jeunesse et l'ensemble de la société d'un passé colonial indigeste. Cette reconnaissance est salutaire pour les 600 000 soldats étrangers (Africains, Spahis, Goumier, Tabors marocains, des Zouaves algériens, Tunisien, soldats des territoires français de l'Inde, d'Indochine, des territoires français du Pacifique, des soldats Malgaches et d‘Afrique noire), qui ont été directement engagés, pour la liberté, sur tous les fronts (en France, les Balkans, l'Italie). Ils ont donné le meilleur des sacrifices pour la Nation : près de 57 000 d'entre eux tués, plus de 14 000 portés disparus et 80 000 morts de maladies ou décimés par la rigueur du climat d'hiver. Aujourd'hui, cette reconnaissance peut nous aider à libérer notre mémoire citoyenne, qui est toujours otage d'un passé désuet que certains veulent entretenir, à l'exemple de l'article 4 de la loi du 23 février 2005, comme une nouvelle forme de racisme. C'est pourquoi, il est urgent d'en finir avec cette schizophrénie ambiante, pour construire la citoyenneté, la concorde entre les deux rives de la méditerranée comme dans nos quartiers. Nous avons besoin d'intensifier les liens entre tous les républicains, démocrates et progressistes pour faire avancer cette reconnaissance, sur la base de nos valeurs d'égalité, de solidarité et de liberté. Des valeurs dont les sacrifices de nos anciens nous ont permis des avancées fondamentales dans les domaines des droits, des acquis sociaux ou dans la construction d'une citoyenneté commune pour tous. C'est dans ce sens qu'il faut présenter notre initiative courageuse d'ériger au cœur de la ville de Lyon le Mémorial du Génocide Arménien : Car « en reconnaissant les erreurs et les crimes du passé, on ne s'abaisse pas, mais on se grandit. » C'est pourquoi, et il faut toujours le rappeler, que c'est à la demande de notre société civile, dont fait parti le collectif Reconnaissance, que nous avons décidé que le Mémorial du Génocide Arménien puisse être aussi le Mémorial de la défense des Droits de l'Homme, du Souvenir, mais aussi de la prévention de tous les génocides, le souvenir de tous les crimes contre l'Humanité. C'est cela notre démarche. Et c'est aussi notre conviction...Car nous voulons aussi un Mémorial Lyonnais pour commémorer les massacres de Sétif. Je viens de participer avec une délégation lyonnaise à un important voyage de coopération à Sétif en Algérie. L'ensemble des participants des deux rives de la méditerrané sont convaincus d'une chose : pour mieux réussir la coopération aujourd'hui, il faut permettre le meilleur à notre jeunesse, sans mépris des « étrangers », sans repli égoïste et absurde, et sans négationnisme. Ainsi, seule une prise en compte républicaine de toute cette mémoire est capable de contrer le discours démagogique, nihiliste, que sèment tous les charlatans de la guerre des cultures. Un discours qui sème la haine, les divisions et empêche notre jeunesse de s'approprier l'espace public. Dr Sabiha AHMINE Adjointe au Maire de Lyon Chargée des droits des citoyens Conseillère Régionale Président du CREL et du CHRD