L'idée de monter une pièce théâtrale en confiant exclusivement l'interprétation des personnages à un groupe de femmes est en soi une louable initiative culturelle dans une société comme la nôtre, où les espaces scéniques restent encore, en grande partie, l'apanage de la gent masculine. Et ce, d'autant que le spectacle offert par quatre étudiantes de l'université, ce week-end sur les planches de la maison de la Culture Houari-Boumediene, puis du théâtre municipal de Sétif, aura été de bonne facture. Cette représentation théâtrale coïncide avec la célébration de la Journée de l'artiste qui a été marquée par diverses manifestations culturelles au niveau de la ville d'Aïn El-Fouara. « Notre objectif est d'initier la communauté estudiantine au théâtre et de familiariser les étudiants, notamment la gent féminine, avec les traditions de cet art », dira M. Toufik Mezaâche, le metteur en scène de la pièce interprétée par les quatre étudiantes de Jijel, intitulée Ana Nia, le texte ayant été écrit par Mourad Benchikh. Il y a lieu de noter le précieux appui de la DOU (direction des œuvres universitaires) dans l'organisation de cette représentation théâtrale. L'idée a dû effleurer l'esprit de Mezaâche et Benchikh depuis le succès de Matic, cette troupe de jeunes filles universitaires de Batna qui, en travaillant sous la direction de Bouzid Chaouki, avait raflé, en 2004 en Jordanie, cinq prix au festival international du théâtre, dans une pièce inspirée d'une légende grecque. Il est vrai que dans Ana nia, certaines imperfections sont apparentes, comme ce décor quelque peu simpliste qui ne cadre pas avec la dimension dramatique de la pièce, tout comme ce manque de vivacité, par moments dans l'exécution des rôles, tant au niveau du verbe que de la gestuelle. Mais cela ne diminue pour autant pas de la volonté manifeste des quatre comédiennes à s'appliquer pour capter l'attention du public, ce qu'elles auront d'ailleurs réussi en grande partie, comme en témoigne les applaudissements nourris de l'assistance. Hannane Benaïssa a campé le rôle de la borgne, personnage despotique qui se trouve être le seul à détenir la carte indiquant l'emplacement du trésor recherché. Frappé de son handicap, il fera tout pour imposer sa « vision » au groupe. Devant l'obstination de Echchaïfa, qui est, comme son nom l'indique, la plus clairvoyante, l'antagonisme et la rivalité augmentent d'un cran, surtout que cette dernière parvient même à dérober la fameuse carte. Cette nouvelle donne mettra dans l'embarras les deux autres éléments de la bande, en l'occurrence Basro (rôle assumé par Nadjet Aïssaoui) et Aouinet (Mayada Khennour). Se trouvant par conséquent entre le marteau et l'enclume, soit entre la borgne qui prétend être la seule à pouvoir déchiffrer les signes de la carte et Echchaïfa qui possède la carte, elles n'arrivent pas à trancher leur éventuelle alliance. En fait, tout au long des dialogues, on décèle que par calcul individualiste, les quatre amis dégagent un égocentrisme et un égoïsme frappants et tentent par tous les moyens de tirer les dividendes de tout retournement de situation. Il s'avère alors qu'ils sont tous aveuglés par leur étroitesse d'esprit et oublient que le véritable trésor réside dans l'investissement de l'être. M. H. G.