Pour le voyageur qui fréquente la gare routière de la capitale des Hauts-Plateaux, le spectacle qui s'offre à lui est vraiment lamentable. On est peiné de constater que cette structure, censée être une vitrine, reflète une bien triste réalité. Cette gare est fréquentée quotidiennement par des milliers de voyageurs et des centaines de bus et taxis qui se rendent aux quatre coins du pays. Ils évoluent dans un environnement rendu insalubre par les uns et les autres. Le manque d'hygiène engendré par les usagers y est flagrant, indice culturel de leur comportement où le mot civisme est banni de leur vocabulaire. Malgré l'existence de deux vespasiennes, les murs du technicum mitoyen sont transformés en urinoirs, où l'on vient soulager sa vessie sans aucune pudeur. L'odeur y est écœurante. Les restaurants et autres gargotes avoisinantes défient l'hygiène publique. Aliments exposés en plein air, sous le soleil, poussière et gaz d'échappement des bus en stationnement, cuisines dans un état de saleté repoussant et blouses maculées du personnel en sont la meilleure preuve. Les passagers sont confrontés à un vacarme émanant de vendeurs de cassettes où le son de ce qu'on appelle musique est à fond la caisse. Un seul taxiphone dans un piteux état, un quai squatté par les étals où l'on vend n'importe quoi à même le sol et où les titres de la presse nationale sont revendus à 15 dinars le numéro. En plus des nombreux désœuvrés qui circulent en quête d'on ne sait quelle aventure, des trottoirs graisseux par l'épaisse couche de crasses et les détritus qui jonchent le sol. Les agressions y sont quotidiennes et les voleurs à la sauvette ne chôment pas. Plusieurs citoyens ont été délestés de leur porte-monnaie ou de leurs portables. Mal éclairée la nuit, le lieu est infesté par les rats, accentuant ainsi les risques. La gare routière semble échapper à toute tentative de contrôle. Ne disposant pas de clôture, elle est ouverte à tous les vents et il est impossible de distinguer les voyageurs des vadrouilleurs. La solution serait sa gestion par un organisme, à l'instar de celle d'Alger. Pour le moment, elle est livrée à elle-même et n'est gérée par personne. Ce ne sont certainement pas les responsables communaux qui nous contrediront. Farid Benabid