Jusqu'à hier, vendredi, au deuxième jour du lancement de la campagne électorale pour le scrutin locale du 29 novembre prochain, les panneaux d'affichage sont restés désespérément déserts. Mis à part les quelques rares quartiers où les deux affiches du HMS et du FNA n'ont fait leur apparition qu'hier, les partis politiques en lice pour la désignation des APC et de l'APW de Sétif au nombre de 12 n'ont singulièrement pas daigné afficher leurs représentants pour les consultations électorales. Si aucune réponse concrète ne nous est parvenue des représentants des QG des formations politiques, l'ambiance qui y a régné tout au long du week-end ne laisse guère présager de l'envergure de l'événement politique, boudé, il faut le dire, par la population. Des salles désertes, où les quelques rares candidats occupent les sièges mais sans pour autant verser dans des déclarations officielles inhérentes à l'ampleur du désarroi enregistré aux premiers jours de la campagne électorale. « Nous comptons sur le travail de proximité », nous lance Mme Semchedine, une candidate RND. Mais c'est le vieux parti, le FLN, qui incarne le plus la détresse du champ politique à Sétif suite aux confusions générées par l'opération de dépôt des listes électorales sur les 60 communes que compte la wilaya de Sétif ainsi que pour la course pour l'APW au lendemain du 9 octobre dernier. Les remous et les mécontentements ont certes influé sur les modifications opérées en urgence sur les listes en ayant recours à l'arbitrage du secrétaire général du parti, et même si, pour la principale commune de Sétif, la tête de liste a été « consacrée » dans le but d'assurer la stabilité des rangs, les derniers jours ont été marquées par des affronts entre candidats. Des incidents ont été signalés entre factions appartenant à des clans en lutte pour les rênes de l'appareil politique local. Les « benflisiens » et les redresseurs du camp de Belkhadem ont été présentés au départ comme des antagonistes rivaux, mais il s'est avéré que c'est la préservation des intérêts et des périmètres à occuper dans les prochaines assemblées communales ainsi qu'à l'APW qui prime. Alors qu'ailleurs le RND, le traditionnel parti majoritaire qui enregistre les mêmes mécontentements, a essuyé des saignées « alarmantes » et risque fort d'hypothéquer ses chances pour son avenir politique dans la région. Nombre de cadres influents, essentiellement des intellectuels, se sont rétractés de l'exercice politique pour les prochaines consultations électorales. Leurs témoignages nous révèlent que leur désengagement du RND est survenu dans une situation marquée par le dépit et le désespoir car les « sollicitations soumises auprès du président du parti » depuis quelque temps déjà sont restées veines. « Nous avons décidé de parrainer les listes du FNA », nous révèlent certains militants désespérés. Parmi les partis islamistes, où pas moins de trois se sont engagés dans la course aux communales et deux à l'APW, malgré la discipline qui leur a été de tout temps attribuée à la source de la mobilisation des masses, il s'avère qu'ils ont été victimes de scissions notables et nocives pour leur devenir dans le domaine des rassemblements populaires. El Islah, à titre d'exemple, majoritaire à Sétif au même titre que le FLN au cours du dernier mandat, a subi un sérieux revers avec le départ de Djaballah, alors que le MSP a opté pour la politique du renouveau en présentant de nouvelles têtes dans l'espoir de séduire l'électorat du parti dissous, le FIS. Dans le camp des démocrates, mis à part le RCD et le FFS, fidèles à leur option de la présence au niveau du bastion kabyle dans les régions nord de Sétif, le PT a enregistré ces derniers jours le retranchement des membres du bureau de Sétif. « Nous avons décidé de boycotter le déroulement de la campagne », nous ont-ils déclaré dans un désespoir qui traduit leur désengagement du parti eu égard aux « agissements » de Louisa Hanoune et de Djoudi, celui-ci, pourtant déchu lors des dernières législatives à Sétif. « Des membres de la famille du second homme du PT nous ont été imposés dans les listes de Sétif », nous a-t-on révélé. Il reste que la campagne électorale, à ses débuts, a mis en valeur le mépris de la population pour les consultations électorales. La gestion des élus locaux n'est certes pas appréciée, mais il est à relever que le climat politique déprécié et « boudé » à l'occasion, tire ses origines aussi du « manque de considération des préoccupations du citoyen » par l'administration locale. Et si les dernières consultations législatives ont été marquées par le désengagement massif de la population, le prochain scrutin risque fort d'incarner la désuétude de l'acte de participation citoyenne. A titre d'exemple, un témoignage recueilli auprès d'une proche localité de la commune de Sétif « en marge du développement rural » fait état d'un mot d'ordre lancé par la population en direction de l'option du boycott.